be your candy man (livia)

you can bite it like it’s yours
make me wait, make me beg for it
bring the money, i’ll bring the honey
for the right amount, i’ll be your candy man

les murs s’élevaient si haut qu’ils menaçaient de percer les cieux. partout où l’œil se posait, l’œil se heurtait à une éclatante richesse. cliff road sentait la mer et l’opulence. la surcharge d’odeur était à faire vomir des joyaux et des diamants. debout dans la chambre de cette fille qu’il connaissait à peine, rainer découvrait l’autre côté des billets verts. dans son système solaire, les gens fortunés étaient personnifiés par l’évasive pluton. parfois visibles de loin, mais souvent totalement exclus du classement. ce n’était pas le genre d’environnement dans lequel il travaillait d’ordinaire. il était bien loin des allées sordides dont il avait l’habitude. l’horizon du souffle chaud d’hommes anonymes derrière les bennes à ordure disparaissait peu à peu à travers les baies vitrées donnant vue sur les palaces environnant. rainer a regardé livia, assise sur le lit. lui, près de la porte ; toujours préparé se calter en cas de tonnerre, son instinct d’animal réveillé plus que jamais et elle, la créature des couchers de soleil, beauté dévote dans son château blanc. comment une hespéride comme elle avait-t-elle pu laisser un titan égaré pénétrer dans son jardin des pommes d’or ? là où tout était sacré, rainer traçait l’empreinte de ses bottillons, à présent indélébile, marquée à jamais comme une souillure sur l’immaculée perfection du décor. il n’avait pas sa place ici. il n’avait sa place nulle part, certes, mais ici encore moins. chien parmi les loups. loup parmi les ours. ours parmi les requins. qu’importe la chaîne, il était de toute évidence le dernier maillon. « est-ce que tu vis seule ? » s’inquiéter de la menace sous couvert d’une interrogation banale. c’est ainsi que le fauve s’ouvrait une porte de sortie. qui sait qui pourrait arriver à un moment impromptu, surprenant la bête à deux dos, suante et coupable d’un pêché d’adultère. de sa famille, de ses amis, de son entourage, des risques, rainer ne connaissait rien. il s’était jeté dans la gueule du loup sans prendre la peine d’en vérifier le tranchant des crocs, comme il faisait toujours. l’emballage était de toute façon bien trop tentant. une midinette dans sa tranche d’âge, ravissante sous tous les angles, bien élevée et polie à la recherche d’un pourvoyeur de plaisir le temps d’une nuit? ce n’était plus un travail, c’était une aubaine. « c’est la première fois que tu… » les mots coulaient de ses lèvres, flux de pensées mal organisées. rainer se perdait en hésitation, incertain du genre de conversation qu’il fallait adopter avec ce genre de filles. il ne parlait pas beaucoup d’habitudes, répondant aux ordres dans la voix plaintive qu’on lui demander bien trop souvent de prendre. « … que tu fais appel à ce genre de services? » entre lui et elle, la distance séparant le lit et la porte et des planètes entières également. il supposait qu’elle dirait oui. elle était trop précieuse pour avoir besoin de payer pour son plaisir. certainement qu’il n’était là que dans les flammes temporaires d’un défi ou d’une idée prise sur forte dose d’alcool. dehors, la nuit commençait à colorer les bords de mer d’une teinte d’encre. les ténèbres s’abattront bientôt sur la villa, répandant une ambiance tamisée propice à l’acte qui s’engageait sous l’œillade du soleil couchant. « est-ce que t’as envie de… parler avant? est-ce que t’as des préférences ? un fétiche ? » questions standards de la pute modèle. il fallait s’enquérir des envies du client et le satisfaire, évidemment. une prostituée avec du succès était docile et malléable. livia n’avait pas l’air de cacher un côté kinky dans son placard, mais rainer avait couché avec suffisamment d’inconnus pour savoir que les plus mignonnes étaient les plus tarées. rien n’éveillait la libido comme un esprit déviant dans le sein d’une poupée de joliesse.