these are the days of our lives (Raphaël)

Il était revenu. Tu n'arrivais même pas encore à réaliser la chose à vrai dire. Tu ne pensais vraiment pas que ton appel aurait été entendu, comme quoi on pouvait être surpris parfois. Tu savais, par contre, que Raphaël n'allait pas te louper, qu'il allait te demander où en était ton traitement. Traitement que tu n'as pas encore commencé et que tu n'avais pas envie de suivre. La recommandation de ton médecin était restée dans la boîte à gants de ta voiture depuis le jour où tu avais appris cette putain de nouvelle. Ouvrir cette boîte à gants c'était comme ouvrir la boîte de Pandore, ça voulait dire que t'étais foutu. Mais ça, tu le savais déjà. Pourquoi perdre son temps avec un traitement qui ne retarderait que de quelques mois ta fin inévitable. Alors oui, tu n'as jamais été un optimiste mais là, tu battais tous les records. Ton frère aîné t'avait appelé dès qu'il était arrivé en ville, il voulait te voir. Qu'est-ce qui t'avait pris de le prévenir déjà ? Ah oui, la trouille sûrement. Mais maintenant qu'il était là, tu voulais revenir en arrière. Tu avais bousculé sa petite vie tranquille en France et son retour allait sûrement remuer beaucoup de choses. Tes parents, tes sœurs, tes amis les plus proches, ignoraient ton état. Avec Raphaël dans les parages, tu craignais que ça se sache. Tu n'avais honte de rien, après tout le monde doit mourir un jour, tu n'avais juste pas envie qu'on te regarde avec cette pitié que tu avais vu dans les yeux de la secrétaire de ton médecin.

Tu avais donc donné rendez-vous à ton frère dans un bar de la ville, histoire de boire un verre et d'être en terrain neutre, loin de tout ça, loin des tiens. Tu avais une mine affreuse. Tu n'avais pas dormi la nuit dernière, tu l'avais passé en partie devant la télé à regarder de la merde, accompagné d'une bouteille de whisky bon marché. Tu avais fini par sombrer à l'aube avant de te réveiller en sursaut quelques heures plus tard, alerté par des coups à la porte. C'était ton second au restaurant. Tu prétextes une grippe et leur dit de se débrouiller sans toi pour le reste de la semaine. Ce n'était vraiment pas ton genre, tu avais même du mal à prendre des vacances en temps normal, mais tu étais rendu au bout et n'avait pas réellement envie de voir ton équipe te dévisager toute la sainte journée. Tu te prépares à manger mais rien ne passe, tu n'as même pas faim mais tu te forces avant que tout ne ressorte dans la cuvette des toilettes. C'est peu après que tu décides de sortir, c'était l'heure de voir Raphaël. Pour l'occasion, tu avais passé près d'une demi-heure sous la douche, incapable de bouger, à t'interroger sur ta propre existence. Une heure plus tard, te voilà plus ou moins frais comme un gardon, assis à une table de ce bar, à attendre ton frère. Devant lui, tu allais tenir tête, tu allais lui montrer que ce n'était rien.

tu ne sais pas quoi dire,
quoi faire, comment réagir.
tu ne sais pas quel tête va avoir ton frangin,
tu ne sais pas quel est son état réel,
et bordel, que tu hais ce monde de lui infliger ça.
tu fermes les yeux et soupires longuement en glissant une main contre ton visage. rose vient en glisser une réconfortant dans ton dos, et tu te pinces les lèvres. ça ira. tu murmures en retenant un léger soupir. tu glisses une main dans tes cheveux et te redresses un peu, venant lui voler un baiser, avant d'embrasser le front d'eliott. il aimerait venir voir son oncle avec toi. mais tu ne peux pas, la discussion va être longue, trop longue.
et trop compliquée à gérer. tu te mords l'intérieur de la joue et soupires un peu.

tu termines de te préparer, avant de prendre la route vers un bar. tu n'as rien dit au téléphone, ne voulant pas partir sur de mauvaises bases. tu glisses une main contre ton visage et soupires faiblement. tu redécouvres la ville, tu aurais aimé le faire dans d'autres circonstances. mais bon.
tu rejoins finalement isaiah, esquisses un petit sourire malgré tout, venant le saluer. salut toi. tu souffles en venant t'installer en face de ton cadet. tu l'observes quelques longues secondes. comment tu vas ? tu termines par demander, un léger soupir sur les lèvres malgré tout. tu détestes cette situation.