Il n'y a pas que les animaux qui ont parfois besoin d'aide | Isibeal

Tu marchais dans les rues de Hill Head, les mains dans les poches, depuis une vingtaine de minutes, ou bien le double. Le froid de l'hiver ne te gênais pas même s'il mordait la peau de ton visage qui n'était pas couverte. Perdu dans tes pensées, tu laissais tes pas te guider vers le quartier de Old Street, celui plus en bordure de la vile, le plus éloigné aussi de chez William mais tu avais le temps devant toi, alors entre le bus et la marche à pieds, tu savais que tu arriverais correctement à destination. Et puis, tu devais l'avouer, prendre du temps à te rendre à Old Street ne te gênais absolument pas. Parce qu'à l'origine, ce n'était pas de bon cœur que tu y allais.

En effet, peu avant ton départ de Londres, tu as eut un rendez-vous avec ton thérapeute, qui te disait prêt à pouvoir espacer la thérapie que tu suivais depuis plusieurs mois maintenant. Faisant que tu n'irais maintenant que si tu en sentais le besoin où alors une fois par mois. Réduisant les séances alors que tu y allais jusqu'à récemment au minimum une fois par semaine.
Le fait de ce gros changement a été ta décision coup de tête, comme la plus part d'entre elles, en voulant vendre ton appartement dans la capital pour repartir à Hill Head. Après tout, tu n'avais plus rien à y faire là-bas. Tu n'étais plus fiancé depuis plus d'un an, tu ne pourrais plus bosser à la Royal Air Force, alors qu'est-ce qu'il te restait dans cette ville où tu n'étais que quelques mois par années ? Tu as donc préféré rentrer là où tu as presque toujours vécu, et là où ta famille vivait encore.
Le deuxième gros changement qui a réduit drastiquement tes séances avec ton thérapeute est le fait que tout se passait relativement bien pour toi. Tu étais apparemment sur la bonne voie et tout n'étais plus qu'une question de formalité mais tu ne devais pas perdre ce bon rythme que tu avais. Les différents traumatismes crâniens suite à ton crash t'avaient tout de même rendu émotionnellement instable. Toujours est-il que même si tu savais que jamais tu ne serais guérit, tu avais une chance de pouvoir retrouver ton autonomie complète d'ici quelques mois.
Et la dernière chose qui a fait que ton thérapeute était cette fois un manipulateur, c'est qu'il t'avait demandé de t'engager. Ho non, pas engager à l'armée, ce n'était plus possible. Non, il t'avait demandé de t'engager bénévolement dans quelque chose de ton choix. Son excuse était que tu passais trop de temps renfermé sur toi la journée, ne semblant prendre vie qu'une fois le début de soirée arrivant et que cela devait changer si tu voulais être certain de reprendre une vie plus ou moins normale.

Ce qui t'amenait donc dans ce quartier. Quelques jours après avoir emménagé chez William, tu as parcouru le net pour trouver des associations ou des structures où tu allais devoir donner un coup de main. Bien sûr tu aurais pu ne pas le faire, mais cela aurait pu permettre à ton thérapeute de revaloriser son jugement à ton propos et te faire tout recommencer.
Ton choix s'était porté sur un refuge pour animaux, qui n'existait pas quand tu habitais ici. Te disant que tu préférais mille fois être avec des animaux qu'avec des humains. Bien que les côtoyer n'était plus autant un soucis qu'à ta sortie de l'hôpital, où mettre un pied dehors était impossible sans que tu fasses une crise de panique. Mais côtoyer des humains à longueur de journée allait te rendre encore plus vulnérable que tu ne l'étais déjà. Et tu n'étais pas prêt à afficher devant tout le monde une possible crise de panique pour être dans un endroit trop restreint avec une densité de personne trop importante, ou d'avoir d'anciennes réactions à des bruits que ton corps prendrais pour des rafales de balles, ou pire, qu'une séquelle sur ta façon de t'exprimer ou sur tes mouvements ne se manifeste et enchaîne un millier de questions que tu ne veux pas. En bref, le refuge était idéal. Et puis, tu as toujours aimé les animaux.

Tu regardes rapidement sur ton téléphone le gps. Apparemment tu étais arrivé. Et au vu des bruits d'animaux, c'était effectivement le cas. Alors te laissant guider, tu contourne une vieille maison pour arriver devant un bâtiment qui avait l'air un peu plus récent. Tu ne sais pas du tout où tu mets les pieds, mais tu sais aussi que tu ne peux pas reculer, pas maintenant. Tu n'étais pas un lâche.
Alors que tu t'approchais dans le bâtiment, une jeune femme était semble-t-il occupée à nettoyer un box vide. Tu ne sais pas si c'est elle, le femme dont le nom était affiché sur la page internet. Tu ne sais même pas concrètement qui bosse ici, tu as juste vu qu'il s’agissait d'un refuge et sans réfléchir encore une fois, tu y est allé. « Salut. » Elle sursaute, apparemment elle ne s'attendait pas à avoir de la visite. Et peut-être as d'un type comme toi. « C'est toi qui gère ici ? » Ton regard se porte sur les box et sur le reste de cette partie du bâtiment. L'habitude d'analyser le terrain dans lequel tu venais de mettre les pieds. Bien qu'il soit peu probable que tu tombes sur des ennemis prêt à te descendre.

Tu te rapproches de la jeune femme qui avait finalement posé ce qu'elle tenait pour te faire face. Mes mains toujours dans les poches, tu sas que tu devrais les sortir pour déjà donner une meilleure impression mais aussi pour lui serrer respectueusement la main. Mais tu n'en as pas envie non plus de ça.
Au contraire de ça, tu t'appuies d'une épaule contre un des box, un sourire jouant doucement sur tes lèvres. « Je veux me porter bénévole. » Bravo Gabe, belle entrée en matière. Tu ne sais pas du tout dans quoi tu t'embarques. Mais une chose est sûr, une chose sûr laquelle ton thérapeute avait sans doute parier, c'est que lorsque tu t'engages à faire quelque chose, tu le fais. Surtout quand il faut agir pour une bonne cause, comme ici, s'occuper et aider des animaux qui comme toi, on sans très peu de doutes vu la misère et le désespoir sur terre.

Elle n’a même pas besoin du réveil pour ouvrir les yeux. Le soleil qui berce la pièce de ses rayons suffit à ce qu’elle s’éveille en douceur, la belle au bois dormant. Même si pour être sincère le bois autour d’elle à sacrément une sale gueule ! Elle se redresse doucement dans son lit, étirant ses bras de chaque côté tel un chat, manque plus que les ronrons, mais pour cela, il faudrait qu’elle ne soit pas seule dans ce lit qui se trouve être froid partout où elle n’est pas. Il lui suffit d’un regard dans la pièce pour ce dire qu’elle devrait se pencher sur la rénovation de sa propre maison maintenant que le refuge à bien avancer. Mais c’est plus fort qu’elle. Chaque fois qu’elle a un peu d’argent, elle ne peut s’empêcher que l’injecter dans les fonds du refuge. Parce qu’à ses yeux, ils sont bien plus importants qu’elle. Même si son père aimerait qu’elle pense un peu plus à son bien-être qu’a celui des animaux qu’elle recueille. Pour Isi, tant que cette vieille bicoque peut supporter le vent sans en arracher la totalité du toit, c’est qu’elle peut tenir encore un peu.

Elle se sort de son lit et part directement dans la salle de bain pour prendre une douche qui la mettra d’attaque pour la journée. Surtout qu’elle est chargée ! C’est aujourd’hui qu’elle a une sortie de prévu avec la camionnette pour récupérer des animaux ou a été signaler un cas d’animal hoarding. Elle ne sait absolument ce qui l’attend sur place, elle sait juste que la police sera là pour l’aider afin que la propriétaire ne s’en prenne pas à elle et la laisser prendre certains de ses animaux. Parce qu’elle ne sait pas combien elle a en, mais elle ne pourrait jamais tous les ramener en une seule fois ! Isibeal ne prend même pas le temps de boire un thé qu’elle passe déjà le pas de la porte de sa maison pour rejoindre la réserve et préparer les gamelles de tous les pensionnaires. Au premier bruit de croquettes dans les gamelles d’alu le refuge s’éveille dans un concerto d’aboiement qui résonne plus ou moins loin, au grès du vent. Elle passe ainsi dans chaque box en demandant à chaque animal de se mettre au fond d’un ordre vocal qu’elle leur apprend à tous dès l’instant où ils posent une patte ici. C’est quasiment à la fin du nourrissage qu’elle se rend compte que Bouby, un jeune mâle croisé staff ne semble pas aller bien. Il ne lui faut pas longtemps pour prendre son téléphone portable et passer un coup de fil à Caël histoire d’avoir la marche à suivre. Parce qu’elle n’est pas vétérinaire, et même si elle commence à en connaître un rayon depuis qu’elle tient ce refuge, jamais elle ne prendrait le risque de faire de l’automédication.

C’est de cette façon qu’elle avait pris du retard dans son planning du jour. Elle avait sorti les chiens de toute une rangée de box, les laissant se dégourdir les pattes dans le parc prévu à cet effet, le temps d’être tranquille pour pouvoir nettoyer les saletés de la veille et de la nuit. Rituel qu’elle effectuait chaque jour. C’était routinier, mais nécessaire ! La santé des animaux était en jeu, mais également la réputation du refuge, et donc sa réputation directement ou indirectement, selon les points de vue… Lorsque la voix d’un homme vient faire exploser sa bulle, la jeune femme sursaute, tenant son balai-brosse d’une seule main, l’autre venant se mettre droit sur son cœur, comme si le geste pouvait stopper les battements incontrôlables. Elle ne l’avait jamais vu en ville. Bien que ce n’était pas vraiment une référence en soi, puisqu’elle n’était ici que depuis une année. « Elle-même. » Précise-t-elle en réponse à la question qu’il pose. Ne s’offusquant pas le moins du monde par le fait qu’il la tutoie sans même la connaître. Par expérience, elle comprend qu’il n’est pas venu pour adopter un animal. Isibeal retrouve une respiration normale et se tourne vers lui, lui faisait à présent face. La blonde le suit du regard alors qu’il s’appuie de l’épaule conte la paroi du box annonçant qu’il souhaite être bénévole au refuge. Elle le regarde alors de haut en bas.

La belle aubaine, un homme fort justement le jour où elle a un retard monstre ! Elle n’aurait pu rêver mieux. Un sourire vient se dessiner sur ses lèvres en se disant qu’il n’avait sûrement pas idée de ce dans quoi il se lançait ! Mais aussi que s’il n’y arrivait pas ou venait à se plaindre elle pourrait se moquer de lui en lui avouant qu’elle faisait tout ce qu’elle pourrait lui demander, tous les jours, et ce, toute seule la plupart du temps. « J’avais justement besoin d’aide pour rattraper mon retard ! Alors porte toi là-bas et prends le tuyau d’arrosage et le seau là, j’te laisse faire les autres boxs. » Note d’humour qu’elle tente discrètement. Parce que la tournure de phrase l’avait fait rire, alors autant en jouer un peu. Elle le laisse suivre les consignes et entre à nouveau dans son box qu’elle continue de briquer, parce qu’elle ne l’a pas fini. Mais ça l’arrange bien, parce qu’elle va pouvoir aller faire la rangée suivante si lui s’occupe de celle-ci. Lorsqu’elle l’entend revenir dans son dos, la jeune femme se tourne à nouveau vers lui. « C’est simple, dans chaque box tu entre, tu secoues les tapis et panier, tu ramasses les déjections que tu mets dans la poubelle juste là.. » Elle lui désigne du doigt l’énorme poubelle noire recouverte d’un sac plastique. « ..ensuite tu asperges les parois avec ça… » Elle lui désigne le spray contenant le désinfectant. « …tu frotte, puis t’envoie des seaux d’eau le dedans pour tout rincer. Quand c’est fait, pour toute la rangée, tu pourras venir me voir, on remettra les chiens dans leur box. Ok ? » Elle espère que ça l’est, parce que si elle doit passer quatre heures à lui faire le topo, il ne lui sera qu’aucune aide.

Donc, c’était bien elle Isibeal Brownon. Inconnue au bataillon, le nom ne te disait rien, sans doute une famille qui a débarqué quand tu n’étais plus là. En même temps tu es officiellement partit d’ici depuis vingt ans. Et elle en avait quoi… Tout juste vingt-cinq ? Grand maximum. Donc ce n’est pas étonnant que tu ne la connaisses pas.
En tout cas elle semblait contente de te voir débarquer, même si comme d’habitude tu le fais sans tact et sans manière. Au moins une qui gueulera pas contre ces cons d’irlandais de McMillan, coucou maman, coucou mamie, et qui acceptera ton aide. Une chose positive que tu diras à ton thérapeute tiens. 'Vous vous souvenez la nana que je devais aller voir pour le bénévolat ? Bah elle a bien voulu de moi, z’êtes content ? Maintenant noter le en positif dans mon dossier. Je veux cette putain de réhabilitation.' Lui il sera content de voir que même en ne faisant aucun effort les gens veulent bien de toi, ça lui donnera raison une fois de plus que t’es pas un cas sans avenir sur terre, ça lui flattera son égo et il oubliera que sur terre, pour toi ça veut dire que t’es rien.

Tu écoutes ce qu’elle te dit, nettoyer des box, c’est pas bien compliqué. Même si son petit sourire aurait pu te mettre la puce à l’oreille mais tu ne fais que hocher la tête. « Bien M’dame. » Dis-tu avec un sourire en allant poser ta veste et d’aller vers le seau indiqué, le remplissant d’eau.
Tu prends le box juste à côté de celui qu’elle faisait, il fallait bien commencer quelque part, avisant aussitôt qu’il fallait les nettoyer vraiment de fond en comble. Tu fronces les sourcils, utiliser le seau c’est bien mais t’en fait quoi, tu le balance sur tout ça et tout disparaît comme par magie ? Tu les mets ou les trucs comme les tapis et autres jouets ?
Revenant sur tes pas, tu te penches dans le box que Isibeal nettoyait, regardant comment elle faisait et ce qu’elle utilisait. Car son box à elle, il était bien vide. Donc il y avait une marche à suivre. « Est-ce qu’il y a une façon particulière de faire ? » Tu suis du regard à chaque fois qu’elle te montre quelque chose, enregistrant chaque étape aussi facilement que si tu cuisinais un œuf sur le plat. Hochant plusieurs fois la tête ou laissant sortir une onomatopée comme quoi tu avais suivit ses consignes. « Ok. » Tu reviens dans le premier box, te saisissant des tapis avant de les secouer aussi fortement que tes bras te le permettent. Les posant sur les barreaux pour nettoyer le sol sans foutre plein d’eau dessus.

Tes gestes étaient plus lents que ceux de la jeune femme, on voyait bien qu’elle avait plus l’habitude que toi à faire tout ça. Et puis, tu es resté des mois sans rien faire, n’allant à la salle que lorsque tu avais tes séances de rééducation, ayant totalement laissé tomber depuis le début de la nouvelle année. Ton corps n’était plus habitué à avoir un rythme soutenu.
Tu ne vois pas le temps passer, une fois que tu as tout fait dans l’ordre dit, tu admires ton travail, fier de voir le box presque étincelant. Avant de te tourner pour voir que Isibeal avait déjà changé de place, puis de voir qu’il t’en restait encore plusieurs à faire. Avec un sourire, tu reprends le matériel avant d’entrer dans le suivant, reprenant les mêmes gestes que précédemment. Tu en fais plusieurs ainsi, sans poser plus de question, prenant soin de bien exécuter les gestes, retirant même ton pull à un moment. Tu ne sais pas non plus combien de temps il s’écoule, travaillant en silence, sans échanger un mot avec la jeune femme.
Tu es dans ta bulle, dans tes pensées. Les gestes mécaniques et répétitifs te laissant t’évader mentalement, chassant également les bruits lointains qui résonnent parfois dans tes oreilles.

Tu rentres dans le dernier box de ta rangée, prêt à te saisir une fois encore des tapis avant de t’arrêter et inspecter l’un d’eux. Ouais, pas de toute, c’était tout sauf des excréments. C’était totalement reconnaissable, même lorsque cela venait d’un animal. Enfin, ce n’était pas sa faute à la pauvre petite bête. Tu te redresse et passe ta tête par l’ouverture, cherchant ou était la demoiselle. Avant de la héler en haussant la voix. « Si il y a un des chiens qui a vomit, je suppose que je dois te le dire aussitôt ? » Tu montres en même temps le fameux tapis malheureusement victime de son propriétaire qui n’a pas peut-être pas réussi à digérer son repas de la veille dans le meilleur des cas.
Tu marmonnes avant de prendre l’élément du crime et le sortir dans le couloir, ne faisant même pas attention de si Brownon pouvait t’entendre ou non, complètement dans ta bulle à nouveau. Tu verras ça après, pour le moment, secouage de tapis. « Au moins, ça ne peut pas être pire que d’arriver après une fusillade de civil. » Testé et approuvé. Et depuis ce jour-là, depuis ta toute première fois, tu sais que nettoyer la merde ou le vomi n’a plus aucun effet sur toi. Cela restait certes peu ragoûtant mais tu pouvais gérer sans que tes boyaux ressortent d’eux-mêmes par ta bouche.

C’est loin d’être quelque chose qu’elle aime, et elle est loin d’être à l’aise avec le truc. Parce qu’elle ne s’est jamais senti l’âme d’une dirigeante. Donner des ordres ce n’est pas dans sa nature. La blonde se sent un peu mal à l’aise vis-à-vis de ça. Mais quand elle a affaire à un nouveau, elle n’a hélas pas le choix. Ce n’est que lorsqu’il lui confirme qu’il a compris qu’elle se dit qu’elle aurait peut-être dû lui demander s’il avait des questions. Mais il disparaît aussitôt alors elle se dit que pour un nouveau il n’est peut-être pas trop con et qu’il a réellement tout compris ! Ou alors il a déjà fait ce genre de tâche et ce n’est qu’une promenade de santé pour lui ? Isi s’active à nouveau à la tâche en silence. Elle se dit même qu’elle devrait peut-être acheter un petit poste radio pour qu’il y ait un peu de son, autre que les aboiements des chiens, dans les allées. Elle se redresse et se stoppe une nouvelle fois lorsqu’il revient en demande s’il y avait une façon particulière de faire. Elle lui explique alors que les tapis et les paniers elle les relève soit sur les petites niches dans le fond des boxs, soit sur les barreaux directement. Et tout cela toujours avec le sourire. Et les voilà repartie, en silence à nettoyer les petits espaces des chiens.

Elle termine rapidement. Faut dire qu’elle l’avait commencé avant lui aussi ! Elle passait tout de même au box suivant. Commençant de nouveau tout le processus, dans le plus grand des silences. Toussant peut-être un peu, parfois. La blonde l’entend, qui remue dans le box d’à côté et ouvre la bouche, pour dire quelque chose avant de finalement se raviser. Et cela, plusieurs fois. Il a un quelque chose, elle ne sait quoi ! Pourtant, elle sent qu’il n’est pas là par hasard, ni pour parler d’ailleurs. Parfois, elle arrive à sentir ce genre de chose, elle avait déjà aidé quelques personnes venues au refuge. Ils avaient fini par parler, s’ouvrir à elle. Et quand ils avaient été mieux, elle ne les avait plus jamais revus. Sauf cette jeune fille, Helen. Elle avait reçu une carte postale de sa part cet été. Ça l’avait touché la petite blonde, elle l’avait accroché dans le bureau pour la garder. Elle l’entend qui bouge encore à côté, en plus d’un soupir de satisfaction de sa part. Elle sourire en coin la blonde, parce qu’elle connaît ça que trop bien, seulement, il est loin d’avoir terminé.

Elle se redresse à nouveau et son visage se crispe sous la décharge qu’elle reçoit dans le bas du dos à force de travailler à moitié penchée. Isi regarde le bénévole inconnu et hoche la tête lorsqu’il lui annonce qu’un des chiens à vomi. « Ouais, je sais, c’est Bouby. J’ai déjà appelé le véto pour qu’il vienne le voir, mais je sais pas quand ça sera. » Elle se pince un peu les lèvres embarrassée, elle espère que ça ne sera pas trop tard dans la journée, histoire que ce pauvre chien puisse aller mieux. « Laisse son tapis à l’extérieur, faudra que j’le passe en machine et faut lui en mettre un propre. J’irais le chercher avant de les rentrer. » Elle se remet à son travail en voyant qu’il entre de nouveau dans le box, pour continuer la tâche qu’il a commencé. Elle se demande alors combien de temps, il va passer ici. Combien de fois il va revenir. Pour combien de temps également. Isi se demande s’il est là de son plein gré également. Si ce n’est pas le cas, il s’est le cacher en tout cas, car il semble très volontaire !

Lorsqu’elle a enfin terminé son box, elle vient appuyer son épaule contre l’ouverture du box ou se trouve l’inconnu. Elle l’observe faire un sourire aux lèvres, attendant bras croisés qu’il termine. Quand c’est chose faite, elle le suit du regard en se redressant. « On rentre les chiens et j’t’offre un truc à boire ? » Elle attend sa réponse avant de prendre la marche en direction de l’enclos contenant les chiens, faisant avant cela un détour pas la réserve non loin histoire de prendre un tapis et des laisses supplémentaires qu’elle lui tend. « On dirait que t’as fait ça toute ta vie ! » Elle marche à ses côtés, levant de temps en temps le nez vers lui pour l’observer. Quand ils arrivent au portail, tous les chiens accourent vers eux et se mettent à sautiller et aboyer, heureux de leur arrivée.

Bouby. Tu ne sais pas pourquoi mais tu éviteras de lui faire des câlins aujourd'hui. « D'accord. » Tu poses le tapis avant de te remettre au nettoyage du box. Te mettant à siffloter un air d'une musique irlandaise que tu connais sur le bout des doigts depuis ton enfance et qui t'a accompagné pendant des années, notamment lorsque tu étais en mission.
Tu sens même le regard de Isibeal sur toi lorsque tu finis de faire le box mais tu ne bronches pas, la laissant regarder ce que tu fais sans changer quoi que ce soit, de toute façon elle ne te dit rien c'est que ça doit lui convenir.Tes gestes son répétitifs et la musique que tu chantonnes doucement fini de vider ton esprit de toutes pensées positives ou négatives, te permettant juste d'apprécier ce que tu fais aujourd'hui. Tu te rends même compte que cela t'avait presque manqué d'avoir des choses à faire, de donner de ta personne, de faire un truc manuel. Ce que tu n'avais pas fait depuis... Tu ne veux pas y penser, cela fait trop longtemps, continuant de chanter pour éloigner les pensées négatives.

Une fois fini, tu te redresses, remets tout en place sauf le tapis qui sera à changer complètement puis tu sors le matériel de nettoyage du box avant de te tourner vers la gérante du refuge pour attendre la suite des choses. Tu ne t'attendais pas à ce qu'elle te propose de faire une pause de de boire quelque chose, pensant plutôt qu'elle aurait d'autres tâches à te donner. « Ce serait avec plaisir. » Donner un coup de main a alléger ton esprit et ta mauvaise foi de devoir obéir à ton thérapeute. Tu prends les laisses qu'elle te tend et tu la suis, riant doucement. Toute ta vie, non quand même pas. « Disons que j'ai eut de l'entraînement il y a une paire d'année. » La corvée de nettoyage des douches et des toilettes était la pire pour les petits nouveaux arrivant à la base. Ceux qui n'allaient pas assez vite, qui ne faisait pas les choses assez bien en écopait souvent. Heureusement pour toi, tu as pu échapper pas mal de fois à cette foutue corvée une fois tes six premiers mois passé à l'armée, contrairement à d'autres qui n'ont pas eut cette chance.

Le parc est après le chenil et tu n'as pas le temps d'observer bien longtemps que des aboiements te ramènent sur terre et tu souris encore plus en voyant les chien courir vers vous alors que Isibeal est déjà entré dans le parc. Tu la suis rapidement avant que l'idée de s'enfuir ne prenne l'un d'entre eux et à peine le portail fermé derrière toi que deux pattes appuient sur tes jambes, te faisant baisser le regard sur un jeune chien qui quémandait ton attention. Le poil moucheté, des yeux bleus très clairs. « Salut, toi. » Tu te mets accroupit pour être à sa hauteur, tu sais que normalement tu ne devrais pas, qu'il fallait garder une certaine position devant un chien inconnu. Mais ce petit bout était tellement adorable que tu n'as pas pu y résister.
Tes mains caressent le poil doux et parsemé de tâches de l'animal alors qu'il pousse de sa tête contre toi pour sans doute vouloir jouer. « Tu es adorable. » Tes yeux plongent dans les siens et tu peux y lire toute la tristesse du monde. Tu ne connais pas son vécu à ce chien, tu ne sais pas son histoire, mais tu sens que vous avez tout les deux bien plus en commun que de vivre dans cette ville. « On ne devrait jamais voir des petites boules de poils comme toi être abîmé à l'intérieur. » L'animal semblait t'écouter avant devenir te lécher le visage tout en continuant à réclamer tes caresses.

A contre cœur tu te détache du jeune chien et tu te relèves, le laissant frotter sa tête encore contre tes jambes avant qu'il ne file avec ses autres camarades à poils. Tu regardes Isibeal faire lorsqu'elle fait rentrer les chiens et tu reproduis ses gestes une fois qu'elle te dit quel chien va dans quel box, souriant en les voyant se jeter soit sur les gamelles d'eau soit sur leurs tapis propres. Tu fais même la rapide rencontre avec le fameux Bouby, ayant l'honneur de le faire rentrer dans son box et lui caressant la tête lorsqu'il passe devant toi. Et effectivement il avait l'air moins enjoué que ses camarades.
Une fois la dernière porte fermée, tu te tournes vers la demoiselle qui gère les lieux, souriant toujours de ton demi-sourire, essayant de voir si tu avais passé l'épreuve et effectué les tâches comme elle l'entendait. C'était loin maintenant ton désappointement vis-à-vis de ce que ton thérapeute t'avait demandé de faire. D'ailleurs, tu l'avais un peu oublié lui pour le coup.Ce qui n'était pas plus mal. « Alors, ce verre que tu dois m'offrir ? » Tu essaies de meubler un peu, de ne pas laisser un vide se poser surtout pas après cette scène avec le chien. Tu ne veux pas qu'elle se pose des questions bizarre ou qu'elle t'interroge de pourquoi tu lui as parlé et de ce que tu lui as dis.

Cette rangée de box une fois terminée, l’idée d’aller se réchauffer à l’aide d’une boisson chaude la séduit. Et puis il l’a déjà bien aidé. Bien qu’elle ne sait pas combien de temps, il va rester là, pour aujourd’hui an tout cas. Elle ne sait même pas s’il va revenir un autre jour d’ailleurs ! Elle se dit qu’un café ou toute autre boisson sera parfaite pour lui poser la question au détour de la conversation. La jeune blonde sourit lorsqu’il accepte l’invitation et son regard se remplit de curiosité lorsqu’il avoue avoir eu de l’entraînement au nettoyage durant quelques années. « Vraiment ? » Demande-telle l’air de rien. Lui laissant le choix de ce qu’il veut avouer ou non. Après tout, elle n’est pas là pour lui soumettre un interrogatoire. Même si sa curiosité l’emporte toujours un peu.

Elle ne sait pas exactement pourquoi, mais elle l’aime assez bien. Isi ne le connaît pourtant pas, mais elle ne se sent pas en danger avec lui. Pas qu’il ne pourrait pas l’être. Sa musculature ne ferait qu’une simple bouchée d’elle. Mais c’est comme une aura autour de lui. Lorsque l’on dit qu’elles ont une couleur, elle pourrait dire que la sienne et dans les tons orangés. Il y a une certaine gentillesse qui se dégage de lui, ce qui ne la rend pas totalement verte, mais elle sent également que son âme a était meurtrie. Elle ne sait pas par quoi, ni pourquoi et elle ne compte pas le lui demander. Si elle doit le savoir un jour, ça ne sera que parce qu’il le lui aura dit de lui-même. Bien qu’encore faut-il qu’il revienne. Parce qu’elle en a déjà vu des bénévoles, venir une fois ou deux et ne plus jamais revenir. C’était d’ailleurs principalement son lot quotidien. Rare était les réguliers qui venaient l’aider de façon ponctuelle. En attendant, elle profite de cette aide, qui lui permet de rattraper son planning du jour, peut-être qu’à l’heure du déjeuner ils auront tout fini et qu’elle pourra partir l’esprit tranquille à sa visite de l’après-midi.

Avant d’aller pouvoir boire un coup, comme annoncer, il faut qu’ils rentrent les chiens dans leur boxs. Elle prend donc les laisses sur le chemin et bifurque en direction du parc toujours en compagnie de l’homme dont elle ne connaît même pas le prénom, maintenant qu’elle y pense ! Encore une question qu’elle va pouvoir lui poser lorsqu’ils seront au chaud. Mais elle l’oublie quasiment aussitôt cette question, lorsqu’elle voit la rencontre entre l’homme et l’animal. Elle reconnaît parfaitement le comportement de Lucky. Ce jeune chien qui tient son nom de par la chance qu’il a eue d’atterrir ici face au destin funeste que lui destinait ses propriétaires… Mais il y a une chose de plus sur lequel elle n’arrive à mettre le doigt. L’animal n’a pas son comportement habituel, du moins pas totalement. Lui qui ne va faire la fête qu’aux personnes qu’il connaît et à vue plusieurs fois déjà. IL donne l’impression de le connaître depuis pas mal de temps déjà. Alors que c’est bien la première fois qu’il rencontre cet homme ! Est-ce réellement le cas ? Elle détourne le regard dans le but d’attacher les autres chiens au bout de ses laisses. Mais dès qu’elle a fini elle regarde à nouveau la scène qui se déroule sous ses yeux antre Lucky et l’inconnu. Les paroles de l’homme raisonnent en elle. Elle a le sentiment d’en apprendre tellement, mais si peu en même temps et son premier instinct se confirme. Cet homme n’est pas là pour rien. Ce n’est finalement pas tellement elle qui a besoin d’aide, mais sans doute lui. Parce que l’aide matérielle se trouve, n’importe où. Mais l’aide dont il semble avoir besoin, elle, ne se trouve pas à tous les coins de rue. Cependant, elle ne se promet rien, tout comme à lui d’ailleurs. Elle ne parle pas, mais elle accepte de l’aider, si elle le peut. Tant qu’elle le peut. Dans la mesure de ses compétences et de son humanité. Mais elle sait, que ça sera surtout à lui de faire le travail. Elle ne sera qu’un pion sur l’échiquier de sa vie.

C’est toujours dans le même silence. Entre eux dus moins, parce que les chiens ont bien couvert le reste de la conversation à eux seuls.. Qu’ils avaient remis les canidés dans leurs boxs un à un. Isibeal, indiquant à l’homme quel chien, allait dans quel box. Elle capte même cette attention particulière qu’il a donnée à Lucky avant de refermer la porte de son box. Attention qui avait fait sourire la jolie blonde. Un soupire s’échappait des lèvres de la directrice lorsque la dernière porte était enfin fermée et elle regardait son collègue du jour en posant ses mains sur ses hanches, les mousquetons des laisses qu’elle tenait toujours dans les mains tapant contre ses mollets. « De ce pas, on y va. » Dit-elle, son sourire s’agrandissant tandis qu’elle lui indique le chemin en direction de la maison se trouvant derrière eux.

Pendant qu’ils marchent en direction de la maison, Isi lève un peu le nez dans sa direction. « Au fait, nous n’avons pas fait les présentations et je ne me vois pas t’appeler l’inconnu alors moi s’est Isibeal, mais tu peux m’appeler Isi, c’est ce que tout le monde fait. » Elle se stoppe devant la porte d’entrée tout en se tournant vers lui, posant une main sur la poignée et lui tendant son autre main histoire de faire des présentations dans les règles de l’art. Bien qu’un peu tard. Mais valait mieux tard que jamais, non ? Elle sourit de plus belle lorsqu’elle connaît enfin son prénom. « Enchanté Gabriel. » Elle actionne enfin le mécanisme de la porte et entre dans l’habitat, lui laissant la place pour qu’il passe devant tandis qu’elle referme derrière lui. « Fait pas gaffe au bordel ambiant, j’passe plus de temps avec les chiens qu’à rangé ici. Tu veux boire quoi ? » Demande t’elle en traversant le mini couloir pour gagner le salon-cuisine se trouvant sur la droite du couloir. « Installe-toi ou tu fais, fait comme chez-toi ! » Elle se stoppe aussitôt et se retourne vers lui. « Enfin, jusqu’à une certaine limite ça m’ennuierait de te voir te mettre à poil dans mon salon… » Dit-elle en rigolant avant de s’approcher des plans de travail où se trouve la cafetière et la bouilloire qu’elle met à chauffer.