chat alors feat Isibeal

Je me demande ce que je fiche à aller chercher un chat. J’ai fait plusieurs refuges qui ne m’ont pas convaincu. Je suis assez pénible sur mes choix, que ça soit pour un animal, une voiture, un hôtel. Je regarde sans arrêt tout ce qui pourrait ne pas aller, tout ce qui me semble bizarre, déformation professionnelle. Je ne peux pas m’en empêcher, surtout quand je vais au restaurant, je manque souvent de me faire virer alors j’essaie de me contrôler. J’ai fait une liste avec les refuges restant et il n’y en a pas trop loin à Old street. Ce n’est pas encore l’anniversaire de ma fille, mais je préfère m’y prendre à l’avance. Je gare ma voiture sur le parking du refuge et observe les lieux avant de me décider à sortir de la voiture. Ça m’a l’air plutôt pas mal, je regarde un peu partout, la façade l’endroit et je fini par entrer. Une clochette tinte et je lève les yeux vers la clochette, vieux réflexe. J’avance vers la porte vitré. Je ne sais pas très bien où j'ai atterrit, c'est en travaux et ça me fait me poser des questions. Il y a pourtant bien marqué refuge et une jolie demoiselle est juste devant moi. Je ne vois que son dos et sa taille fine et je m’arrête un moment sur ses fesses, la courbe de ses hanches et je mords la lèvre, reviens sur terre Will, tu n’es pas là pour mater, reprends-toi. Je fini par me racler la gorge pour lui faire part de ma présence. Je perds un peu tous mes moyens quand je la vois se retourner, que je perdrais presque mes lunettes. Je me pince la lèvre avant de finalement dire :

« Bonjour, je … Je cherche à adopter un chat … C’est … »

Je ne sais pas tellement pourquoi je me sens aussi con, habituellement je ne laisse personne m’impressionner.

« C’est pour ma fille. Elle aimerait bien en avoir un deuxième, je m’y prends un peu en avance. »

Voilà c’est déjà mieux, une phrase complète sans avoir l’air d’un parfait idiot. Je regarde aussi autour de moi. Je ne peux pas m’empêcher de scruter les lieux, d’essayer de voir si je suis tomber dans un bon endroit où non.

Elle en brasse de l’air. Mais pas en parlant. Elle en brasse une quantité considérable à remuer des papiers. C’est bien ce qu’elle déteste le plus dans son activité. Ce n’est même pas le manque de moyens ou de ce dire qu’elle n’aura rien pour vivre le mois qui arrive. Parce qu’après une année, elle a tout de même réussi à s’y accoutumer à ce point et qu’elle n’a jamais eu besoin de grand-chose. Surtout qu’elle n’est pas non plus au point de vivre en guenille, de ne pouvoir se laver ou de ne pas avoir de chauffage chez elle. Surtout, depuis qu’elle a commencé son activité d’éducatrice canin. Ca met un peu de beurre dans les épinards, même si les clients ne sont pas encore en nombre. Cela reste du plus. Non, toute cette paperasse, c’est vraiment ce qui lui donne le plus de mal. Surtout, quand elle recueille de nouveaux animaux. Les papiers à faire pour les déclarations, le puçage pour ceux qui ne le sont pas, le changement de propriétaire pour ceux qui le son mais dont les papiers n’ont pas était fait modifier -sûrement et souvent volontairement d’ailleurs- C’est donc de cette façon, qu’elle avait décidé qu’un jour dans la semaine serait consacré à la paperasse. Bien qu’après avoir fait le nettoyage quotidien des boxs évidemment. Mais c’était quelque chose d’important et elle voulait être en règle, pour le bon maintien du refuge. Elle avait d’ailleurs beaucoup de chance d’avoir Caël. Cela lui facilitait pas mal de démarche ! Aujourd’hui était donc CE jour. Le jour de la paperasse, mais ce n’était pas son jour, puisqu’elle se tapait des maux de tête depuis la fin de matinée, et même après avoir pris ce qu’il fallait, il ne semblait pas vouloir lui foutre la paix. Et la paperasse étant ce qu’elle était, elle avait l’impression au bout de deux heures, de ne pas avoir avancé et qu’en plus son mal de crâne avait empiré…

Elle s’était levée pour commencer à ranger tout son bordel, classant chaque papier au bon endroit pour mieux pouvoir les retrouver ensuite. Heureusement qu’elle était plus ordonnée avec les affaires du refuge qu’avec les siennes, sinon ce bureau serait un bordel sans nom… Elle était en train de finaliser son rangement quand la clochette de la porte avait tinté. Elle avait donc de la visite pour le refuge ! À moins que ce ne soit son père et qu’il avait déjà tenté la porte à côté sans succès. Elle referme le tiroir dans lequel elle a glissait le dernier dossier et se retourne sur la voix d’un homme qu’elle ne connaît visiblement pas. Elle espère simplement que ce ne sera pas quelqu’un de relou et chiant à souhait, car elle n’est pas sûre de pouvoir garder complètement son calme avec le mal de crâne qu’elle se paie ! Isi se retourne pour faire face à l’homme, arborant son plus beau sourire, histoire d’accueillir les clients correctement. Bingo, elle ne l’a jamais vu. Il bafouille un peu, mais annonce qu’il cherche un chat. Elle hoche la tête, son sourire toujours aussi radieux, bien plus que le soleil inexistant à l’extérieur en tous les cas… Elle s’approche du bureau et tend sa main en direction de l’homme tout en écoutant ce qu’il ajoute comme raisons de sa venue au refuge. « Isibeal Brownon, je suis la gérante du refuge, enchantée. » Dit-il en le fixant dans les yeux. « Votre fille à quel âge ? » La question pourrait paraître anodine, mais bon nombre des animaux présents dans ce refuge sont des animaux abandonnés parce que les enfants voulaient des mini peluches adorable, et qu’une fois adulte, ils n’y portaient plus aucun intérêt. « Vous savez si votre chat actuel pourra it supporter la présence d’un autre chat sur son territoire ? » Parce que ça aussi elle l’a déjà vu un paquet de fois, l’animal déjà présent depuis un moment qui ne tolère pas du tout le nouvel arrivant. Elle attrape un trousseau de clés dans le tiroir de son bureau et fait le tour de celui-ci pour le rejoindre de l’autre côté. Levant un peu les yeux pour palier à l’écart de taille, parce qu’il est plus grand qu’elle. D’ici elle peu scruter un peu plus son visage et sa carrure, elle ne sait pas du tout l’âge qu’il a. Dans les trente-cinq ans peut-être ? En tout cas, il est bel homme. Et ses yeux.. ils ne sont pas aussi clairs que les siens, mais il sont tout de même clair et elle aime ça !

Je regarde la jeune femme en face de moi. Elle est jolie, il n’y a pas à dire. Elle est même très jolie. Je n’ai jamais vu d’yeux aussi bleus, aussi profond. Je sors de mes rêveries quand elle me dit qu’elle est gérante du refuge et qu’elle demande l’âge de ma fille. Ah oui, ma fille, le chat, c’est pour ça que je suis là. Je me racle un peu la gorge, parce qu’elle m’a fait encore perdre mes moyens.

« Elle a dix-huit ans. Je lui ai offert un chat il y a dix ans après la mort de ma femme et je sais qu’elle a toujours voulu en avoir un deuxième. On a une grande maison. Il y a de la place pour un deuxième. Il pourra même aller dans le jardin. »

J’ai tendance à raconter un peu trop ma vie. On le l’a déjà dit. Je parle trop et souvent ont fini par me demander de me taire ou je le fais de moi-même. Je ne pensais pas vraiment lui parler de ma femme, ce n’est pas vraiment très encourageant comme début de conversation et je m’en rends bien compte. Je ne peux pas m’empêcher de l’évoquer. Je crois que je suis encore trop attaché, même après dix ans. Je ne garderais pas mon alliance autour de mon cou si n’était pas le cas. Je l’écoute me poser des questions sur le chat actuel. Et ce son des bonnes questions.

« Euh … Je pense. Je pense oui. Il est plutôt social il a même approché mon frère qui est un peu l’Hermite de la famille, vous voyez le genre. »

Je suis mauvais avec mon frangin. Il n’est pas si asocial, un peu perturbé c’est tout, mais c’est normal après tout. Je ne peux pas m’empêcher de regarder autour de moi, ça à l’air en travaux donc plutôt récent et je ne peux pas m’empêcher de lui demander :

« Vous avez toutes vos autorisations pour l’ouverture du refuge ? »

Je me pince les lèvres, je n’aurais peut-être pas du commencer par ça. J’aurais dû demander plus subtilement, mais je ne suis pas connu pour être subtil. C’est ce qu’il fait mon charme, ou pas. Je soupire et je fini par ajouter :

« Désolé … Déformation professionnel. Je suis journaliste d’investigation. Je connais un peu les refuges animaliers pour en avoir dénoncés quelques-uns de peu recommandables. Je m’interroge toujours sur les nouveaux venus. »

Ce n’est pas la façon idéale pour me faire bien voir, mais de toute manière je ne peux pas m’en empêcher je préfère être direct, de toute manière je verrai bien si elle le prend bien où non et ça m’étonnerait fort qu’elle apprécie mes remarques. Je devrais songer à éviter de trop raconter ma vie. Ce n’est surement pas comme ça que je réussirais à me faire des amies. J’ai d’ailleurs beaucoup plus d’ennemis que d’amis. Il serait peut-être temps que je devienne plus sage, mais ce n’est pas demain la veille.

Isi hoche de la tête en l’écoutant. Sa fille a donc dix-huit ans, ce n’est pas trop jeune. Il y a moins de chance qu’elle revoit l’animal dans les mois à venir. Mois qu’avec un enfant des six ou huit ans en tout cas. Seulement, elle se fait un arrêt mental de quelques secondes et fait un rapide calcul mental. Elle en conclut rapidement que soit elle s’est trompé sur son âge, soit il l’a eu vachement tôt. Pas qu’il n’était pas impossible qu’il l’ait eu à dix-sept ans… Mais c’est un mystère qu’elle n’allait pas résoudre, puisqu’ils n’étaient pas là pour cela ! La blonde retient dans son discours qu’il a une grande maison et un jardin. « Protégé le jardin ? Ou c’est en accès à la route ? » Demande-t-elle une fois encore, pour avoir plus d’information sur la possibilité d’accueil de cet animal. Pas qu’elle n’a pas écouté ce qu’il a pu dire avant, sur ce qui était de la mort de sa femme. Mais cela faisait dix ans, devait-elle être compatissante et lui dire qu’elle était désolée pour quelqu’un qu’elle n’avait absolument pas connue. Tout en sachant qu’elle ne connaissait pas plus l’homme qui se trouvait juste devant elle.

Ne perdant pas le fil conducteur de cette visite elle enchaînait sans prêter attention au fait qu’il dévoilait sa vie privé aussi facilement à une inconnue. Il y avait des gens comme cela, elle n’en faisait pas partie. Isi à un léger rire lorsqu’il lui parle de son frère qui semble être le solitaire de la famille. « D’accords, bien qu’un être humain, c’est différent d’un autre chat. Ils n’ont pas la notion de territoire comme ils pourraient l’avoir avec un autre chat. » Elle espère qu’il comprendra. Parce que le point de vue d’un humain n’est pas celui d’un chat, ou d’un chien, ni même d’un hamster.

Maintenant qu’elle est près de lui, elle croise ses bras et perd petit à petit le sourire jovial qu’elle arborait. Ce n’est pas tous les jours qu’un client lui demande si elle a toutes les autorisations pour son refuge. Et évidemment qu’elle les a ! Elle ne s’est pas lancé tête baissée dans ce projet pour que le premier connard venu puisse le lui faire fermer. Elle ouvrait la bouche pour lui répondre, qu’il la coupait dans son élan en sortant à nouveau une ribambelle d’information sur sa vie… Elle reste là, les bras croisés à l’écouter lui sortir son baratin. C’est donc ça qu’il est venu faire ? Voir si elle est aux normes ? Si elle peut garder son refuge ouvert ? Elle avait déjà mal au crâne, mais ce gland venait de faire monter la pression en elle, provoquant une forte douleur dans ses tempes. Pourtant, elle résiste, pour ne pas perdre la face devant ce mec qui semble se croire tout permis. « Je suis parfaitement en règle et j’ai tous les papiers qui le prouve si c’est ce que vous êtes venus chercher. Je pense faire mon maximum pour garde les lieux dans une parfaite hygiène, si vous en doutez, on peut faire le tour ou sinon encore mieux, j’vous laisse venir un matin pour venir participer au nettoyage des boxs histoire de voir si vous êtes aussi doué pour ça, que pour venir faire chier les honnêtes gens qui tentent de donner une meilleure vie à ces animaux… » Ce n’était peut-être pas le cas des autres, après tout, elle n’en sait rien ! Mais ce n’est pas son problème à elle. Elle ça fait une année qu’elle fait ça et qu’elle n’a quasi pas de salaire, et qu’elle n’a pas de jour férié non plus. Alors très clairement, il a misé sur le mauvais cheval. « Maintenant, si vous êtes venu uniquement pour ça, la porte est là, j’ai encore du travail, merci au revoir. » Elle n’attend même pas qu’il ait franchi la porte, qu’elle le fait elle-même, parce que vu l’heure et vu la moutarde qui lui monte au nez, elle va allait se calmer en sortant les chiens et jouer avec elle. Ça sera clairement plus positif sur elle que ruminer chez elle à attendre l’heure du nourrissage.

Elle me pose les bonnes questions et je ne lui réponds pas tout de suite parce que je suis occupé à la regarder. Elle est belle, ses yeux surtout, je m’y perdrais dedans et du coup je perds un peu le fil de la conversation. Je n’arrive pas à me détacher de son regard et je pense qu’elle va finir par s’en rendre compte et peut-être par me trouver lourd alors je me reprends et fini par lui répondre, c’est quoi qu’elle me demandât déjà, ah le jardin pour le chat …

« Il est clôturé. On a une piscine. Le premier chat y a appris à nager … »

Ça pourrait être une blague, mais c’est la pure vérité. Il a failli y tomber une fois, mais il a réussi à se sortir tout seul de là. Il y remet parfois les pattes, on dit souvent que les chats n’aiment pas l’eau, mais celui là c’est tout le contraire. Je ne sais pas si elle ne me prendra pas pour un dingue, peut-être que si au fond. Dommage. Les chats ne sont pas comme les humains. Elle n’a pas l’air d’apprécié beaucoup mon sens de l’humour. Dalila me trouvait souvent épuisant, mais je n’ai jamais pu m’empêcher de faire des petites blagues. Je fini par répondre :

« Evidemment, c’était une plaisanterie, mauvaise je le reconnais. »

Je n’aurais sans doute pas du commencer comme ça, je n’ai jamais eu le tact, enfin plus maintenant. Je l’avais avant moins maintenant, je n’y vois plus trop d’utilité, je n’ai pas tellement l’intention de me remarier de toute manière, je ne comptais pas retrouver le grand amour, même si de temps en temps j’ai une nouvelle petite amie, je sais très bien comment ça finira, c’est mieux comme ça. Elle me rejoint sans doute pour me montrer les chats juste après que je lui ai demandé si son refuge était aux normes et vu le regard qu’elle me lance, elle n’apprécie pas tellement ma demande, logique. Je m’y attendais et vu le cœur qu’elle met à me répondre, je comprends que j’ai à faire une fille réellement sérieuse qui se préoccupe sincèrement du bien être des animaux. Je lève les mains, je me sens un peu mal barré et démasqué, mais je ne me trouve pas chiant pour autant, bon peut-être un peu je l’admets. J’aurais dû être plus subtile et elle sort après m’avoir dit que je peux m’en aller si je peux venir pour ça. Je lève les yeux au ciel, quel crétin. Je lui cours après, enfin courir est un grand mot je la rattrape disons et fini par lui dire :

« Je vous crois sur paroles. Je suis désolé, déformation professionnelle. Je ne peux pas m’empêcher de faire mon chiant, demandez à mon frère, il en a marre il est prêt à me virer de chez moi. Je vous assure, je ne voulais pas vous ennuyez. Je suis vraiment là pour trouver un chat pour ma fille … J’ai fait plusieurs refuges et comme je suis assez … Exigeant, vous êtes ma dernière chance. »

J’ai l’air d’un con. Je suis un con, mais au moins je me suis rattrapé, du moins j’espère.

Elle est ahurie de l’entendre répondre. Son premier chat, a-t-il vraiment appris à nager grâce à sa piscine ? Elle se demande s’il y a une camera quelque part et regarde autour d’elle au cas où, mais ne voit rien. Pourtant, elle ne dit rien, n’ajoute rien et le laisse finir, gardant la ronflante pour la fin. Autant tout lâcher d’un seul coup après tout. Mais du coup cela veut aussi dire que sa piscine n’est pas du tout sécurisé, donc pas aux normes, et elle se met a espérer qu’il n’a qu’une fille de dix-huit ans. Parce qu’avec des enfants avec un âge plus bas, c’est la mort assurée… Isi ne se voit pas savoir ça et laisser passer sans le signaler. Mais elle ne peut non plus le signaler sans l’avoir vu de ses propres yeux… Dilemme ! Lorsqu’il annonce finalement que c’est une plaisanterie, elle devrait le prendre comme un soulagement. Seulement ça ne lui fait clairement pas cet effet à la blonde. D’un homme plutôt charmant à regarder, il est devenu en moins de cinq minutes un être parfaitement détestable. Le genre d’homme qu’elle n’aime absolument pas fréquenter, ni côtoyer. Ça devrait lui faire perdre de son panache et pourtant elle continue de le trouver beau… Mais c’est visiblement tout ce qu’il a pour lui ! Et l’humour ne semble pas non plus être son fort. Dommage parce que c’est quand même une chose qui contribue beaucoup pour une femme, du moins, pour Isi.

Il aurait pu en rester là, seulement, il en a rajouté une couche en lui demandant si elle était en règle au niveau des papiers et des acceptations du refuge. Cette fois, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Isi fidèle à elle-même le renvoi dans son trente-six fillette et se retient de lui coller une baffe juste pour le plaisir de se détendre un peu. Non elle préfère lui demander de dégager le plancher et aller se détendre auprès des chiens. Ça sera clairement plus positif pour son karma et sa santé mentale. Comme si elle avait besoin qu’un connard de journaliste vienne lui demander si elle était en règle. Pas comme si elle avait dû défendre son bout de gras pendant des mois pour pouvoir obtenir ses autorisations et qu’elle se battait chaque jour pour être la plus irréprochable possible. Malgré le manque cruel de moyens qu’elle disposait. Car elle était loin d’être riche ou une gosse de riche qui pouvait demander à papa de renflouer son compte pour continuer à vivre. Il ne le lui dit pas, mais elle sait qu’il peine parfois lui aussi à joindre les deux bouts, mais il continue de l’aider alors qu’elle ne lui demande jamais rien. Et ça la gène…

Elle lève les yeux au ciel lorsqu’elle l’entend derrière elle. Il tente de s’expliquer et ça la fait rire, de façon ironique évidemment… « Au moins vous reconnaissez être un con sans que les gens aient besoin de vous le dire, c’est déjà un bon point ! » Le coupe t’elle. Bien que ça ne l’empêche pas de continuer. Ça ne l’étonne pas vraiment que son propre frère tente de le virer de chez lui, s’il est comme ça avec tout le monde en plus… Le pauvre n’est pas aidé. Isi en vient à se demander comment une femme à pus le supporter suffisamment longtemps pour avoir un enfant avec… Bien qu’elle se rappelle qu’il ai dit qu’elle était décédée. Peut-être à t’il changer après ? Elle l’espère pour cette pauvre femme, et pour sa fille aussi d’ailleurs ! Parce que s’il est aussi chiant comme père qu’il l’est comme client… Elle a encore un rire d’ironie lorsqu’il achève son explication. « Trop d’honneur. » Ironise-t-elle à haute voix alors qu’elle a atteint les premiers boxs et les chiens sont déjà en train d’aboyer en sautant de joie et d’excitation devant les portes de leur cage. « C’est sûr que si à chaque fois vous leur avez dit que votre chat avec appris à nager dans votre piscine… » Dit-elle distraitement en ouvrant la première porte attrapant le chien qui lui sautait dessus pour l’attacher à l’une des laisses qu’elle avait récupéré sur le côté. « Ça vous est venu à l’esprit le temps de quelques secondes au milieu de vos déformations professionnelles que les refuges ne voulaient peut-être pas placer leurs animaux n’importe où et qu’eux aussi étaient exigeant ? Parce que personnellement c’est mon cas. Je ne travaille pas dure chaque jour à rester en règles, pour placer mes animaux chez le premier venu qui va mettre en doute mon travail, et ce, sans carte de presse qui plus est. » Après tout, c’est lui qui a commencer, elle ne sortirait pas autant les dents s’il était simplement resté à sa place… Si personne n’avait le courage de le remettre à sa place, Isi elle si ! Et elle n’allait pas s’en priver.

Je la rejoins et je ne sais pas si c’est franchement une bonne idée, vu comme elle a l’air énervé après moi et évidement et je reste comme un con. Je n’ai même pas dit con, j’ai dit chiant, ce n’est pas tout à fait la même chose. Elle me plait. Je devrais la détester pour me traiter de con, mais je n’y arrive pas et puis au fond je l’ai cherché. Je l’ai rattrapé et je suis devant elle. Je croise les bras. Elle veut jouer à ça … je suis très fort à ce jeu-là.

« Je n’ai pas dit con ça c’est vous qui le dites, merci du compliment d’ailleurs. C’est trop d’honneur également. »

Je lui fais un sourire. Je ne suis pas le moins du monde déstabilisé par une insulte. J’ai l’habitude. Je reçois des insultes régulièrement des gens qui ont eu un procès parce que mon journal les a dénoncés. Je reçois également pas mal de lettre de menace alors ce n’est pas un petit « con » qui va me chambouler. Je soupire quand elle me parle du chat. Je savais bien que ce n’était pas franchement une très bonne idée. J’aurais dû m’en douter.

« Baghera va très bien. C’est un membre à part entière de la famille. Je ne l’aurais jamais laissé se noyer, mais il se trouve qu’il aime bien l’eau contrairement aux autres chats. »

Je lui dirai bien que ça lui arrive même de prendre son bain avec moi, enfin il vient sur le rebord et il trempe sa patte, ce chat est assez particulier, j’ai parfois l’impression qu’il est muté avec un autre animal, il n’a pas toujours un comportement de chat c’est assez perturbant, mais au fond je l’adore comme ça. Je me pince la lèvre quand elle me dit que les refuges sont aussi exigeants. Tout ça ne va nous mener nulle part. Je hausse un sourcil quand elle me parle de ma carte de presse. S’il n’y a qu’elle peut l’avoir.

« Et je travail dur aussi pour la protection des animaux, vous savez combien de personnes ne prennent pas aux sérieux la vie de ces petites bêtes ? Il y en a des tas, si vous lisez un peu les journaux peut-être que vous tomberez sur un article qui dénonce la maltraitance animale, peu importe si je me fais traiter de con ensuite. J’estime que le travail d’un journaliste est de dire la vérité. Je ne remets pas en cause le vôtre. Je m’assure simplement que ces animaux sont bien traités et votre réaction me confirme que c’est le cas. Vous m’auriez envoyé chier si ça n’avait pas été le cas. Je le sais j’ai déjà eu le cas. Je m’excuse de vous avoir offensé et si vous voulez ma carte, je l’ai. Lisez « le scandale » … vous verrez que je ne vous mens pas. »

Je ne lui dis pas que mon journal a brûlé, on écrit toujours et on publie de chez moi et j’imagine qu’elle est au courant de tout ça, elle connaît surement, ça a fait un tapage monstrueux et je m’en suis pris pleins la tête parce que pour beaucoup c’est de ma faute, pour beaucoup j’aurais dû la fermer et ne pas continuer d’enquêter sur ce foutu type. Je ne voyais pas pourquoi. Il débarque de nulle part et il à la tête d’une fortune considérable, pour moi c’était louche alors j’ai enquêté et on m’a fait clairement comprendre que je devais arrêter, mais je n’arrêterai pas pour si peu. Les menaces ne me font pas peur, grande ou petite. Je décroise les bras et fini par lui dire :

« Est-ce que je peux espérer voir un de vos chats ou pas ? Je vous assure qu’il sera très bien, je peux vous montrer des photos de Baghera, vous verrez vous-même qu’il n’est pas malheureux et pour info j’ai clôturé la piscine … »

Je ne sais pas si elle va m’accorder un regard ou même le bénéfice du tout, mais au moins j’aurais essayé, certes de la mauvaise des façons, mais je devais m’assurer que c’était quelqu’un de bien et je n’en ai plus aucun doute à présent.

Elle se trouve un peu conne lorsqu’il lui dit qu’il n’a pas dit être un con. Elle fouille alors sa mémoire et n’arrive pas à retrouver le mot exact qu’il a pu utiliser… Surement que ce qu’elle pensait n’a pu faire autrement que de remplacer le mot par con. Parce qu’elle le pense très fortement à cet instant même et elle aimerait qu’il dégage le plancher sans plus attendre… Mais ça semble trop demander puisqu’il la suit ! Elle ne se laisse pas démonter et campe sur ses positions tout en continuant de marcher en direction des boxs. Il lui sourit en plus ! Il ne manque décidément pas de toupet. Le pire, c’est qu’il l’agace encore plus à être aussi charmant malgré le fait qu’elle vient de lui avouer qu’il était un connard… Elle s’arrête en rigolant de façon appuyée et prouvant de l’ironie de son rire. Elle le regarde droit dans les yeux, le fusillant toujours du regard. « Heureusement qu’il va bien ! » Le reste elle n’est pas sûre de pouvoir en tenir compte… Est-ce que ce chat aime vraiment l’eau où est-ce qu’il tente de se rattraper pour pouvoir quand même avoir un chat du refuge… Elle est méfiante et vu le début, il va devoir lui fournir des preuves bétons pour qu’elle accepte de lui laisser un animal de chez elle.

Elle repousse le chien à l’intérieur et referme aussitôt la porte du box qu’elle vient d’ouvrir pour lui faire face. « Vous pensez sérieusement que je ne le sais pas… » Dit-elle au milieu de ses phrases à lui, pour lui répondre du tac au tac, bien qu’il continue et ne se démonte pas lui non plus. Mais elle se stoppe aussitôt de le couper en écoutant la suite. Ce radoucissant un peu. Elle comprend par ses paroles, qu’ils sont dans le même bateau. Elle aide les animaux, lui dénonce là où ça ne va pas. Tous les deux dans l’intérêt et pour le bien-être animal. C’est la deuxième fois en moins de cinq minutes qu’elle à cette sensation de se trouver conne devant lui. Et elle déteste ça ! Parce qu’il a un humour de merde, qu’il a commencé à l’agressé le premier avec ses questions sur ses papiers en règle et qu’en prime elle n’avait pas vu un homme aussi charmant physiquement depuis longtemps et qu’elle avait la sensation dégueulasse que l’enveloppe physique n’était pas en adéquation avec ce qui se trouvait à l’intérieur. À moins qu’elle ne se trompait sur lui ? L’erreur était humaine.. Peut-être que son mal de crâne et son approche avaient fait qu’Isi l’avait jugé trop rapidement ? Un blanc s’installait quelques secondes, le temps qu’elle fasse tourner ses pensées dans sa tête. Qu’elle trouve quoi répondre. Sa colère ne disparaît pourtant pas. Elle sent l’amertume qui règne en elle et elle déteste cela, parce qu’il l’a fait partir au quart de tour, elle qui a toujours tendance à être quelqu’un de calme.

Les traits de son visage ne se desserrent pas, mais ses épaules ce détendent un peu tout de même. Sa main toujours accrochée au barreau de la porte, elle finit par soupirer. En vérité, ce qui la détend le plus, c’est l’excuse qu’il vient de lui faire. S’il était le con qu’elle s’imagine, il ne lui aurait pas adressé la moindre excuse. « Je m’excuse de mettre comporté de cette façon et de vous avoir traité de con. » Dit-elle en soupirant encore une fois. Non pas que ses mots ne soient pas sincères. Parce qu’elle ne fait jamais d’excuses dans le vent. « Je vous crois, je n’ai pas besoin de votre carte de presse… » Elle lève les yeux vers lui, plantant son regard bleu dans le sien. « Votre humour… plus que douteux… est juste mal tombé. » Avoue-t-elle finalement en tentant de prendre des pincettes. Elle porte une main jusqu’à sa chevelure blonde, la passant sur son front avant de glisser ses doigts dans sa tignasse, replaçant ainsi ses mèches en arrière.

Elle soupire à nouveau lorsqu’il lui redemande s’il peut quand même voir les chats. Pour quelqu’un qui ne la connaît pas, autant de soupir pourrait laisser croire qu’elle est agacée. Et dans un sens, c’est un peu le cas. Toujours un peu ! Mais c’est surtout d’exaspération contre elle-même qu’elle soupire. « Oui évidemment. Laissez-moi juste le temps de sortir les chiens dans le parc juste derrière ? » Comme si elle lui laissait le choix en fait… Non, maintenant qu’elle était là et que les chiens l’avaient entendu arriver, ils s’étaient mis à aboyer, tellement heureux de savoir que c’était l’heure de la sortie ! Elle commençait alors à faire box après box, pour récupérer les chiens un à un. « Quel type de caractère aimez-vous ? » Demande-t-elle, tout en se débrouillant avec les chiens qui tiraient de plus en plus et surtout commencé à être nombreux. Mais elle avait l’habitude, surtout à cette heure, elle était souvent seule pour faire cela.