(2014/Maks) Go ahead and take your aim

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Il était arrivé à une conclusion plus qu’hâtive, Damon. Des jours et des jours maintenant que Maeve avait disparu sous son nez. Elle lui avait lâché la main pour quelques secondes et depuis, ses petits doigts ne s’étaient plus noués aux siens. Ses grands yeux bleus n’étaient pas réapparus, son sourire angélique et sa chevelure dorée manquaient à l’appel. Il était démuni le père de deux enfants. Abattu, lessivé comme jamais face à un tel drame, la police n’avait aucune piste. Comment pouvaient-ils en avoir alors qu’ils ne connaissaient pas les activités illégales des parents ? Il était difficile de leur fournir une version non-édulcorée de leur vie sans trop en dire. Et encore plus hardi de se dire que la survie de sa fille dépendait de mensonges. Mais il ne pouvait pas faire grand-chose de plus que ce qu’il faisait déjà. Il avait arpenté toutes les rues imaginables et avait même cherché à voir qui pourrait lui en vouloir personnellement mais aucun nom n’était parvenu à son esprit. Aucun ? En fait, il y en avait bien un qui avait traversé la cervelle du pilote. Maks. Son ex-meilleur ami avait été une personne plus qu’importante à ses yeux. Quelqu’un sur qui il aurait toujours cru compter. Mais ce dernier en avait décidé autrement par jalousie. Il n’avait pas encaissé que Myra s’éprenne de Damon. Bien sûr, Christensen n’avait jamais cherché à s’enticher de la copine de son pote. Bien au contraire. Il ne l’appréciait pas au départ pour cette raison. Mais, une chose en entraine une autre, et il n’était pas fier d’avoir malgré lui réalisé un coup bas. L’amour ne se commande pas, dit-on. Il avait tenté de l’expliquer, que ce n’était pas voulu mais qu’il avait succombé aux charmes de Myra mais il n’avait rien voulu savoir. Depuis, ils n’avaient pas gardé contact, et si le brun aux longs cheveux et yeux perçants le regrettait amèrement, il n’avait rien fait pour rattraper le coup. Toutefois, il ne pensait pas que Maks serait capable de volontairement faire du mal à une enfant. Ca faisait trop de temps maintenant, c’était du passé. Mais peut-être qu’il se trompait lourdement également. Le doute s’installait et le chagrin prenant le dessus, Damon avait craqué. Il s’était approvisionné chez un dealer qu’il n’avait plus vu depuis la nuit des temps. Résultat, il n’était plus lui-même, mais dans un état déplorable et ne faisant plus la part des choses, il s’était rendu chez ce cher Ovcanič, remonté comme une horloge, défoncé au possible. Frappant avec force contre le bois de la porte, il hurle alors qu’on ne lui a même pas ouvert la porte : « RENDS-MOI MA FILLE ! Je sais que c’est toi qui l’as ! OUVRE CETTE PUTAIN DE PORTE ! » Alors qu’il tambourinait, il ne se rendait même pas compte des inepties qu’il vociférait. Maks n’avait tout bonnement aucune raison valable d’en vouloir à Myra et Damon au point de vouloir leur infliger une telle souffrance. Sa petite poupée blonde aurait refait surface depuis. La porte s’ouvrit alors, et Damon serra les poings, prêt à en découdre alors qu’à la moindre tentative, épuisé comme il l’était, il s’écroulerait comme une masse au sol. Il était dans un état second, si bien qu’il ne savait pas bien distinguer les traits de son ami de longue date et qui devait en avoir plus que marre de son comportement déplacé à faire une scène devant chez lui alors qu’il n’avait rien demandé. Il y avait tant de détresse sur le visage du fils adoptif Christensen qu’il n’effrayerait personne, surtout pas le serbe qui se tenait maintenant devant lui. « Si c’est moi que tu veux blesser, vas-y fais-le, mais touche pas à ma fille. » Et il écarte les bras prêt à recevoir un uppercut. Un comportement plus qu’étrange.

@Maks Ovcanič

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c'que la journée avait pu être longue -et surtout chiante- alors que le serbe referme derrière lui cette foutue porte grinçante. encore installé dans cet appartement miteux, au style austère et au papier peint digne du meilleur poltergeist, il balance son manteau à moitié déchiré -et p't'être aussi c'qui lui reste de dignité- dans le fond du canapé. il fait un détour par la chambre à coucher -ou plutôt cette pièce de la taille d'un placard mal fermé-, troque son pantalon d'ouvrier contre un jogging pas vraiment lavé. entre les quatre murs trop serrés, y'a encore les fantômes des silhouettes des jumeaux ovcanič. pas longtemps qu'ils ont décampé, que les morveux ingrats ont déserté. l'aîné qui se retrouve comme un connard, seul devant sa télé. que son semblant de paternité pour se lamenter. que sa fierté pour étouffer les cris du coeur.

t'es pas leur père.
t'as pas non plus qu'l'amour d'un frère.
t'es leur repère.
ils t'contiennent dans cet hémisphère.

ovcanič tient dans ses mains un vieux paquet de chips troué, p't'être même qu'il est périmé -il l'a certainement pas vérifié. aujourd'hui seul gage de passer une bonne soirée. s'il savait comme ce mensonge est éhonté. le serbe fait grincer la table basse sur le parquet, les talons plantés dans ce bois branlant. c'est son foutu métier que d'réparer, rafistoler -et même créer, mais pas assez snob pour l'avouer- des squelettes désossés, des carcasses d'écorce et de sueur. par contre réparer un ridicule pieds de table, c'est une trop grande gageur. trop de labeur pour un si gros glandeur. il a les chaussettes dépareillées -comme si ça pouvait étonner- et les pupilles vissées sur l'écran. il aurait passé sa nuit ici, à becter ces bouts de carton prémachés s'il n'avait pas été dérangé par cette voix trop souvent écoutée.

ovcanič se lève, hurle en serbe au damné de bien vouloir la fermer. s'approche de la porte d'entrée dans l'intention de la faire claquer. puis y'a ces quelques mots qui viennent érafler sa raison. rends-moi ma fille. bien sûr qu'il les avait vu, l'article dans le journal, l'alerte sur l'heure de midi et son visage placardé sur tous les poteaux de la ville. bien sûr que ses mâchoires se sont serrées, que son coeur s'est arrêté et qu'il a maudit leurs coeurs fragiles. et s'il a depuis longtemps rayé leurs noms de sa mémoire, il se refuse de compatir à leurs déboires -s'éprendre rend son quotidien beaucoup trop noir. la porte qu'il ouvre à la volée, les poings de damon qui s'écrasent dans l'espace libéré et ses yeux défoncés qui se heurtent à ceux du frère déchu. ovcanič écoute, enrage, retrousse ses babines de clébard susceptible, claque ses crocs invincibles. et il n'attend pas la fin de la phrase de l'imbécile avant d'assener le premier coup, de faire claquer ses dents de ses phalanges bien travaillées -apporte la sentence à ses bras écartés qui n'font que réclamer. le corps de damon vient heurter le sol dans une chancelante tentative pour trouver l'équilibre. sa main qui manque la barrière de l'escalier et son crâne qui vient contre le sol s'embrasser. fidèle à ses pulsions canines, le serbe saute sur le corps endolori de son ancien ami, lève un poing fermé, prêt à s'écraser dans cette face si peu abîmée. tu l'mérites même pas, connard. un semblant d'hésitation et le membre qu'il laisse retomber. il est même pas sûr que de ces mots damon ait compris l'entièreté. dernier -pour les minutes à venir en tout cas- acte de haine qu'il lui adresse, ovcanič crache son dégoût à la gueule du camé -au sens propre comme au sens figuré. j'l'ai pas ta gamine. et tu crois vraiment que ça m'intéresse ? ovcanič se redresse avec un faux calme et prend la direction de sa position initiale : les doigts d'pieds en éventail. il laisse la porte ouverte, de son pote il sait qu'il n'est pas débarrassé.

tu sens le goût de la rancoeur.
tu vois son air trompeur.
mais c'est pas ton frère que tu laisseras seul lorsque la nuit n'a plus d'heure.