[fragments found], anja

ça vibre. le mal de crâne le heurte. ça fait mal. c'est une douleur désagréable que ces fantômes du passé viennent infligé à la tête du garçon. douleur qui vient démanger ses poings. il se déplace comme une ombre, frôle les corps qui se déhanchent sous les lumières aveuglantes de la boîte. la faim est présente et bientôt, un pauvre garçon en fera les frais. elias ne connaît qu'un moyen pour soulager cette douleur constante. il a besoin de cogner pour respirer à nouveau. alors, il disparaît pour réapparaître derrière un gars trop bourré pour se déplacer tout droit. les mots ne sont pas nécessaire, le contact de sa main contre sa chemise est suffisante pour lui faire comprendre qu'il va se faire traîner dehors devant les regards curieux. la fête est finie pour le pauvre gars et ne fait que commencer pour elias. les proies de la sorte sont bien connues. bourrés, ils ont tendance à se faire plus chiant et donnent plus de raison pour sortir les poings. chose qui ne tarde pas arriver. bientôt, la main de l'inconnu attrapera le poignet d'un air menaçant. se prenant pour le héros qu'il n'est pas, il sera bientôt recalé par elias et se fera éjecter sans respect à l'arrière de la boîte où il essayera à nouveau de riposter. là, elias sortira ses deux fameux poings, bien connu dans le coin. peut-être qu'il ira la laver après qu'elle soit tâchée d'un sang qui n'est pas le sien et qu'il ira demander de la glace au bar, histoire de soulager et d'éviter les futurs ecchymoses.

il se pointe là comme un vieux alcoolique qui se pointe à son bar habituel. il n'a pas honte de ce qu'il fait. à ses yeux, ce petit con l'avait mérité. et il rentrera chez-lui en se promettant de ne plus recommencer. il apprendra de ses erreurs et elias est content d'être celui qui lui file la leçon. c'est un rôle qu'il prend à coeur et peut-être qu'il recommencera, plus tard dans la nuit. ses prunelles rencontrent celle d'anja. la douleur des souvenirs est toujours présente, mais le plaisir que l'adrénaline lui procure arrive à faire de l'ombre à ses démons. il arrive encore à voir son visage d'enfant, lorsque les fantômes ne l'aveugle pas. il aurait aimé lui sourire, mais ce n'est pas une réaction naturelle chez-lui. presque instinctivement, un sachet de glace arrive sur sa main et le brun hoche de la tête en guise de remerciement. merci. ça m'fait du bien. et on ne sait pas si on parle du visage qu'il vient d'abîmer ou l'effet de la glace sur sa main bouillante. alors ta soirée, aussi amusante que la mienne ? il demande, quittant sa main du regard pour reposer ses prunelles sur la brune. il est rare de voir l'homme siffler plus de deux mots, et ça, anja elle le sait.

il est rare d’entendre la voix du brun si ce n’est que dans des menaces lancés à des clients insoutenables ou des remarques remplies de sarcasme à destination de ses collègues. un mélange assez étrange d’un froid d’hiver et d’une folie éternelle, celle que ses parents lui ont sûrement légués avant de finir mort ou en prison. ça ne tourne pas rond dans sa tête et ce dysfonctionnement pourrait se faire entendre s’il décidait enfin à parler, à prolonger plus de quatre mots dans une seule phrase sans se braquer. si ses pensées étaient en accord avec les rares mots prononcés par le brun, on lui conseillerait sûrement de consulter. l’homme voit le monde en noir, plongé dans cette obscurité perpétuelle dont il ne peut s’échapper. c’est un pessimiste, un homme à qui on a volé toute clarté, toute normalité. parfois, il arrive à prétendre que tout est différent. certaines personnes ont cette faculté. comme lorsqu’il fait face à la fille d’mj ou lorsqu’anja lui vient en aide comme quand elle l’aidait à se relever lorsqu’il s’écorchait les genoux il y a une vingtaine d’années. certaines personnes ont, entre leurs mains, la possibilité de lui redonner ce peu de clarté et ce, sans même qu’elles ne le sachent. elias trouve ça injuste. le fait d’avoir une telle capacité sans même le vouloir, comme maudit, destiné à éclairer les gens dérangés comme lui. parfois, il arrive à être en colère contre ces dames capable de lui arracher un sourire. parce qu’elles arrivent à le lui voler sans même qu’il ne soit d’accord. ce foutu sourire si rare qu’il en devient étrange. je veux bien. on le voit essayer de cacher un léger rictus tout en observant sa main. supporter le regard d’anja lui serait presque impossible, il n’en a pas la force. pas pour le moment, mais peut-être qu’après quelques verres, il aura enfin le courage de l’observer. la princesse de son enfance, celle qui a quitté et qu’il s’est forcé à ignorer depuis son retour dans sa vie. comme une évidence, comme un coup bas de cette foutue vie. j’aurai dû taper plus fort, qu’il pense, mais qu’il se retient de lancer. il aurait dû s’abîmer un peu plus la main, et il l’aurait fait s’il avait su. pas si possessif que ça, l’idée même qu’un mec touche la brune sans qu’elle ne le désire lui donne envie de briser quelque chose. anja est synonyme de beaucoup de chose, elle est celle qui a fait de lui un garçon heureux pendant deux ans et l’idée qu’un homme vienne salir ces souvenirs de ses mains le met en colère. il le sait pourtant, qu’elle n’est plus l’enfant mais la femme, comme lui n’est plus le petit garçon, mais l’homme. il se braque, légèrement, comme s’il venait de recevoir un coup. ils le méritent tous. il quitte sa main des yeux pour poser son regard sur la jeune femme, évitant son regard à tout prix. c’est drôle comme son visage lui rappelle les éclats de rires et les pleurs incessant de sa mère en même temps.