hurts like hell (maks)

Les tympans bouffés par le son strident des balles qui sifflent. Elle les entend encore. Ses oreilles qu'elle se bouche, les pupilles qui se ferment. Y a ses mains qui tremblent sous l'effet de l'adrénaline qui s'estompe et elle perd la tête Jean. Sait plus vraiment où elle est, ce qu'elle est. Les images tournent en boucle, c'est répétitif. Son palpitant qui bat à un rythme effréné, elle a l'impression de suffoquer. Elle manque d'air la mexicaine. De raisonnement aussi. Elle est sur le point d'exploser, de tout casser. Y a d'abord eu les paroles cinglantes, les cris de son frangin, les armes sorties avec arrogance. Puis les duels, ils se croyaient plus forts que la mort elle même. Ils se pavanaient comme les plus grands bandits de la Terre. La réalité l'est à frapper de plein fouet, elle a tout balayé. Y a ensuite eu les coups portés dans les épidermes sanglants, puis les mains habiles qui se sont saisis de sa trachée. Il a serré et son corps s'est échoué sur le béton humide d'un entrepôt désinfecté. La respiration qui venait à le manquer, les poumons vide de tout air. Elle a planté ses ongles rougis par le dernier vernis enfilé dans sa peau hâlé, y a surement fait couler un brin d'hémoglobine tandis que dans ses yeux, elle voyait, toute la rage qui l'accompagner. Son myocarde au bord de la rupture, les traits tirés par la douleur de suffoquer. Elle a perdu le contrôle, a bien failli sentir sa conscience s'évaporait dans le chaos des balles qui sifflaient. Bam. Les pupilles vides, le liquide rougeâtre qui s'est mit à couler le long de son visage. Elle l'a pas senti Jean. S'est focalisée sur l'âme qui se faisait la malle. La vie qui lentement, s'en allait. Dans le fond de son regard ambré, elle l'a vu mourir et le corps lourd qui a fini par s'échouer sur ses courbes endolories. Les mains qui ont cessé de tenir sa trachée. Une seconde, puis deux. Une éternité pour elle qui venait de s'écouler avant qu'elle ne revienne à la réalité. Elle a crié. A pleins poumons, s'est libéré du cadavre, a rampé loin de la mort. Puis le trou noir. Le temps qui s'arrête et ses pas de métronome pas réveiller qui ont atteint la cage dorée, son appartement bien aimé. Il est mort. Il est mort et t'as rien fait.

La mexicaine tourne en rond, comme une lionne en cage, se répète inlassablement pour elle même que tout ceci n'est pas vrai. Que ce qui vient de se passer n'est que le fruit d'une imagination mal placée. Elle a même pas remarqué le sang qui tâche ses vêtements, sa peau, son épiderme tout entier. Le visage ensanglanté, les mains balafrés, la peau échouée d'ecchymoses. Non, elle sent plus la douleur de son corps, ni celle de son esprit. Ça tourne. Encore et encore. Comme un replay dans le fond de son crâne. Elle grimace, fait les cents pas, attend qu'il se pointe pour je ne sais quelle raison. Jean sait pas pourquoi elle l'a appelé ni même comment ses doigts ont tapé sur le clavier. Des bouts de scène qui se perdent dans une mémoire qui semble lui faire défaut. T'es dans le chaos de tes émotions, incapable de gérer. Incapable de raisonner. Et si quelqu'un l'avait vu rentré ? De cette façon ? Dans cet état ? Pour sur qu'elle finirait ses jours en prison. Rentre. Lave toi et rejoins nous. On doit débarrasser ce bordel. Ça devait juste être une rencontre improvisée, en tout bien tout honneur. Elle sait même plus à quel moment ça a foiré. Qui en premier, a tiré. La belle revoit juste le visage de son frère, le glock entre les doigts. Il a tiré, il l'a sauvé et pourtant, elle lui en veut. Elle s'injure, l'insulte à haute voix dans ce deux pièces où seule son âme s'y trouve percher.  T'as pas fais ça Jean. T'as pas fais ça. Costigan se tape le crâne, de ses doigts, s'inflige une torture non avouée. Elle a pas encore contemplé dans le miroir, son visage, ni même sa chevelure. Son allure toute entière. Elle prendrait peur. Ça l'achèverait.

La porte qui s'ouvre lentement, ses yeux qui cherchent le réconfort des siens. A vive allure, elle se dirige vers le serbe qui comprend sans doute rien. Furie. Perdue. Incontrôlable. Les émotions sont grandes, les ambitions piétinées. Y a plus rien de logique pour Jean, plus rien de concret. Elle lui laisse pas le temps de finir s'entrer, s'agite devant lui. J'sais pas ce qui s'est passé. J'dois ... La brune cherche pas des réponses. Elle cherche rien en fait. Ou peut être de l'aide, mais ça, tu l'avouera jamais. Son crâne qu'elle prend entre ses mains, les idées et pensées qu'elle essaye de replacer. Elle grimace, le myocarde à l'agonie, elle a l'impression qu'elle va exploser. Ça d'vait juste être une rencontre simple et .... Et ça à merder ! Royalement. Et j'sais pas ce qui s'est passé ! Elle parle trop vite pour se rendre compte que tout ce qu'elle dit n'a pas de sens. Les pupilles dilatées, les yeux grands ouverts sur un homme qu'elle arrive même plus à replacer dans sa vie. Elle défile. La vie. Les images. Les cauchemars. Les bouts d'âmes qui s'envolent. J'dois les rejoindre pour nettoyer l'bordel. Mais j'sais plus ce que mon frère m'a dit ! Puis la réalité qui doucement, refait surface. Qui doucement, l'enlace. C'est comme Morphée qui vient le soir, qui l'entoure de ses bras calmes. Sauf que cette fois, c'est brutale, vivant. Elle se rend compte qu'un homme est mort, qu'elle a son sang sur elle. Sur son visage, dans ses cheveux, ses vêtements. Elle se rend compte du bordel. Oh mon dieu ! Elle fait volte face, ne supporte pas le regard de Maks, trépigne sur place avant de reprendre les cents pas dans son appartement. Elle a les pupilles qui regardent nulle part et les mains qui tremblent bien plus que nécessaire. Et sous ses yeux, enfin, elle y place ses phalanges, constate l'état dans lequel elle se trouve. Machinalement, c'est à coups d'ongles qu'elle essaie de partir le sang. A s'en bouffer l'épiderme tout entier. Et j'dois enlever ça ... Sa voix qui se perd dans un murmure. Son âme qui se perd dans le néant. La brume qui l'entoure, parce qu'elle sait déjà plus ce qu'elle est.