ghost of you [anja]

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anja & arthur

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Le vacarme qui résonne dans sa caboche, les bières échouées sur la table basse et sa carcasse encastrée dans le fond du canapé. Y a les verres de bourbon qui défile sous son nez. Le liquide ambré qu'il fait couler comme du petit lait. Y a les envies de supplice, les doigts qui craquent et l'amertume au bord des lippes. Comme souvent, depuis son retour, il se met minable, en oublie les conséquences de ses actes. Le premier dérapage au Red Lion, puis la tempête, il retrouve tout ce qui est mal. Ne discerne plus rien de concret mise à part les bouteilles échouées qu'il compte sans regrets. Pourquoi faire au juste ? Il a perdu trop de temps à s'effacer, trop de temps à faire semblant, à rejeter ce qu'il était. Un sale mec imbu de lui même qui s'est finalement, jamais relevé de l'abandon. Chris n'est pas là, l'appartement semble presque abandonné à son triste sort. Lamentable. Domaine masculin sans nom où Arthur n'aime finalement, pas y trainer. Il a jamais aimé ce lieu, préfère le calme assourdissant du Red Lion et le fourmillement des clients. Il aime pas le silence, déteste se retrouver tout seul dans ses pensées. Mais le Red Lion est en travaux, il a perdu la façade tentatrice de ses premiers lueurs. Le vent a tout emporté. Puis y a Iris qui traine dans les couloirs sinueux de cet immeuble. Il veut pas la croiser, refuse l'évidence qu'elle s'est en allée. Qu'elle l'a abandonné. Qu'elle a pas voulu de lui, alors qu'il s'était épris. Qu'il était devenue ce mec bien pour elle. Juste pour elle. Image qu'il a essayé tant bien que mal de garder, puis, Arthur a perdu pied.

La douche est salvatrice mais lui retire pas la liqueur imbibée toute la journée. La nuit a fait son nid dans Hill Head et les lumières tamisée du duplex lui rappelle qu'il est déjà tard et qu'il n'a absolument rien branlé de la journée. Pourtant, une tonne de choses l'attendent sagement. Il hésite entre se rendre au bar pour commencer à débarrasser, sauver ce qui peut l'être ou se morfondre dans son canapé qui garde encore la marque de ses fesses. Les gouttes d'eau qu'il laisse trainer dans son sillage et la bouteille qu'il attrape sur la table. Une gorgée pour assouvir ses pensées avant de rejoindre ses vêtements. Il attrape son téléphone, regarde les messages reçues. Rien de bien concret. Rien qui ne l'atteigne non plus. Arthur attrape son sac à dos, enfourne ses papiers à l'intérieur ainsi que la bouteille déjà bien entamée. Il a de compte à rendre à personne et s'en veut même pas un brin de ce qu'il fait endurer à son âme dévastée. Le mec qui se contient est partit, il s'est fait jeté comme elle l'avait fait. Il l'a laissé dans ce couloir aux couleurs délavées. Mais dans le couloir qui mène à la sortie, il est happé par un bruit. Une musique entêtante en fond, c'est devant la porte d'Anja qu'il se laisse aller. Un soupir, un froncement de sourcil, le sac vissé sur dans le dos et les idées embrumées. Il se laisse tenter, en oublie ses résolutions presque honorables d'aller bosser. Il a pas le courage de toute façon, il a pas l'envie non plus.

Ridley ne prend même pas la peine de frapper. Pas de formalités entre eux, ils ne se sont jamais pliés aux règles du respect des lieux. Il tourne la poignet, se laisse entrainer par la musique qui résonne dans l'appartement. Son regard se perd, il contemple avec amusement les lumières tamisées et sent l'odeur de la vanille lui titillée les narines. Son parfum, celui d'Anja. Il enivre la pièce. Il pourrait le reconnaitre entre mille. Un pas puis deux, avant de refermer la large porte dans son dos. L'appartement n'est pas bien grand et il lui faut à peine deux secondes pour remarquer la jeune femme sur son canapé, en sous vêtements. Et là, c'est l'éclat de rire qui sort d'entre ses lippes et les yeux de la belle qui viennent vers lui. Tu t'enjailles toute seule ou quoi ? Elle a ce don Anja, sans le vouloir, sans le savoir, de lui redonner instantanément le sourire. De lui faire oublier les dérives de sa vie, de son âme. Elle chasse d'un coup de bras ses pensées, ses souvenirs ténébreux. Elle le remarque même pas, le baume qu'elle applique sur son palpitant. Le Red Lion te manque tellement que t'as organisé une soirée dans ton appartement. Son sac qu'il dépose sur le parquet usé et la bouteille qu'il attrape dedans. Arthur s'avance, rejoint la brune près du canapé. Et tu m'invites même pas en plus. La musique est assourdissante mais enivrante. Il fait mine d'être vexé un instant, avant de déposer sa veste sur le dossier du sofa. Pas gêné un brin, ils se sont connus dans des états bien pire que ça. Dans des tenues beaucoup plus dénudées aussi. Elle a le sourire aux lèvres, l'ivresse qui perle ses traits aussi. Il reconnait bien là son amie bourrée. Il l'envie dans son délire enfantin, voudrait se lâcher tout autant mais reste un peu sur la retenue. La douche a peut être imbibé un peu plus que prévu. Son cul qu'il pose sans ménagement sur les coussins et une clope qu'il tire de son paquet. Entre ses lèvres, il allume la salvatrice, enfume ce qu'il reste de sa santé.

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La musique résonne dans le loft. Tu te fiches bien des potentielles plaintes des voisins. Tu te fiches bien de l'heure tardive. Ou même qu'on soit en milieu de semaine. Egoïste. Peut-être. Mais tu as besoin de ça. Tu ne sais pas comment l'idée t'est venue. Danser à moitié nue dans ton appartement, une bouteille à la main. C'est arrivé comme ça. Une musique alors que tu prenais ta douche. L'eau salvatrice pour te changer les idées. Elle est revenue. Elle a refait son apparition dans vos vies. Telle une fleur. Espérant balayer d'un revers de la main ce qu'elle vous a fait subir. Et toi, tu l'évites. Un poids en plus sur tes épaules. Chris, Iris, l'avortement. Toutes ces choses que tu as faites, et que tu n'assumes pas. Ces mots que tu ne prononces pas. Ces regards que tu n'oses pas affronter. Tu fuis tes responsabilités, Anja. Tu espères ne pas les affronter. Ces moments où tu imagines dire la vérité. Celle qui fait mal. Celle qui blesse. Alors, tu fuis. Parce que c'est ce que tu fais de mieux. Parce que c'est ce qu'il y a de mieux à faire.

L'alcool comme refuge. Tu n'as pas écouté Arthur et ses conseils. Tu t'enfonces chaque jour un peu plus dans cette merde. Vicieux breuvage qui te réconforte. Les nuits sont plus douces. Moins difficiles. Même seule, c'est beaucoup plus facile. Ça fait beaucoup moins mal. Il n'y a pas de retenue. Plus aucune obligation. Le Red Lion est temporairement fermé depuis le passage d'Iseult. Presque aussi dévastateur que le retour de la belle Iris. Tu n'as pas besoin de faire attention. Quelques jours de congés accordés. Suffisamment pour que tu te laisses aller.

Un rire éclate derrière toi. Tu n'as pas besoin de te retourner pour le reconnaître. Arthur est là. Il est entré sans même s'annoncer. Mais tu n'en es pas offusquée. C'est une habitude prise. Quelque chose de plutôt naturel, en réalité. Chez l'un, c'est aussi chez l'autre. Quant à ta tenue, tu n'y songes même pas. Il a déjà vu bien plus, Arthur. Et puis, il a dit qu'il ne recommencerait pas. Debout sur le canapé, les pieds enfoncés dans les coussins, tu t'arrêtes de te déhancher. Un léger pivotement pour faire face au blond au regard amusé. Lippes étirées, tes mains viennent trouver refuge sur tes hanches, la bouteille de whisky toujours entre tes doigts. Je ne m'enjaille pas, c'est une soirée normale chez Anja Keynes. Tu hausses doucement les épaules, ce sourire qui ne te quitte pas. Il ne te quitte jamais quand Arthur est dans les parages. Parce qu'il te fait du bien. Tu le regardes s'approcher, déposer ses affaires et prendre la bouteille échouée dans son sac. Ça ne t'étonne pas vraiment. Tu n'as pas besoin de mots pour comprendre ses maux. Il ne va pas bien, Arthur. Et laisse son côté primitif reprendre le dessus. Est-ce que ça te dérange ? Pas vraiment. Après tout, tu n'as rien à en dire. Tu seras là, pour lui, quoi qu'il advienne. Tu n'as surtout pas la place appropriée pour lui faire des leçons. Il faut que je t'envoie des cartons d'invitation pour que tu viennes jusqu'ici maintenant ? Hors de questions que vous en arrivez un jour à ce stade.

Tu le regardes s'installer sur les coussins. La cancéreuse aux bords des lippes. Une mauvaise habitude qui vous donnera un cancer. Probablement. Tu t'en fiches. Tu vis ta vie, Anja. Comme bon te semble. Une vie de déchéance, peut-être. Une vie décadente. Tu descends de ton perchoir. Fais face au blond tout en venant prendre sa cigarette. L'alcool désinhibe, vos six années d'amitié aussi. Et vos corps qui se sont découvert encore plus. Ça fait du bien de danser en sous-vêtements, tu devrais essayer. La nicotine s'immisce dans tes poumons, la fumée que tu recraches d'un air provocateur. Tu voudrais qu'il sorte de sa zone de confort, Arthur. Que l'alcool le rende aussi joyeux que toi. Moins déprimant. Alors, le bouchon de la bouteille saute une nouvelle fois. Une gorgée, une grimace étire les traits de ton visage. Puis tout en posant la bouteille sur la table basse, tes hanches se déchaînent à nouveau. C'est loin d'être sensuel. C'est plutôt ridicule, même. Tu sautilles sur place tout en chantonnant la musique. Pivotant sur toi-même. D'un geste, tu viens attraper les mains d'Arthur pour l'inciter à te suivre.

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anja & arthur

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Il traine dans son sillage l'odeur du tabac froid et l'allégresse. Pas une nuit de sommeil tranquille, pas une nuit sans ressasser ce passé qu'il s'évertue à oublier. Parfois, il a envie de se noyer Arthur. De laisser l'eau envahir ses poumons, de crier le désastre de son myocarde, de se laisser couler tout simplement. Les journées sont routinières. Elles l'étaient. Aujourd'hui, les jours sont lassants. Le Red Lion est fermé. Le Red Lion est en travaux et Arthur casse le temps avec ce qu'il a sous la main. Les clopes, les bouteilles de liqueur et ses songes qui le rongent. Dans le fond, la solitude, il l'apprécie. On ne lui pose pas de questions, on ne lui demande rien et il n'est pas obligé de concéder un sourire ou deux pour faire bonne figure. Le regard de ses proches est devenu insoutenable alors que les murmures du retour d'Iris se font de plus en plus fréquents. Hill Head, petite ville où tout le monde connait tout le monde. Les ragots vont bon train, les secrets ne restent pas longtemps sous silence. Et tout le monde est maintenant, au courant du retour de sa brune -quoi qu'il ne doit plus l'appeler comme ça-. Il est devenu le mec qui s'est fait lâcher à un mois de lui passer la bague au doigt, alors qu'il était le mec qui avait juste perdu sa bien aimée. Destin cruel, on ne récolte que ce que l'on sème après tout.

Les cheveux en bataille, encore mouillés par la douche prise, il remet son tee-shirt blanc en place avant d'entrer dans l'appartement d'Anja. Il peut pas s'empêcher de sourire Arthur, face à la scène qui se déroule sous ses yeux. L'air enjoué, elle respire la joie de vivre et les envies. Elle respire le bonheur à plein nez, bien loin du blondinet. Sa réponse le fait sourire d'avantage, alors qu'il secoue la tête de gauche à droite, déposant ses affaires en vrac. Adieu ses résolutions d'aller faire un peu de ménage au bar, adieu ses résolutions de laisser place au silence des états d'âmes. La solitude, ce soir, elle est de trop. Il a besoin d'être vivant dans les yeux de quelqu'un. Autre que son reflet dans le miroir. Le cul enfin posé sur le canapé, il place sa bouteille sur la table en bois et préfère, pour le moment, la douceur d'une cancéreuse enfumée. Les chaussures qu'il retire de ses pieds, le dos qui trouve le réconfort des coussins et la tête qu'il penche vers l'arrière. Ses yeux fixes un instant le plafond immaculé de blanc, se laissant bercer par la musique en arrière plan. J'pensais au moins que t'allais m'envoyer un message pour participer à ta soirée si spéciale. Ses yeux qui retrouvent les siens, la fumée qui embrume l'appartement. Tu fêtes quoi d'ailleurs ? Comme s'il fallait une raison à toute chose. Pour Ridley, oui, du moins. Il fait partit de ses gens qui ont besoin de repère. D'avoir les pieds sur Terre. Se donner bonne figure, avoir un repère pour ne pas plonger tête baissée dans les ténèbres si facile d'accès. Le bleu de son regard qui se perd sur les courbes d'Anja, presque mise à nue. Il a les idées vaporeuses, il a les idées mal placées. L'alcool surement, il le sait pourtant que c'est autre chose qui le fait regarder. Arthur distingue, Arthur reconnait et Arthur finit par détourner le regard. C'est pas bien. Tu l'sais. Anja finit par s'installer à ses côtés, lui piquant la délivrance des lippes, il s'offusque, lève les mains en l'air. Fais comme chez toi surtout. Elle a le levé de coude facile, Arthur n'a pas encore touché à ce qu'il venait tout juste d'amener. Le dos qu'il redresse, un verre qu'il attrape. Sale ou propre, qu'importe, il ne sait jamais fait de ces formalités. Il laisse glisser le liquide ambrée sur le cristal, laisse chanter la douce mélodie d'une gueule de bois. Et vient finalement, porter à ses lèvres le verre tant apprécié. Ça ne lui brûle même pas l'oesophage. Ça ne lui fait plus rien d'ailleurs. Nouvelle remarque qu'il le fait rire. Danser en sous vêtements, une idée qui ne lui était jamais venue à l'esprit. Constamment sur la retenu, Arthur ne fait pas ces choses là. On pourrait presque croire qu'un balai dans le cul l'empêche de s'amuser. Mais on est bien loin de tout ça. Sauf qu'il n'a pas le temps de rétorquer, de lui répondre qu'elle attrape ses mains et l'incite à venir la rejoindre dans sa danse improvisée. Il tire, refuse de se soumettre. Non mais tu rigoles j'espère. Jamais d'la vie ! Son rire qui résonne et ses pupilles qui se perdent de nouveau sur les courbes d'Anja. Il se mord la joue, refuse l'évidence. L'fait pas. T'es pas en état. T'as non, t'as dit que c'était la dernière fois.

La tête qu'il remue de gauche à droite et enfin, il retrouve le sol de ses deux pieds. Se lève pour mieux la contempler. J'danse pas sur Nicki Minaj. Il l'entend assez au Red Lion, déteste ces musiques aux effets de pubs douteux. Préfère la légèreté de chant apprécié. Ses mains qu'il lâche et Arthur prend la direction de la sono, près de la télé. Un vieux de la vieille. Il va sans doute se faire charier, mais qu'importe. Elle le connait sur le bout des doigts, elle ne rigolera pas de ses goûts musicaux. Il cherche, attrape son portable dans l'arrière de sa poche de jean, s'active à pianoter sur sa playlist. Et puis, le son résonne. C'est doux, c'est ... Pas du tout adapter à une soirée alcoolisée. Vieux romantique, danser à deux se résume pour lui, à un slow presque amoureux. Pourtant pas à l'image de ce qu'il prétend être. Les apparences sont souvent trompeuses. Ça c'est une musique pour danser à deux. Il tourne légèrement le regard vers la belle, tandis que ses lippes s'étirent, visiblement amusé. Son portable qu'il dépose sur le meuble en acier et enfin, Ridley se retourne pour la contempler. Ne critique pas, j'sais que c'est pas approprié mais c'est sur le seul truc que tu m'verras danser. Sa carcasse qui s'avance lentement, la clope qu'il lui pique de son doigt. Il avale la fumée comme on avale la vie, se laisse happer par l'enivrante cigarette. Une bouffée, c'est tout ce qu'elle lui a laissé. Alors, d'un geste habile, il vient écraser le mégot dans le cendrier improvisé -c'est à dire un verre rempli d'eau-, et tend les bras vers Anja, attendant la sentence. Quoi, elle danserait pas sur ça elle non plus ?

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Les choses ont changé. Elles ne sont plus telles qu'elles étaient avant. L'alcool qui remplace ton sang. Ton appartement que tu n'as pas pris le temps de ranger depuis des lustres. Plus occupée à faire la fête et à t'amuser qu'à quoi que ce soit d'autre. Oublier. C'est tout ce que tu recherches. Alors, tu te laisses couler. L'alcool, la nicotine et parfois plus. Rarement. Mais ça arrive. Ouais. Tu n'as plus aucune limite, Anja. Plus assez de sobriété pour te contenir. Pour faire bonne figure. Finalement, tu es mieux seule chez toi que dans les rues de Hill Head ou de Londres. Finalement, ton appartement reflète la tempête qui s'est installée dans tout ton être. En plus de celle qui a ravagé la ville. Des cadavres de bouteilles. Bière, vodka, whisky. Tous les alcools y passent. Quelques mégots de nicotine, de joint. Des cendriers de fortune et des restant de bouffe qui puent presque le moisi. Rien à voir avec la femme distinguée et organisée que tu veux faire paraître. Mais ça, cette fille là, c'est ton vrai toi. Cette Anja là, c'est celle qui a vécu dans la rue. Celle qui ne fait pas dans les faux semblants. Naturelle.

Parce que dans cet état, il n'y a rien qui compte. Juste les petits moments de bonheur. Les blessures dissimulées par l'ébriété. Le coeur sur le bord des lèvres et de l'énergie à revendre. C'est cette Anja que le blond découvre en s'immisçant dans le loft. Celle qui rit seule. Celle qui danse à s'en couper le souffle. Celle qui chante à s'en époumoner. Une autre femme. Une autre fille. Une gamine. Tu m'en envoies, toi, des messages ? Ça sonne comme un reproche. Mais au fond, il n'en est rien. Arthur est libre. Arthur fait bien ce qu'il veut. Mais pour autant, il ne t'invite pas plus lorsqu'il s'ouvre une bouteille sans toi. Est-ce qu'un fossé s'est réellement creusé entre vous ? Tu préfères chasser rapidement cette idée. C'est de l'histoire ancienne, tout ça. Une histoire bien vieille. Du passé. Une erreur oubliée. Ou presque. C'est ce que tu veux faire croire. C'est ce que tu te forces à penser. Il faut trouver une raison pour fêter quelque chose ? Oui, bien sûr. Arthur n'est pas Chris. Arthur a la tête sur les épaules. Et lui, il a besoin d'une raison pour se mettre dans un état pareil. Alors tu hausses doucement les épaules, viens lever la bouteille vers le blond avant de la porter à tes lèvres. Je fête ... mes trente ans, huit mois et ... quelques jours. S'il lui fallait une raison, à Arthur, celle-ci serait bonne. Il ne peut pas louper ça, le blond. Il ne peut pas refuser un verre voire quelques uns de plus cet événement.

Je dois te rappeler que je suis chez moi ? Tu souris, d'un air qu'il connait bien. Le défi lancé. Ici, c'est chez lui aussi. Parce que ce loft, tu ne l'aurais jamais eu si Arthur n'avait pas été là. Mais peu importe. Ces souvenirs là, tu préfères les balayer aussi. Danser, te défouler. Et surtout, emporter Arthur dans cette folle aventure. Tu crois que j'te laisse le choix ? Sûrement pas. Et si un homme est bel et bien capable de céder à chacun de tes caprices ; c'est Arthur. La cancéreuse aux bords des lippes, tu insistes. S'il tire pour rester le fessier sur le canapé, toi tu l'incites à venir te rejoindre. Tu ne lâcheras pas. Déterminée que tu es. Un sourire victorieux vient étirer les traits de ton visage lorsque tu le vois se lever. Tu le contemples quelques instants. Ton regard qui glisse sur ses muscles trop bien dessinés. Non, tu n'as pas le droit.

La musique change. Bien moins affriolante. Un sourcil arqué. Tu te demandes d'abord s'il s'agit d'une blague. D'un test. D'un piège. Tu restes un peu clouée. Pas certaine que ce soit une bonne idée. Danser, c'est une chose. Te retrouver contre Arthur, c'en est une autre. J'suis étonnée. Je m'attendais à une valse ou un truc de ce genre. Tu le taquines. Et puis, tu souffles doucement. Après tout, tu comptes bien te lancer. Il n'est pas question de reculer. Un pas en avant. La distance se creuse. Une main dans la sienne, l'autre qui vient s'échouer dans sa nuque et vos corps viennent finalement se heurter. Si tu me marches sur les pieds, tu devras faire face aux conséquences. Tu souffles. Tu murmures presque. Sûrement parce que la musique incite à ce silence. Un silence que tu refuses depuis tellement de semaines. Celui de cette solitude qui te pèse. Celui comblé par les musiques entraînantes que tu laisses résonner dans ton appartement. Les yeux clos. Tu te laisses conduire. Son odeur qui t'enivre. Son corps qui t'attire.
Ne fais pas la con, Anja.
Pas une troisième fois.

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anja & arthur

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Il aurait pas dû s'arrêter devant son appartement. Il aurait pas dû pousser la porte et la contempler avec ces yeux là. Avec des si, on refait un monde, y a que le présent qui compte cependant. Le passé comme pansement, le futur comme fardeau, Arthur le sait, il joue avec le feu. Il est sur une pente glissante et l'a senti dès que ses yeux ont croisé ses courbes dorées. Dès que son échine s'est tendue à la moindre bouffée. Le reproche qu'elle lui assène du bout des lèvres, il se met directement à sourire. Il est vrai qu'il ne lui envoie pas des messages tous les jours, il est vrai aussi qu'Arthur n'a pas le nez sur son portable toute la journée. La plupart du temps, il l'oublie dans un recoin d'une pièce, le délaisse durant des heures. Il sait qu'elle ne lui en tient pas rigueur, qu'elle prône la défensive pour l'emmerder. Arthur a les pieds sur Terre, Arthur ne comprends pas toujours pourquoi les gens s'amusent sur un coup de tête. Peut être que le temps est dépassé pour lui, peut être qu'il n'est plus en âge de comprendre ce genre de chose. Bien loin de sa vingtaine et pourtant entouré parfois, de gamins, de gens bien plus jeunes que lui. Anja en fait partit. Elle respire la pureté, la jeunesse étalée avec arrogance. Il envie ses folles années. Il envie le temps qui file mais n'est pourtant pas du style, à se fier à un chiffre. La quarantaine ? Bien entendu qu'il y pense, comme tout le monde. Est-ce que ça le mine pour autant ? Certainement pas. Il a juste l'impression d'être dans la redondance, de n'avoir rien construit de concret, personnellement parlant. Il vit avec son frère, gère une boite de nuit, vend des putes aux hommes riches du coin et passe son temps -surtout en ce moment- à avoir la gueule de bois. Il dort souvent, ne vit pas réellement. Et pourtant, y a cette rage au fin fond de sa carcasse qui ne rêve que d'effusions, de tentions. D'une vie à deux, sans le moindre doute. Le partage. L'égoïsme ne fait pas partit de ses attributions.

Anja souffle le chaud et le froid. Il se perd. En oublie les bonnes résolutions. Il n'arrive pas à tenir ses promesses, a toujours été de ceux qui cèdent. Facilement, non, souvent, oui. Alors, Ridley s'en veut lorsqu'il laisse échouer ses yeux, lorsqu'il se mord la joue, lorsqu'il repense à de vagues souvenirs laissaient sous les draps. Y a l'alcool qui embrume, y a l'alcool qui désinhibe. Elle tend les bras, attend qu'il la rejoindre pour une danse, mais il n'est pas prêt Arthur. Ce n'est pas chanson préférée. Constamment sur la retenu, il en perd presque l'effet de surprise. Ses doigts qu'il lâche et son corps qu'il ramène jusqu'à l'enceinte musicale. Le choix se fait en quelques secondes à peine et il lui en faut moins que ça pour tourner les yeux vers Anja. Il sourit, amusé et pudique, face à ce qu'il vient de lancer. Il joue avec le feu. Prône l'innocence et pourtant, derrière les traits fins du blondinet, y a les envies cachées. Tu l'sais. Tu t'voiles la face. Tu fais semblant d'être un autre pour oublier qui t'es vraiment. Anja adopte un autre style de position et semble tout à coup moins enjouée. Il doute. Mauvaise idée. Il n'aurait pas dû. Et pourtant, il se laisse porter, avance de quelques pas, avale la distance imposée. Une valse ? C'est bon, j'suis pas si vieux que ça ! Qu'il rétorque, fait mine d'être blesser. Une main qu'il tend, son corps qui finit par heurter le sien et le souffle coupé. Elle est bien plus petite que lui, s'en est presque ... adorable. Etrange. Ce mot ne va pas avec leur duo. Il ne correspond pas à l'image qu'il se fait d'eux deux. Sa main qu'elle glisse dans la sienne, les doigts qui s'enlacent sans ménagement et l'écho de la chanson pour bercer leurs âmes égarées. Ils s'effleurent et son échine se tend, lorsque du bout des doigts, elle les fait glisser dans sa nuque. Contrairement à c'que tu crois, j'suis pas un piètre danseur. Arthur se met à murmurer à son tour, sans trop savoir pourquoi. Il suit le pas d'Anja et finalement, ose enfin poser sa main dans son dos, caresser sa peau. Il y touche à peine, se tend à chaque balancement. Un pas, puis deux, elle finit par se laisser aller, se laisser bercer et Arthur aussi. Il suit la musique en fond, se laisse aller au silence imposé.

Au bout de quelques minutes, il se laisse aller, en oublie le lieu, le temps. S'en est presque apaisant. Son front qu'il pose contre celui d'Anja, l'odeur de ses cheveux qui l'enivre. Y a sa main dans son dos qui perce sa peau, qui enfin, la touche avec plus d'insistance. Ça devait arriver. Pas besoin de faire un dessin, tu le savais. Tu l'as toujours su. Dès la première fois que vos lèvres se sont effleurées. La tension est palpable, y a son coeur qui se met à battre plus rapidement et ses doigts qui entrelacent les siens un peu plus. Y a leurs souffles qui se choquent et leurs lèvres qui s'effleurent, sans qu'il ne comprenne comment c'est arrivé. Une fois, deux fois. Trois fois. Presque impossible à éviter. Parce qu'il est tout à coup attirer. Les yeux clos, il se laisse happer par les envies qui lui tordent l'estomac et tout contre ses lèvres, il murmure : Dis moi de m'arrêter. Dernier supplice, qu'elle le fasse, qu'elle s'éloigne. Qu'elle lui mette aussi une bonne baffe. C'est tout ce qu'il mérite, c'est tout ce dont il a le droit. Ils piétinent le sol sur la mélodie du bonheur et finalement, ses lèvres touchent les siennes. Il dépose un baiser, puis un deuxième et se laisse aller à plus. Une pression dans son dos, il la ramène un peu plus contre lui, en oublie la mélodie. Y a leurs deux corps debout comme des "i", y a leurs bouches qui s'emmêlent et cette frénésie qui s'installe. Ils étaient pas comme ça avant, Arthur et Anja. Y avait pas de passion dans leurs regards, pas de tension dans leurs caresses. Et comme il est alcoolisé Arthur, et comme elle ne dit rien, il se laisse aller à plus. Ses doigts qui se détachent des siens, sa deuxième main qui rejoint son bassin. Il laisse glisser le bout de ses ongles contre sa peau dénudée, les laisse rejoindre son fessier. Des années à s'apprécier. Une seconde pour tout balancer.

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Tu n'as jamais posé un tel regard sur lui. Arthur, il est l'interdit. Ça n'a aucun sens. Mais il n'y a plus aucune limite. A moitié nue devant lui, on pourrait croire que tu l'aguiches. Innocente petite fille. Tu n'y penses pas une seconde. Il n'est pas à toi. Pourtant, tu t'es laissée aller dans ses bras. Une fois, puis deux. Pas trois. C'est ce que vous vous êtes promis. Une amitié qui s'est effritée, pour se consolider à nouveau. Parce que ta vie, tu ne la vois pas sans lui. Arthur a bien plus d'importance à tes yeux qu'il ne peut l'imaginer. Arthur, il n'est pas qu'un simple ami. Ça n'aurait pas dû arriver. Les draps souillés de vos deux corps enlacés. La passion qui ne s'était jamais éveillée. Et pourtant, aujourd'hui encore, il y a cette sensation qui te prend aux tripes. Ton regard qui se fait plus lourd alors qu'il a le dos tourné. Tu le détailles. Les souvenirs qui viennent frapper ton esprit. Ceux de ces nuits interdites. Tes pupilles changent de direction quand il se retourne. Le rythme de la musique est bien plus lent que celle imposée auparavant. Rien qui laisse entrevoir cette amitié inébranlable. Ici, ce soir, dans ton appartement, vous ne donnez pas l'impression d'être deux amis. Le tableau qu'on peut en dépeindre n'a rien d'innocent. Tout ça, ça n'existait pas avant. Peut-être aurais-tu été plus pudique si Arthur ne t'avait jamais vu nue. Peut-être serais-tu aller enfiler une tenue plus appropriée dès son arrivée. Sûrement que tu ne serais pas en état d'ébriété.

Pas si vieux ? Tu as quoi ? Cinq cent ans peut-être ? Tu souris, viens l'emmerder à nouveau. Parce qu'au fond, tu ne peux pas t'en empêcher. Tu continues de le regarder. Perplexe. Pas franchement certaine que cette danse soit une bonne idée. Pas alors que les esprits s'échauffent. Pas alors que tu sais que vos sang ne sont que liqueurs. Pas une bonne idée, ouais. Et pourtant, tu ne réfléchis pas bien longtemps. Tu le rejoins. L'écart se creuse. Les corps se heurtent. Sans qu'il y ait de gêne. Sans qu'il ait de questions à se poser. C'en est presque naturel. Presque trop facile. Un sourire vient étirer tes lippes ne préférant pas répondre. Non. Tu profites de l'instant. Les yeux clos, vos corps bien trop proches et vos souffles qui se mêlent. Ses doigts descendant dans ton dos. Timidement. T'arrachant un doux frisson. La musique vous berce. Ton palpitant se cale à son écho. Et finalement, c'est comme si rien d'autre n'existait. Ta main qui paraît minuscule dans la sienne. Ton corps timidement lové contre le colosse. C'est innocent, Anja. Juste une danse. Son front qui vient se poser contre le tien. Cette intimité que tu ne romps pas. Il est comme un aimant. C'était inévitable. Son parfum qui t'enivre d'avantage. Son odeur. Celle que tu apprécies tant. Vos lèvres qui s'effleurent et ses doigts qui te pressent d'avantage. Tes doigts dans sa nuque. Tu te surprends à la caresser du bout des ongles. Tendrement. Les mots murmurés et ton incapacité à l'arrêter. Comme une supplication de sa part. Comme un ordre qu'il voudrait te lancer. Tu ne te soumets pas, Anja. Tu ne veux pas. Tu en as besoin. Alors, tu ne dis rien, Anja. Tu ne fais rien. L'idée ne te traverse pas l'esprit. Bien trop occupée à s'impatienter de ce qu'il va arriver.

Il termine de creuser l'écart, Arthur. Il vient poser ses lèvres sur les tiennes. Un premier baiser. Presque chaste. Presque timide. Puis un second. La passion s'en mêle et les corps se pressent. Tes ongles qui se pressent un peu plus contre sa nuque, ta main libre qui se love dans son dos. Un nouveau frisson te soulève l'échine. Vos lippes qui ne se quittent plus jusqu'à ressentir le besoin d'oxygène. Le coeur qui menace d'imploser et sens en éveil. Il avait dit plus jamais. Tu y as cru. Tu voulais y croire. Mais au fond, est-ce aussi invraisemblable ? Tu profites de vos lèvres séparées pour passer les mains sous son t-shirt. Le contact de sa peau qui t'électrise. Ses lèvres que tu viens capturer une nouvelle fois. Ta langue qui cherche la sienne dans une bataille irraisonnable. Et puis, finalement, tes mains viennent retirer son t-shirt. Arrête moi maintenant si ce n'est pas ce que tu veux. Tu murmures, tes lèvres cherchant déjà à retrouver les siennes. Lui et toi. L'erreur, une troisième fois. Vous laissez aller dans cette passion qui vous était encore inconnue il y a plusieurs semaines. Celle que tu n'aurais jamais imaginé avoir. Celle qui te consume depuis que la flamme s'est embrasée. Tu as besoin de cette certitude. Tu as besoin de savoir qu'il ne s'arrêtera pas plus loin. Tu as besoin d'être certaine qu'il ne regrettera pas demain. Ça n'aurait jamais dû arriver. Jamais. Parce que maintenant, tu es incapable de le repousser. Parce que maintenant, tu es incapable de t'arrêter.

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La barrière entre le raisonnable et l'irraisonnable est mince, presque invisible, voir infime. Des semaines à se tuer l'esprit, des nuits à ne pas dormir, tout ça pour succomber à la première soirée alcoolisée. Il se reconnait pas Arthur, ne comprend pas non plus ce qui lui arrive. Et pourtant, le fait est là, il est attiré par l'aimant répondant au doux nom d'Anja. Il refuse l'évidence, repousse l'échéance, mais ils ne peuvent pas s'évertuer à s'éloigner, ils sont condamnés à se côtoyer. Il se souvient de la fois où son regard à croiser le sien pour la première, le sentiment qu'elle a provoqué dans son échine encore maltraité. Y avait rien de charnel, rien de passionnel, juste l'attachement soudain. Parce qu'ils se ressemblent Arthur et Anja, ils sont fait du même acier de la vie brisée. Elle est aussi son contraire, ils se complètent. Il fait la gueule, elle sourit à sa place. Elle joue avec le feu, il la remet en place. Un pied qui ne marche pas sans l'autre et pourtant, destiner à ne jamais s'entrechoquer. A ne jamais s'aimer de cette façon. Les choses s'étaient faites dans l'ordre. Irrévocables. Iris et Arthur, Anja et Chris. C'était l'histoire. C'était écrit comme ça et ça n'aurait jamais dû changer. Puis Iris s'est tirée, Iris a tout emporté et le chaos s'est installé. Pourtant, lorsqu'il prend dans ses doigts ceux de la brune, y a l'alchimie et le courant qui passent. Lorsqu'il fixe son regard, y a pas besoin de mots pour qu'ils se comprennent. Limpide et trop facile. Les corps qui s'unissent dans une danse, puis une caresse et les souffles qui s'effleurent. Y a le temps qui s'arrête, les secondes qui gravitent autour d'eux et la main d'Arthur qui se presse un peu plus sur la peau de la brune. Un murmure du bout des lèvres, une supplication. Lui, n'est pas capable de s'arrêter, il a déjà franchi la barrière en effleurant le bord de ses lèvres. Anja ne réponds pas, elle ne l'aide pas. Pire même, elle l'incite à continuer le supplice. Sa nuque qu'elle martèle à coup de caresse et finalement, il se laisse happer par tout ce qu'il voulait renier. Presque pudique, leurs lèvres se touchent, s'effleurent en un baiser et au fil des secondes, ça devient étouffant d'attendre, de se retenir. Il impose, heurte sa bouche de la sienne, sans ménagement. Mêlant l'envie et la retenue. Mêlant leurs parfums. Sa main qui trouve refuge sur son fessier, l'autre qui trace des traits dans son dos et Anja qui ne refuse rien. Qui ne dit rien. Peut être que ça devait arriver une autre fois. Peut être que c'est comme ça. Leurs corps se pressent, la retenue s'en est allée. Elle a foutu le camp dès la première mélodie enchantée. Les frissons dans l'échine et le palpitant qui crie à l'agonie, elle repousse les barrières, s'immisce sous ses vêtements. Il aurait pu en faire de même si elle n'était pas déjà si peu habillée. D'un coup d'un seul, son tee-shirt finit sur le sol, retiré avec toute la conviction des premières fois. Ils ne se quittent plus et dans un murmure, elle le supplie à son tour, beaucoup moins convainquante cependant.

Son front qu'il repose contre le sien, le temps d'un instant. A peine une seconde de réflexion. Arthur lui répond pas, Arthur se perd dans ce qu'il veut et ce qu'il est raisonnable de faire. Puis il finit par faire taire ses pensées. Il laisse son palpitant parlé. L'accroche de son soutien gorge qu'il trouve, sa tête qu'il enfoui dans son cou et les baisers qu'il dépose sur sa peau. Sa seule réponse. La seul qu'il est capable de donner. La dentelle laissée sur le sol, il l'attrape par les hanches, la soulève avec facilité. Ses jambes qu'il incite à s'accrocher et une de ses mains qui remonte dans son dos. Ridley retrouve ses lèvres pour danse endiablée, pour la passion pas encore tout à fait consumée. Il connait l'appartement sur le bout des doigts, y a passé des heures incalculables, peut être même des années. Il avance, Anja dans les bras, cherche refuge dans un endroit plus approprié, plus confortable pour leurs ébats. Le canapé, l'endroit le plus près. Il y dépose la brune, se love au dessus de son corps presque totalement dénudé, se fraye un chemin entre ses cuisses. Y a ses lippes qui tracent des traits sur sa peau, partant de son cou, se nichant contre sa poitrine, descendant jusqu'à son nombril. Ses doigts sur ses cuisses, d'autres tirant le tissu de la dernière dentelle à faire tomber. Il relève la tête, tire dessus, retire le sous vêtement et le balance un peu plus loin. La musique s'est arrêtée, y a plus que leurs souffles qui résonnent dans l'appartement. Plus que leurs envies qui habitent le bâtiment.

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Jamais tu n'avais imaginé voir Arthur autrement. Le considérer comme un amant. Tu l'aimes à en perdre la raison. Mais pas celle ci. Pas celle qui peut faire souffrir. Pas celle qui fait souffrir et embrase les raisons. Tu te souviens de vos regards qui se sont croisés pour la première fois. Cette sensation de protection qui t'a parcouru l'échine. De sécurité. Il n'y a pas eu besoin de plus pour qu'un certain attachement s'établisse. Il n'y a pas eu besoin de quelques mots échangés pour que l'évidence soit là. Il n'y a jamais eu une quelconque passion. Arthur était ce type devant qui tu pouvais te promener nue sans qu'il ait de regards incandescents. Il ne t'attirait pas. Tu ne l'attirais pas. Juste une amitié solide. Juste une famille qu'il t'a offert sans condition. Ou peut-être que tu t'étais simplement voilée la face. Peut-être que finalement, l'évidence que tu pensais réelle n'avait pas lieu d'être. Un trio, puis un quatuor. Arthur et Iris, Chris et toi. Une équation stable. Sans inconnue, bien trop facile. Mais finalement, ce n'est peut-être pas ça, l'évidence.

L'inévitable. L'impensable. Le coeur qui s'emballent et les soupirs qui font frissonner. Atmosphère légère. Le temps s'arrête. Les secondes restent en suspension. Et finalement, il n'y a pas grand chose qui compte. Vos lèvres scellées, vos corps enlacés. Deux animaux qui se cherchent puis se trouvent. C'est arrivé une fois, puis deux. Maintenant trois ? L'interdit a encore le goût de l'inédit. Arthur, tu le connais par coeur. Arthur, tu le sais sur le bout des doigts. Mais pas de cette façon là. Alors, tes ongles le découvrent. A nouveau. Tes lippes s'emparent des siennes. Il n'y a rien pour vous interrompre. Rien pour venir briser cet équilibre trouvé. Pas même lorsqu'il t'ordonne presque de l'arrêter. Pas même lorsque tu lui susurres de s'en aller. Les doutes, les regrets. Ils viendront plus tard. Ils s'empareront de toi, de vous, quand les esprits seront sobres. L'excuse de l'alcool qui échauffe les sens. Elle ne fonctionnera pas bien longtemps.

Comme seule réponse, Arthur attrape l'accroche de ton soutien-gorge. Comme seule réponse, le tissu s'échoue sur le sol. Il te soulève avec facilité, tes jambes enlacent ses hanches et tes lippes ne quittent jamais les siennes. Tu trouves une place sur les coussins. Des baisers qu'il dépose sur ta peau. Traces laissées. Lippes au contact brûlant. Ton épiderme s'embrase. Le dos qui se cambre, les frissons qui te parcourent. Le dernier vêtement vient, lui aussi, retrouvé le parquet usé de ton appartement. Tes doigts dans son dos. Les caresses qui s'éternisent pendant encore quelques secondes. Finalement, presque impatiente, ta main s'égare pour se retrouver à sa ceinture. Le bruit ne se fait pas attendre. Pour une certaine équité, tu te débarrasses de son jean. Puis de son sous-vêtement. La précipitation qui éveille les sens. Peut-être parce que tu as simplement peur que la raison s'empare de toi. De lui. Peut-être parce que tu as peur, Anja. Peur que le palpitant s'apaise. Peur que la passion s'échappe. D'un coup de hanches, tu inverses les rôles. Ton bassin qui s'appuie contre le sien. Tes cheveux caressent sa peau tandis que tes lippes goûtent son épiderme. Tu ondules légèrement alors que tu le marques de tes lèvres brûlantes. Ses lèvres, son cou, son torse puis son abdomen. Une descente dangereuse. Tes mains tracent des traits invisibles sur son corps. Tu t'égares d'avantage. Assez pour que tes baisers rejoignent son intimité. Assez pour que tes mains le caressent avec un peu plus de volonté. Il n'y a plus que le bruit de vos souffles qui se mêlent. De vos coeurs qui se choquent. La pièce a cette odeur d'alcool et de bestialité. Pas une troisième fois, que vous aviez dit.

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Les mains qui s'échouent sur les voluptés, les lèvres qui cherchent le contact de l'autre. C'est presque mécanique, presque routinier. Comme s'ils se connaissaient depuis des années, comme s'ils l'avaient toujours fait. Ils se cherchent, se trouvent facilement. Tandis que du bout des lippes, ils entament de se repousser mais en vain. Y a les murmures qui s'emmêlent et les caresses qui font succomber. Le premier tissu rejoint le sol avec arrogance, prémices d'une connerie qu'ils sont sur le point de reproduire. Arthur ne pense pas à tout ça, Arthur est bien loin. Il succombe à sa peau ambrée, se laisse emporter par les envies assassines. De ses bras, il la soulève avec douceur et facilité, la laisse enrouler ses jambes autour de ses hanches, tandis que ses lèvres retrouvent les siennes, que sa main trace des traits invisibles dans son dos. Le canapé qui les attend, Anja qu'il dépose et de son corps, qu'il impose. L'alchimie qui s'emmêle, la douceur qu'il y mêle. Ses lippes qu'il pose sur sa peau, qu'il descend jusqu'à son nombril. Le dernier tissu comme rempart, enlevé avec facilité. Y a ses mains qui se balade sur sa cambrure, l'échine qu'il se tend à chaque mouvement. Les frissons qui lui parcoure le cou, le dos, il sent les doigts d'Anja sur sa peau. La main de la brune qui se fraye un chemin jusqu'à sa ceinture, la rapidité d'exécution et à peine quelques secondes plus tard, il se voit retirer de son pantalon. Les pensées sont closes, plus rien qui ne compte autour de lui. Même l'alcool semble s'être dissiper de sa carcasse. Pourtant, il garde sur lui l'odeur du bourbon et la fraicheur des glaçons. Sans avoir le temps de comprendre, il se retrouve sur le dos, et le corps de la belle qui ondule au dessus de sa peau. De ses mains, il s'accroche à ses hanches, de sa tête, il se laisse tomber lourdement. Y a les sens qui s'éveillent, le palpitant qui accélère. Et les lippes d'Anja qui s'égarent bien plus bas. La tête en arrière, les yeux clos, Arthur se laisse aller aux envies assassines, au bien être qui s'empare de sa tête. La peau frissonnante, la respiration qui accentue la cadence.

L'impatience qui fait son apparition, le désir aussi. Le caleçon déjà abandonné bien plus loin, il finit par se relever, attrape en coupe le visage d'Anja. Sur sa bouche, il y dépose des baisers, délaisse la douceur et la pudeur pour un peu plus de langoureux. Les souffles qui se choquent, les langues qui s'entrechoquent. Ses doigts qui s'emmêlent dans sa chevelure, un pied sur le sol et rapidement, il retrouve la position debout. L'incite à se relever elle aussi. Les lippes qu'il ne quitte pas et ses mains qui se baladent sur son corps sans ménagement. Il presse, appuie, martyrise son épiderme avec volupté. Ressert son corps contre le sien. Il emprisonne sa poitrine de ses mains, laisse courir sa langue dans son cou, sur sa joue, revient à ses lèvres et repart dans l'autre sens. Ses hanches qu'il attrape, son corps qu'il soulève de nouveau et la direction de la petite cuisine qu'il prend juste derrière eux. L'impatience qui le foudroie, l'attente qui se fait interminable et le cul d'Anja qu'il dépose sur le comptoir froid. Y a pas d'états d'âmes, pas de surprises. Les gestes sont calculés, les remords viendront demain, la tête dans l'oreiller. Il le sait Arthur, que les regards se feront fuyants, que les paroles ne couleront pas si facilement. Il le sait et pourtant, il est incapable de s'arrêter. Incapable de lui résister plus longtemps. Une main qu'il appose juste au dessus de son fessier, son corps qu'il ramène contre le sien et leurs corps qui ne font plus qu'un. Le premier coup de bassin et la tête dans ses cheveux, il souffle brutalement. Apaisant, oppressant. Il mordille sa peau, accélère la cadence de son bassin. Il se laisse emporter à ses envies, en oublie qui il est vraiment. Il la prend là, sur le comptoir en bois, fait d'elle sienne pour quelques minutes de septième ciel. Les gémissements qui font leur apparition, tout contre sa bouche, sa carcasse qu'il comprenne un peu contre la sienne, le rythme qu'il accélère proche de la délivrance. Le temps est comme suspendu, il sait quelle heure il est, il sait pas depuis combien de temps il a attendu ce moment. Y a sans doute penser, en a sûrement rêver, inconsciemment. Le râle de plus et c'est dans un dernier coup de rein qu'il se laisse aller au paroxysme. Le front tout contre le sien, les coeurs battant et les mains qui ont fini par s'échouer sur ses hanches. Il la tient encore fermement, essaie de reprendre sa respiration. Le silence, il est lourd de conséquences. Pourtant, ça n'arrive pas encore jusqu'à sa tête. La troisième fois. Non, t'es pas encore conscient de ce que tu viens de faire.

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C'est comme si ça avait toujours existé. Lui et toi. Un vous. Deux âmes égarées devenues indissociables. C'est comme si ça devait être une évidence. Comme si Arthur et Anja devaient terminer de cette façon là. Peut-être est-ce le cas. Parce que tu sais, toi. Que les regards se feront à nouveau fuyants. Que les silences deviendront pesants. Comme avant. Comme ces deux autres fois. Tu as assez souffert, Anja. Tu as eu assez peur de le perdre. Parce que tu ne le mérites pas, Arthur. Parce que tu ne le repousses pas. Mais au fond, tu n'en as pas envie. Cette impatience. Cette insouciance. L'impression qu'il te pousse des ailes. L'impression d'être sienne. Oh, tu te brûleras, Anja. Bien plus fort que les dernières fois. Mais t'es inconsciente. Le goût du risque aux bords des lippes. La raison n'existe plus. Le corps en veut plus. C'est ton myocarde qui dicte ta conduite. Ça, et les hormones qui ne demandent qu'une satisfaction. Ce plaisir à assouvir. Cette envie de lui appartenir.

Les corps se rejoignent. Comme une drogue. Comme une envie. Comme ce quelque chose qui a besoin d'être satisfait. Il n'y a plus de retour en arrière. Plus rien qui puisse vous sauver. Plus rien qui puisse compter. Ce besoin irrépressible de le sentir. De lui appartenir. L'impatiente aux gestes lents. Tu t'abandonnes lorsqu'il te soulève une nouvelle fois. Tu te laisses porter là où il le décidera. Vos lippes qui ne se détachent pas. Ton fessier posé sur le plan de travail pour finalement ne faire plus qu'un. Tu l'as voulu, Anja. Sans le savoir. Sans vouloir te l'avouer. Tu voulais, tout ça. Arthur. Prénom susurré dans un souffle. Les gémissements qui s'échappent. Et la cadence qui s'accélèrent. Tes mains parcourent son corps. Agrippent son fessier pour donner plus d'intensité. Tes jambes enroulées autour de ses hanches pour finalement rejoindre le septième ciel. Un dernier râle, une dernière promesse. La troisième fois.

Ton visage niché dans son cou. La respiration haletante et le palpitant qui joue avec tes nerfs. Tu restes ainsi quelques secondes. Accrochée à lui. Décidée à ne pas le voir partir. Les conséquences. Le moment que tu redoutais tant. Celui d'une fuite de la déraison. L'esprit embrumé. Quand les idées redeviennent claires. Bordel, qu'est-ce que tu as fais ? Alors, il y a les secondes qui s'écoulent et le silence qui devient lourd. Ce sentiment d'oppression. D'étouffer. De crever. Tu le repousses doucement. Viens descendre de là où il t'avait installé. J'croyais que ça ne devait plus se reproduire. Ce n'est pas un reproche. Tu ne le repousses pas. Tu ne regrettes pas. Mais c'est ce qu'il t'avait promis, Arthur. De l'histoire ancienne et une amitié qui devait se reconstruire. Tu as encore tout fichu en l'air, Anja. Tu t'éloignes, restes à poil. Aucune pudeur. Plus aucune retenue. A quoi bon, maintenant. C'était trop tard, à présent. Tu te diriges vers le salon, te baisses pour prendre une cancéreuse dans son paquet. Le briquet, la flamme qui jaillit et l'odeur de nicotine qui s'impose déjà dans la pièce. Il se passe un truc. On ne peut pas faire semblant. Comme une sentence qui tombe. Les idées sont claires, à présent. Elles viennent te gifler et te remettre les cases en place. Il y a quelque chose. C'est évident. Parce que tu n'aurais jamais pu succomber à Arthur autant de fois si ça n'avait pas été le cas. Parce que tu n'es pas de ce genre là, Anja. A te laisser aller dans les bras de n'importe qui. Pour n'importe quoi. Même alcoolisée. Même en n'ayant pas le total contrôle de ton esprit. Ce n'est qu'une excuse. Ce n'est pas le cas. Tu mets les pieds dans le plat et sondes le blond de tes yeux. Tu attends sa réaction. Le retour à la réalité. Quand Arthur se rendra compte de sa connerie. Quand ses pieds reviendront sur terre. Quand il te détestera de ne pas l'avoir arrêté. Tu es partagée, Anja. Entre ce sentiment de satisfaction et celui d'avoir merdé. Partagée entre Arthur et Chris. Partagée entre ces amitiés qui peuvent éclater.

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Les pieds ancrés dans le sol, il s'éternise à laisser son visage enfoui dans ses cheveux. Il s'éternise à ne pas bouger les mains de ses hanches. Le souffle qu'il reprend, la tête qui redescend. Il a les pensées qui s'emmêlent, le palpitant qui bat à l'agonie et l'odeur d'Anja dans les narines. L'alcool ne fait plus effet et ça, il le sait. L'excuse n'est plus valable non plus et la première personne qui lui vient à l'esprit n'est autre que Chris. Bizarre. Presque malsain quand on y pense bien. Coucher à Anja, finir par penser à son frère. Le silence qui suit est presque pesant alors qu'il a encore l'échine tirée par le plaisir, que les frissons parcourent encore son corps endolorie. Pourtant, dans le fin de fond de son crâne, il arrive pas à regretter. Il arrive pas à ne pas y penser. C'était inévitable, presque normal. Les secondes qui s'écoulent, les gestes qui se font absents, les corps qui restent en suspens. Il ose pas bouger Arthur, n'ose la regarder. L'évidence qui lui crève les rétines, alors qu'il commence à peine à rouvrir les paupières. Le mur immaculé de blanc qu'il contemple sans sourciller, juste derrière le dos de la brune et sa peau contre sa bouche, qu'il goûte encore. Il pourrit la musique qui défile plus, pourrit ce silence qui le tue. L'envie de s'échapper tout comme de rester. Il sait pas. Il sait plus. Y a les âmes qui rodent autour de lui, les pensées obscures qui s'en emparent. Et c'est finalement elle qui s'échappe en premier. Elle qui le repousse lentement, se frayant un chemin hors de sa portée. Ridley reste un instant, sans bouger, tout con qu'il est. Les mains ancrées dans le bois du comptoir de la cuisine, le regard perdu dans le vide, il fixe un point invisible, se mord les lippes avec force. Et finalement, laisse échouer sa tête vers l'avant. Le reproche qui sonne. Il avait promis. Il a menti. Plus jamais qu'il avait dit. L'écho cuisant de ses propres paroles qui lui reviennent en mémoire, la déception qui se lit sur ses traits. Il n'ose même pas la voir s'évaporer. Il veut s'enfermer dans une pièce, ne plus jamais parler, même pas bouger. Une main dans ses cheveux, il se gratte le crâne, ose enfin un geste alors que la peur au ventre qu'au moindre faux mouvements tout s'écroule.

Elle a déjà fui Anja, elle s'est réfugiée dans le salon, lui a piqué un clope en passant. La fumée qui sort d'entre ses lèvres, la brume épaisse qu'elle impose à ses rétines rougies par l'alcool ingurgité. Il se retourne, se pose contre le plan de travail, la regarde lui tourner le dos. Les mouvements se font lents, presque incontrôlés. Pourtant, il aimerait garder le contrôle de la situation, de lui même. Mais ces derniers temps, ces dernières années, il est devenu difficile pour lui de garder bonne figure. Et là, les remords font surface, il est épris d'excuses silencieuses, s'en veut terriblement de lui faire subir ça. Lui, il n'a que ce qu'il mérite, elle, elle n'a rien demandé. Il n'a pas parlé encore, la laisse faire. Il est pas doué. Il sait qu'il marche sur une pente glissante, mais lui, il est déjà tombé. Le truc. Ça résonne. Ça le fait grincer des dents. Il se refuse à ce que ce soit si compliqué. Pas avec elle. Pas elle. Ses doigts qui viennent tirailler ses poils de barbe, son regard qui se fait vague. Quel truc ? Qu'il ose enfin prononcer, tout en se raclant la gorge. L'amertume dans le fond de son estomac et les pupilles qui reviennent vers Anja. Il mine l'incompréhension, préfère se satisfaire de pas savoir de quoi elle parle exactement. Il reprend une posture droite, s'avance lentement vers le salon. Habile, Arthur attrape son caleçon sur le parquet, l'enfile avec précaution. Se balader à poil, c'est pas son truc à lui. Un brin pudique, après tout, ça lui ressemble. Il se dévoile pas. Le canapé qu'il retrouve comme niche, son cul qu'il pose sans prétention. Il a les idées vaporeuses et le ventre barbouillé. Ou alors, il est simplement crevé.

Tu sais quoi ? On s'en fou. Il balance ça comme ça. Ouvre grand les bras, visiblement agacé de s'en vouloir pour un si petit truc finalement. Qui ça intéresse réellement ? Hein ? J'en ai marre d'me casser la tête pour ce qui se passe. J'en ai marre de toujours marcher sur des oeufs, de toujours paraitre irréprochable. De faire tout dans l'bon sens. Pour qui ? Pour toi ? Pour Chris ? Pour Iris ? C'est des conneries tout ça. Ou alors, tu te voiles la face aussi. T'assume pas. La réalité, c'est qu'Arthur se rend compte qu'il a des choses bien plus dramatiques qu'une partie de jambes en l'air avec sa meilleure amie. Les évènements passés l'ont ramené à une certaine réalité. Quoi qu'on fasse, quoi qu'on dise, ça ne changera absolument rien. Ça n'effacera rien. L'élastique du caleçon qu'il remet en place, son dos qui creuse le coussin du canapé. Il a l'allure des mauvais jours, sans doute piquer par son propre mépris. Tu fais c'que tu veux. J'arrête de m'prendre la tête avec ça. Regrette si t'as envie. La clope qu'il tire de son paquet, la cancéreuse qu'il allume à son tour et son regard qui ne quitte pas celui d'Anja.

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Au fond, tu y as cru, Anja. Qu'il ne s'approcherait plus de toi. Que cette passion était définitivement assouvie. Tu y as cru. A cette amitié. A ses souvenirs effacés. Vos corps enlacés et vos souffles mêlés. Tu avais balayé les images. Tiré un trait sur ce que ça pouvait représenter. Beaucoup plus que tu ne le voudrais. Beaucoup plus que tu ne l'imaginais. Il y a vos respirations qui se mêlent encore. La panique qui s'engouffre et les pensées qui se mélangent. Chris, Iris. Vous deux. Elle est revenue. Peut-être pour Arthur. Peut-être pour rien. Elle est là, ta meilleure amie. Et toi, tu as simplement saisi l'occasion de te jeter dans les bras de l'homme de sa vie. Catin. Alors, il y a ce contact qui se brise. Le silence qui pèse et que tu te mets à haïr. Tu voudrais qu'il parle. Qu'il hurle, si c'est ce dont il a besoin. Tu as besoin de l'entendre et d'être rassurée. Mais il ne parle pas, le blond. Il ne bouge pas. Comme pétrifié par la réalité. La connerie qui reprend ses droits. Les regrets qui s'immiscent sûrement dans son esprit.

Le pas léger. Ton fessier qui vient retrouver le canapé. La cancéreuse entre tes lèvres et le reproche qui fuse. Tu ne lui en veux pas, Anja. Tu ne peux pas lui en vouloir. Ça se voit sûrement aux traits de ton visage. Détendu. La carapace qui masque ton inquiétude. Tu te prends trop la tête, Anja. Mais Arthur, il mérite bien ça. Il y a ton regard qui ne le quitte pas. Le blond toujours appuyé contre le plan de travail. Cette main qu'il passe dans ses cheveux et les mots qui franchissent à nouveau tes lippes. Ça te fait peur. Ça t'effraie. Le truc. Ce truc. Il est là. Tu ne peux pas le nier. Tu ne peux pas le balayer. Et sa voix qui résonne enfin. Le silence qu'il brise. La distance qu'il creuse. Il feint l'ignorance. Et tu le comprends. Pourtant, toi, tu vois clair. En fait, c'est presque devenu une évidence. Ce truc. Tu réponds, simplement. Est-ce qu'il veut vraiment des explications ? Est-ce qu'il veut vraiment t'entendre épiloguer sur le sujet ? Ça n'est pas ton genre. Les effusions, les grands mots et les grandes discussions. Tu ne te prends pas la tête, Anja. J'sais pas c'est quoi. J'sais pas ce que ça veut dire. Mais y'a un truc. Parce qu'on aurait jamais fais ça, sinon. Pas trois fois. Et finalement, vos regards se choquent. Il remet son caleçon, vient s'installer à côté de toi. La cigarette entre les doigts.

Et puis, il y a tes yeux qui s'écarquillent. Le blond qui prend la parole. Qui balance ce qu'il a sur le coeur. On s'en fou. Ouais, peut-être. Ou pas. Tu voudrais le ramener à la raison. Lui dire qu'il n'y a pas que vous. Y'a Chris dans l'équation. Au diable Iris puisqu'elle est partie. Mais Chris. Lui, il est toujours là. Et lui, il ne tolérera pas. Pourtant, tu te le laisses parler. Ton regard qui ne le quitte pas. Le tube insolant entre les lippes. Cette vie que tu consumes. Cette vie qui tu tueras. Il se lâche, Arthur. Il laisse peut-être les mots dépasser sa pensée. Tu n'en sais rien. Tu ne le reconnais pas. Parce que le blond a toujours été celui qui avait la tête sur les épaules. Celui qui recadrait, au besoin. Celui qui faisait entendre raison. Est-ce que les rôles allaient s'inverser ? Est-ce que, toi, tu as des regrets ? J'regrette rien. Non. Rien de tout ça. Ni regret, ni remord. Tu l'as voulu, Anja. Au plus profond de ton être. Tu voulais lui appartenir. Qu'il te possède. Ces trois fois. Et puis, c'est bien connu ; Anja Keynes ne regrette jamais rien. Pas même ses erreurs. Tu es bien trop fière pour ça. Y a pas à se prendre la tête. Y a pas à se poser dix milles questions. C'est arrivé. Encore une fois. Et c'est que ça devait se reproduire. Tu hausses doucement les épaules. C'est ce que tu lui as dis, la dernière fois. Les mêmes mots. Toujours pas de regret. Parce que c'est ce que tu penses. Parce que c'est ce que tu as toujours fais. Prendre la vie comme elle vient.

Et pourtant, Anja. Toi aussi tu marches sur des oeufs.
Pas pour rien si aucun autre homme, hormis Chris, n'a posé la main sur toi.
Six ans de fidélité à un homme qui ne le mérite pas. Six années balayées dans les bras de son propre frère.

∴ POSTS ENVOYES

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anja & arthur

don't leave shut your mind off and
let your heart breathe you don't
need to be worried.
(@snakehips)

Il se voile la face, en oublie ce qui dicte sa vie. Se tenir droit, faire les choses biens, dans le bon ordre, ne pas dérailler, ne pas frapper, oublier le passé. Il envoie tout balader. D'un revers de main, comme on chasse un mauvais souvenir. Il sait plus Arthur, qui il est, qui il voudrait être, qui il devrait devenir. Les gens l'ont trahi, les gens l'ont abandonné et il a baissé l'échine, s'est laissé disperser. Il n'a jamais rétorqué. Il a subi. Il s'est enfermé au Red Lion, a ramassé les billets qui dégueulaient de ses poches, a dit oui à tout, et n'importe quoi. A accepter de vendre aux plus offrants des nanas. C'est pas lui pourtant. C'est pas ce qu'il voulait devenir. Une affaire qui roulait. Un bar qu'il avait retapé, des nuits arrosées qu'il promettait. Puis tout à filer et il a suivit le rythme sans savoir où vraiment se placer. Puis y avait Iris, elle le tenait, elle l'aidait. Elle s'est enfui, elle s'est cassée et là, il a plus su comment fonctionner. Arthur pourrait regretter, il pourrait s'en vouloir mais il n'en est rien. Il se créé l'armure du je m'en foutiste, décide sur le champ qu'il s'en tape le coquillage. C'est ce qu'il y a de mieux à faire. De toute façon, c'est plus qu'une épave scotchée à la bière. Une connerie de plus ou de moins. Assez de se torturer l'esprit, assez de faire semblant qu'il l'a pas voulu non plus. C'est arrivé, ils peuvent pas oublier, ils peuvent plus faire semblant. Le cul qu'il pose sur le canapé, elle répète machinalement. Ce truc dont elle parle si vaguement, c'est pas les sentiments. C'est l'attirance qui est née ou qui a toujours été là. Elle a jaillit et puis ne s'est plus jamais évaporée. Indéniable. Et plus elle parle, plus ça devient limpide aux yeux d'Arthur. Certes, ils ont couché ensemble mais ça change quoi finalement ? Ce qui devait arriver, arrive. C'était écrit dans les étoiles. Le reste n'a pas la moindre importance. Chris s'en balance. Ou pas. Il préfère se dire quoi. De toute façon, il la mérite pas. Arthur non plus d'ailleurs. L'amour, il y a dit adieu. L'amour, il est pas prêt d'y replonger son coeur. On appelle ça l'attirance. Ils s'étaient jamais regardé de cette façon, n'y avaient sans doute jamais songé. Une soirée arrosée, quelques clopes entamées et les choses avaient changé. On revient pas sur le passé, maintenant c'est là, il faut faire avec. Il balaye l'idée d'avoir des sentiments autre que l'amitié pour la brune. Et il balaye aussi l'idée qu'elle en est. Trop complexe à ses yeux. Pas maintenant. Pas comme ça. C'est pas eux.

Le je m'en foutisme qui revient. Comme un vieil écho du passé. Les temps de jeunesses égarés, qu'il avait soigneusement rangé. Il a toujours été ce gars, avant l'armée. Puis s'est égaré et aujourd'hui, il est simplement fatigué de se battre pour être quelqu'un d'autre. Un mec qu'on épouse par exemple. Ça n'a pas marché de toute façon, à quoi bon se voiler la face. La clope qu'il consume, la fumée qu'il recrache et son regard qui perce celui d'Anja. Si elle a des regrets, qu'elle lui dise maintenant. Il promet de plus jamais venir l'emmerder si c'est ce qu'elle veut. Mais Arthur ne s'imposera pas cette souffrance de plus, il trimbale assez de casserole à ses pieds. Et finalement, elle prononce la sentence et il peut pas s'empêcher de se mettre à sourire. Bêtement. De quitter le sérieux qui l'incomber. Il est bourré de toute façon. Parfait. Est-ce qu'elle disait vrai ? Est-ce qu'elle lui mentait ? Dans le fond de ses pupilles, Ridley cherche. Ridley ne trouve pas, ne démêle pas le vrai du faux. Peut être qu'elle dit la vérité. Peut être que ça l'emmerde pas elle non plus. La tête qu'il secoue comme une affirmation à ses dires, la clope sur laquelle il tire. Il se redresse, vient écraser son mégot dans le cendrier. On a qu'à dire que c'est notre petit secret. Ils se promettent rien. Du moins, Arthur ne lui promet rien. Une amitié arrangée comme on dit. Une amitié qu'il veut pas voir s'effriter. Mais le secret de ces nuits qu'il veut quand même garder. C'est pas un connard, pas un batard. Il se languira pas de le balancer aux oreilles de son frère, il sait qu'il finira blesser. La vérité est souvent plus difficile à avaler et puis de toute façon, il a pas besoin d'être mit au courant, n'est-ce pas ? Tout se sait un jour. T'es au courant de ça Arthur ? Il profite de l'instant, offre un sourire amusé à Anja pour détendre l'atmosphère. Il a pas envie de faire la gueule. Il a pas envie qu'elle la fasse non plus. L'inspiration qu'il prend la suite, la fatigue qui refait son apparition. Y a ses rétines qui le brûlent et les bâillements qui se font ressentir. Il est tard. Il sait pas. Il a pas regardé et son téléphone est toujours échoué près de l'enceinte dorénavant muette. J'vais me coucher, j'suis mort. Qu'il balance, ça comme ça, les yeux vagabondant dans l'appartement d'Anja. Sauf que ce soir, il rejoindra pas son appartement, ni le Red Lion -de toute façon, son lit est fichu-. Non, cette nuit, il a décidé, il lui piquerait son pieu. Sauf qu'il demande rien Arthur, il fait comme chez lui. Il se lève, passe une main dans ses cheveux, gratte sa barbe et avance vers la porte de la chambre de la belle. Il parait qu'Anja Keynes a un chouette matelas. La tête qu'il tourne vers elle, le sourire provocateur au bord des lippes. Il file, accélère le pas vers le lit tant attendu et se laisse échouer dans les draps. C'est réconfortant, presque apaisant, de se glisser dans le parfum d'une femme, d'ouvrir les bras à Morphée.

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