ghost lights (camilla)

il y a quelque chose de rassurant dans la sérénité, aussi fausse soit-elle. sara aime se délecter des cieux reposés, et des pensées repoussées. elle aime se prélasser. les pièces démesurées de l'hôtel dans lequel sa mère l'a emportée comme théâtre de ses rêveries quotidiennes, elle tend à penser que vivre éternellement dans une idylle a quelque chose de séduisant. elle y songe le sourire aux lèvres, moqueuse de ses propres artifices. elle sait qu'il faudra confronter la réalité rapidement - d'ailleurs, elle décide de l'affronter maintenant. parce qu'il y a quelque chose qui la dérange fortement dans l'éphémère de sa satisfaction. sara n'a pas encore trouvé de quoi il s'agissait précisément, mais elle sait que sa mère pourra l'éclairer.

l'esprit léger mais infimement enflammé, elle quitte la salle de bain de l'hôtel pour retrouver camilla, sans n'avoir préparé quoi que ce soit à dire auparavant. « maman? » voix qui s'élève dans les couloirs trop grands du lieu hors de prix, avant qu'elle rencontre finalement ce qu'elle cherchait. sa mère est toujours somptueuse, même peinte dans la tristesse et l'angoisse. elle a cette beauté froide, ce quelque chose de glacé sur le regard. sara y a placé ses palpitations, schéma obligatoire de l'admiration d'un enfant pour sa mère. mais il y a quelque chose de plus, un espoir un peu plus personnel. elle voudrait lui redonner ses couleurs, sara. elle aimerait juste que ça soit un peu plus facile. « on peut parler? » elle demande, presque poliment, alors qu'elle mérite amplement les réponses qui lui manquent. c'était encore doux jusqu'à maintenant, amertume à peine palpable, mais grandissante contre son palet.et puis c'est rapidement devenu trop, la conscience torturée par la moitié des choses qu'elle ne sait pas. elle attend d'avoir la totale attention de sa mère avant de poursuivre. « c'est vraiment bien de m'avoir emmenée ici. au début c'était même amusant. » l'ombre d'un sourire sur son visage d'or. « mais je pense qu'on peut être honnêtes, maintenant, non? et qu'on peut parler de papa et de ce qui se passe. » et le ton descend un peu, parce que, ça dure depuis un moment. ça l'irrite bien trop de tourner autour du pot, surtout quand il s'agit de sa propre famille.

elle a le coeur vibrant contre la poitrine, sara. ça brûle un peu, de devoir être le témoin d'un tel effondrement.

∴ POSTS ENVOYES

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sara & camilla

now we're slipping near the edge holding
something we don't need oh, this
delusion in our heads.
(@james bay)

Y eu les mots qui ont claqué violemment sur le clavier de son portable. L'amertume au bord des lèvres et la colère qui a rougit ses joues blanchâtres. Les mots de trop, les sentiments en perdition et la minute d'après, Cam faisait ses bagages. Une ou deux valises bouclées, le reste viendrait plus tard, elle n'avait pas la force de tout emporter. Sa fille prise en vol, par le bras. Pas le choix qu'elle a dit. C'était comme ça. Une décision qu'elle avait tant redouté de prendre et pourtant, qui était arrivée comme un cheveux sur la soupe après la dispute de trop. La jalousie. Elle engendre mille et un supplices, nous rend définitivement imbuvable. Pourtant, l'espagnole était certaine d'une chose : c'est qu'elle avait raison. Pas de fumée sans feu et Saul avait allumé un brasier à lui tout seul. Une photo stupide sur le net. Celle de trop. Le mariage vacille depuis des mois, voir des années, elle sait plus trop la brune, n'arrive à pointer du doigt l'instant où ils se sont égarés. L'hôtel de luxe de la ville ferait un bon endroit. Un endroit de refuge et d'oublie pour les âmes égarées. La carte bancaire qu'elle brandit à l'accueil, qu'importe si c'est pas son fric, il lui doit bien ça. Après tout, elle arbore toujours l'or autour du doigt. Des jours, des heures passaient avec son enfant. Sa fille, son trésor. Un prétexte soumit à petite voix : on s'octroie des vacances à deux. Dans l'fond, tu sais que ça a toujours été comme ça. Vous deux. Il a jamais été là pour ces moments là. L'excuse qu'elle a balancé n'est pas vrai, mais Camilla n'est pas prête à lui dévoiler la vérité. Elle s'en sent pas capable. De peur que le dire à haute voix rende le tout réel. Et ça ne l'est pas vraiment. Inconscient qui parle plus de raison. Oui, elle n'est pas prête à tirer un trait sur son mariage. Non, elle ne veut plus vivre dans l'illusion. Protéger son enfant est devenu son uniquement révolution. L'enfermer dans cette cage dorée et paisible avec elle. Lui épargner la tristesse d'un échec cuisant.

Le marbre, l'odeur de rose et cette impression d'apaisement. La chambre parfaite, ou plutôt la suite, qui s'offrait à elles, est apaisante. Presque hors du temps. Des jours qu'elles se reposent, qu'elles profitent des instants de luxe. Massages, sauna, soin des ongles et autres fleuritures sans vraiment d'importance, y a que le sourire de Sara qui compte. Sa fille est une princesse, elle mérite ce qu'il y a de plus beau sur cette Terre. Camilla fait bonne figure, offre les sourires et son visage en peinture. Le rouge carmin au bord des lèvres, comme toujours, l'allure d'une dame, quoi qu'il arrive. Les apparences, encore et toujours, comme si elle n'arrivait pas à détacher du rôle qu'elle se donne depuis des années. Près de l'entrée, elle se refait une beauté dans le miroir imposant, appose une dernière couche de poudre sur ses joues lorsque la voix de Sara résonne. L'écho assourdissant d'un nom qu'elle lui donne. Ça lui donne les frissons dans le dos. Parce que "maman", ça lui fait toujours chaud au coeur lorsqu'elle l'entend. Le boitier qu'elle pose sur la table de l'entrée et ses talons qui claquent sur le carrelage lavé. Camilla la cherche du regard, amorce le pas le long de ce couloir interminable jusqu'à rejoindre l'enfant dans le salon principal. Elle a les mains qui cherchent ses oreilles, accrochent enfin les boucles d'oreilles. La phrase qui suit l'enchante un peu moins et d'un sourire attachant qu'elle affichait, la façade de glace reprend le dessus malgré elle. Parler. Tu sais ce qu'elle va te demander. T'es pas prête à lui avouer la vérité. Les bras ballants, la belle reprend la contenance qu'on lui connait. Raclement de gorge et inspiration, elle lui répond enfin, plus apaisée. Bien sur. Un sourire qu'elle lui offre, parce que cette frimousse lui donne toujours la joie au coeur. Elle a le regard de son père. Elle ressemble tellement à son père. Cam sent le moment des explications arrivait à grand pas, elle sent le sol se dérober sous ses pieds alors qu'elle aimerait qu'il soit là. Saul. Pour lui expliquer. Seule face à son enfant, elle se sent tout à coup prise de court, plus petite qu'une sourie. Le questionnement ne se fait pas attendre plus longtemps. Sara pose les questions, presque gênée mais avec cette certitude dans les yeux qu'elle sait déjà. Bien sûr qu'elle sait, elle est pas stupide, elle vous connait.

Camilla n'est pas prête. Camilla ne veut pas. Un détournement de regard plus tard et le silence qui s'installe, presque gênant. Le sol qu'elle regarde en dernier recours et les bras qui battent l'atmosphère autour de son corps. Il s'passe rien. La fuite qu'elle prend. Les phrases courtes, simples. Parce qu'elle veut pas s'étaler. Mais lorsque ses pupilles remontent au visage de sa fille, elle peut pas s'empêcher de se dire qu'elle lui doit la vérité. Les mensonges, elle refuse de lui en balancer. Une inspiration qu'elle prend et son corps qui se remet à bouger. Camilla rejoint le canapé qui l'attend, pose son fessier sur les coussins. L'atmosphère est lourde, pesante. Elle ne sait par où commencer. On traverse une passe difficile. Ton père et moi. Ses mains qu'elle joint contre ses genoux, sa fille qu'elle incite du regard à la rejoindre sur le sofa. Pas vraiment une passe en fait. J'sais pas comment te le dire. Mais ... On va divorcer. Le mot est prononcé et tout devient tout à coup plus réel, plus vrai. Son coeur qui rate plusieurs battements, elle suffoque presque de cette prise de conscience. Divorce. Son doigt qu'elle fait rouler autour de son alliance, devenue pesante au fil du temps.