Just breathe, don't drown your heart | Arthur

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Arthur & Iris

Tell me all the dreams you found
Sing me all the songs you love
Can I sing them with you now?
(@Seeb)

Et elle se retrouve à nouveau devant cette devanture si familière. Plantée debout comme un piquet, hésitant à y entrer. Doit-elle y aller ou pas ? Est-ce seulement une bonne idée ? Assurément non. Mais maintenant qu’elle est là… Ses choix se retrouvent limités. Ce soir, il y a foule, car jour de réouverture. Iris a vaguement entendu parler des dégâts subits, et n’ose à peine imaginer l’état d’esprit de Arthur à ce moment là… Après avoir inspiré un grand coup, la jeune femme se lance enfin dans le grand bain. Portes passées et elle reste sous le choc un instant du monde présent. Et elle n’ose à peine imaginer ce qu’il en sera une fois une certaine heure passée et la transformation radicale en boîte de nuit. Puis, un sourire sincère vient étirer ses lèvres. Elle est contente pour Arthur, de voir à quel point le Red Lion fonctionne bien. Soulagée aussi de constater qu’il est parvenu à se relever. Gênant le passage, Iris finit par faire un pas de côté, ne sachant trop où aller. C’est qu’elle est venue sur un coup de tête, pas certaine que ce soit la meilleure idée qui lui ait traversé l’esprit alors qu’elle a appris la réouverture des lieux suite aux gros travaux entrainés par la tempête que la ville a affronté de plein fouet. Iris n’était pas dans les parages à ce moment, ayant eu vent de l’événement de par ses parents.

Jouant des coudes, et après un regard circulaire vers les tables toutes occupées,  la jeune femme finit par trouver une place libre au bout du comptoir. Mal à l’aise, elle se fait toute petite – si cela est encore possible du haut de son mètre cinquante-cinq – se passant une main dans les cheveux en regardant partout, sauf derrière le comptoir.  Du moins, pas tout de suite. Et quand enfin elle ose, son cœur manque un raté lorsque ses prunelles se posent sur lui. Arthur est loin et ne l’a probablement pas remarqué parmi tout ce monde. Ce qui n’est pas plus mal, parce qu’au final, elle ne saurait pas quoi lui dire. « Ce sera quoi pour la charmante demoiselle ? ». Sortant de sa… contemplation, les prunelles d’Iris se posent finalement sur le barman juste en face d’elle tandis que son palpitant s’est un peu accéléré. « Euh..» Elle hésite Iris. Soft ou non? Sachant sa capacité à tenir l'alcool...  « Une Kasteel Rouge si vous avez » qu’elle lui répond alors, avec un sourire. « Et une Kasteel pour la p’tite dame ! » qu’il lance ensuite, disparaissant aussi vite qu’il était apparu, pour se diriger vers Arthur. Et lorsque Iris s’en rend compte, elle baisse le visage, tourne la tête vers la salle, espérant que son ex fiancé ne la reconnaisse pas… C’est ce moment que choisit l’illustre inconnu assis près d’elle pour enfin oser l’aborder. Timing parfait.

La machine qui reprend. Presque violente et trop rapide. Dans le fond, peut être qu'Arthur s'était bien plu à voir le Red Lion fermé. Temporairement. Le calme avant la tempête, le renouveau aussi. Tout semblait lui tomber dans le coin du nez. Le retour d'Iris, Iseult, Anja. Il savait plus où donner de la tête. Faisait mine que rien ne le toucher. Mais impossible. Le venin des liqueurs qu'il s'enfilait sans ménagement, les coups de poings incessants. Il se perdait dans ce qu'il refusait. Le type d'avant qui derrière la violence, se soulageait, y prenait même goût. Un échappatoire qu'il n'arrivait pas à trouver. Pourtant, derrière les nuits endiablées qui percutaient sa vie de plein fouet, y avait encore l'espoir de voir grand. L'ego du frangin gonflé à bloc, il prenait en considération les paroles qu'il lui balançait. Plus qu'avant. Plus qu'il ne l'avait jamais fait. Trouver une occupation avant de sombrer. Se tenir éveiller. Essayer. Puis la brume épaisse qui entourait ses maux, refaisait son apparition et il perdait le fil de ses aspirations. Savait plus bien ce qu'il voulait réellement. Il y pensait parfois, se perdre dans la came qu'il vendait. S'arracher les narines de cette poussière blanche, promesse de sérénité. Peut être une fois ou deux, juste pour voir ce que ça pouvait bien lui faire. Si la vie serait plus facile à prendre avec la poudre au nez. Mais Arthur restait stoïque, incapable de franchir le pas. Les barrières qu'il se fixait inconsciemment, pour pas devenir l'mec imbus de lui même qui passe sa vie totalement camé. T'es trop dans l'contrôle. Jamais t'oseras renifler. Ça fait pas partit d'toi.

La musique qui résonne, les corps qui se déchainent sur la piste de danse. La soirée ne fait que commencer. Les prémices d'un bordel qui l'a toujours fait sourire. Les lippes tirés, le regard figé sur les âmes qui ondulent dans son bar de nuit. Le Red Lion est de nouveau sur pied et ça fait du bien à voir. Malgré la solitude qu'il apprécie, qu'il guette aussi, Arthur en avait presque oublié la sensation de bien être qu'était ce lieu bondé d'êtres humains. La clope entre les lèvres, il s'est foutu derrière le bar. Ça manque de bras au comptoir. Des absences, des gens qu'il a pas revu depuis Iseult. Il attend pas que ça soit le bordel pour mettre la main à la patte. Les commandes s'enchainent et les billets s'entassent dans la caisse avec arrogance. Ça le fait jubiler, presque planer. Y a que lui qui enfume le bâtiment. Le lieu n'est pas fumeur, comme tous les endroits publics d'ailleurs. Mais Arthur est chez lui, Arthur fait ce qu'il veut. Ses pupilles qui vagabondent dans les lieux, ses mains qui s'affairent à servir des verres jusqu'à ce qu'il ne soit stopper par l'échine qu'il connait sur le bout des doigts. Y a les frissons qui le traverse et il reste stoïque un instant, bloqué dans le temps. Des souvenirs révolus, qu'il chasse d'un revers de main avant que la colère ne lui grimpe au nez. Avant qu'il ne sente plus le bout de ses pieds. La bouteille qu'il repose, le verre qu'il donne à son employé juste à côté et Iris qu'il ne quitte pas des yeux une seule seconde. Elle prend place, s'installe sur son trône comme si elle en était la reine. Ça l'emmerde. Elle a rien à faire là. Et pourtant, combien d'fois t'as rêvé de la voir revenir. S'assoir juste en face de toi ? Le fantôme de retour dans sa vie. Il venait à peine à se mettre à l'oublier, à la caser dans le rang des ravagés. L'inspiration qu'il prend, la clope qu'il consume jusqu'au filtre avant de jeter le mégot fumant dans le verre rempli d'eau, juste dans son dos.

Ridley avale les pas qui les sépare, se fou royalement de son humeur du moment. Elle a rien à faire là. Il veut pas la voir. Il veut l'oublier. Qu'elle le laisse en paix. Mais rapidement, ses yeux se voient happer par la carcasse masculine qui fait son apparition, se pose maladroitement près de la brune qui sirote sa bière préférée. Il tique. Fronce les sourcils et serre les poings. Et en plus de ça, elle se permet de se faire draguer sous ses yeux, dans son bar, accoudée à son comptoir. Qu'est-ce que tu fou là ? Qu'il lui balance, ses pupilles azures dans les siennes, sans la moindre retenu. Ses phalanges qui se pose sur le métal du bar, le mec qu'il se met à relooker, fiévreux. Y a la couleur de ses joues qui passe au rouge et son poing qu'il serre lentement. Il se veut méprisant, cynique, presque arrogant. T'as pas un autre truc à faire toi ? Un hochement de sourcil. Plus loin ? Le mec met pas bien longtemps à comprendre. Sait à qui il a à faire. Les frères Ridley ont leur réputation depuis longtemps, personne n'aime se frotter aux poings assénés de l'ainé. Surtout ces derniers temps, où les rumeurs vont bon train quant à l'état d'impulsivité d'Arthur. Pas si longtemps avant la tempête, il s'était acharné sur un gamin. Il l'avait bien amoché. Ses yeux qu'il redirige vers Iris, sa joue qu'il mord et l'inspiration légère qu'il prend. J'te repose la question. Qu'est-ce que tu fou là Iris ? Elle voulait lui faire mal. Lui donner le coup de grâce. Elle en avait pas fait assez en le laissant, fallait qu'elle le nargue maintenant. Et t'as l'coeur qui crie à l'agonie, et ce flot de sentiments qui te renie.

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Arthur & Iris

Tell me all the dreams you found
Sing me all the songs you love
Can I sing them with you now?
(@Seeb)

A peine un pied dans le bar que son regard est attiré comme un aimant par la présence d’Arthur, malgré le monde présent. Et le fait qu’il soit derrière le comptoir n’y est pour rien. Avec ce monde, il est difficile d’avoir accès au maître des lieux, que ce soit physiquement ou, dans ce cas, visuellement. Et pourtant, les yeux d’Iris se sont posés sur lui instantanément, ne faisant qu’accroître son malaise d’être ici, ressenti dès le Red Lion dans champ de vision. Elle sait qu’elle n’aurait pas dû venir ici. Qu’il aurait été préférable de rebrousser chemin. Mais ce fut plus fort qu’elle…

Sur place, elle reste stoïque un moment, surprise du monde présent, avant de se chercher une place aussi loin que possible du bar, histoire que son ex-fiancé ne la voit pas. Peine perdu. Toutes les tables sont prises et il ne reste plus qu’un petit coin au bout du bar. Suffisamment loin pour que Arthur ne la repère pas. Du moins, c’est ce qu’elle espère… Passant commande de sa bière favorite, elle ose quelques œillades vers le gérant… Jusqu’à ce que son regard ne croise le sien une fraction de seconde à peine. Et Iris se sent liquéfié sur place, détournant rapidement les yeux. Heureusement pour elle, un homme vient lui porter secours. Son voisin de table se lance enfin et l’aborde, entamant ainsi une conversation qui permet à la brune d’oublier un instant le malaise de la situation. Elle se met même à sourire sincèrement !

Et c’est précisément ce moment que choisit Arthur pour venir la rejoindre. Cœur qui bat à tout rompre, elle voudrait se terrer dans un trou alors que c’est d’une voix agressive que le gérant du bar prend la parole. Animosité à peine voilée, il est clair qu’il ne désire pas de sa présence ici. Comme elle le redoutait. Un instant, son regard va d’un homme à l’autre, jusqu’à ce qu’Arthur ne fasse prendre congé à son sauveur d’un soir… Et cette fois, Iris n’a plus le choix que celui de faire face à son ancien-fiancé. Difficile pour elle de maintenir le regard, tandis qu’elle tourne son verre à moitié plein entre ses doigts fins. Elle voudrait dire quelque chose Iris, mais une boule formée au fond de sa gorge l’en empêche. Pire encore, elle sent les larmes monter alors qu’elle ressent toute la colère d’Arthur à son encontre. Il me déteste, seule pensée qui rebondit dans son esprit. « J’voulais pas… » qu’elle commence, hésitante. Tu ne voulais pas quoi Iris hein ? Bien sûr que tu voulais venir. Bien sûr que tu voulais le voir. Bien sûr que tu voulais qu’il te voit. Mais tu ne t’attendais pas à un tel ressentiment à ton encontre pas vrai ? « J’pensais pas que ma présence te gênerait à ce point avec tout ce monde… » qu’elle ajoute un peu désemparée. « En tout cas, je suis contente de voir que ça marche bien pour toi. » qu’elle ose avec un faible sourie et quelques regards alentours, se retenant de dire qu’elle est également contente de l’avoir revu, même si la réciproque ne semble pas vraie. « Prends soin de toi Arthur… » qu’elle souffle finalement, avant de se lever de son tabouret et se frayer un chemin vers la sortie. Pas évident avec tout ce monde… Subitement, Iris a l’impression d’étouffer, son palpitant qui s’emballe plus que de raison.

Et ça doit se lire sur son visage car l’homme de tout à l’heure, qui a suivi la scène de loin parce qu’il l’aime bien cette demoiselle, même s’ils n’ont échangé que quelques mots, lui attrape le bras alors qu’elle passe près de lui. Iris sursaute, cœur qui bat encore plus vite, avant de légèrement se calmer en reconnaissant le brun. Léger sourire, hochement de tête pour le rassurer, puis elle poursuit sa route, jouant des coudes pour sortir. Tête qui tourne, elle a rapidement besoin de prendre l’air. Et, une fois dehors, la belle inspire un grand cou l’air frais de la nuit, plusieurs fois, essayant tant bien que mal d’apaiser ce cœur atrophié. Et elle est rejointe, quelques secondes plus tard, par l’inconnu qui lui lance un visage inquiet, préoccupé par la pâleur apparente du visage d’Iris. Et même si elle lui assure que tout va bien, l’homme ne la laisse pour autant pas. Restant près d’elle, il commence à lui faire la conversation. Et après quelques secondes, cette initiative commence à fonctionner. Poursuivant, comme si de rien était, leur conversation démarrée à l’intérieur, Iris oublie les battements de son cœur qui cogne bien trop fort dan sa poitrine, et les vertiges qui l’ont prise subitement.