la machine à rattraper le temps (monroe)

t'es de retour au pays. de retour à la maison.
plus très loin de chez papa et maman,
plus très loin du frangin et des deux sœurs.
c'est étrange de recommencer à parler anglais au quotidien, de devoir retrouver un boulot, te refaire à tout ça. tu te mords l'intérieur de la joue, embrasse le front de ton fils, avant de souffler quelques mots à sa mère. ce soir, t'as le besoin de prendre un peu de temps pour toi. juste pour toi.

alors t'as décidé de marcher, traîner un peu des pieds, contre le macadam et dans le sable quand tu arrives non loin de la plage. t'as du mal, du mal à te refaire à cette vie.
et t'essayes pourtant, mais t'as besoin de te réadapter à tout ça. besoin de reprendre ton rythme de vie. un nouveau, un ancien, tu ne sais plus vraiment, fermant les yeux et retenant un petit soupir. les mains enfoncées au fond des poches, tu feras découvrir tout ces petits lieux de ton enfance à ta famille, quand il fera meilleur, quand le soleil sera de retour sur la ville, et que la pluie aura décidée de se calmer un petit peu. mais pas pour le moment. tu veux te réapproprier tes souvenirs, avant de pouvoir les partager.

tu t'avances encore un peu, t'enfonces dans le sable pour observer la mer venir s'écraser non loin de toi. tu fermes les yeux un instant, laissant le vent et le sel fouetter ton visage lors des grosses bourrasques. c'est agréable, tout ça. un bout de toi que tu avais oublié durant toutes ces années. tu ne sais pas réellement combien de temps, il se passe depuis que tu as foulé la plage. tu tournes la tête, entendant un peu de bruit, fronçant légèrement les sourcils. le soleil est couché et seule la lune est présente pour t'éclairer. vous éclairez. puisque tu n'es plus seul, à priori.
tu fronces les sourcils, face à cette silhouette qui te semble, soudainement, bien trop familière. bien trop connue. ça fait plusieurs années déjà, plusieurs longues années que tu as décidé de partir. monroe ? tu souffles, tes paroles emportées par le vent, ne sachant pas si elle peut t'entendre ou non. ne sachant même pas si c'est vraiment la jeune femme, ou juste un vieux souvenir, de toutes vos heures passées dans le coin, allongés dans l'herbe à rêver et fixer le ciel.

Tu as besoin d'air, Monroe. Tu as besoin de t'éloigner de la maison, de tout ces bruits, de tout ce qui t'entoure. L'air frais de l'hiver qui s'éloigne peu à peu. Le vent qui vient fouetter ton visage, qui fait rougir tes joues. Les yeux clos. Assise dans l'herbe. Une couverture sur tes épaules. L'écharpe qui camoufle presque ton visage. La petite bute dissimulée sur la plage. Celle que tu connais par coeur. Celle où tu te rends régulièrement. Les souvenirs te submergent. Toujours. Les images défilent dans ton esprit. Idées que tu chasses rapidement. Te laisser aller à y penser n'aidera en rien. Cette grossesse, tu as besoin de l'oublier. Ce merdier dans lequel tu es. Cette bombe à retardement logée dans ton utérus. Il ne te reste que quelques semaines pour prendre une décision.

Tu te rends souvent ici. Peu importe le temps. Peu importe la saison. Le jour comme la nuit. Tu viens pour te ressourcer. Tu viens pour profiter du silence brisé par les vagues. Tu viens pour profiter de la douceur de l'endroit. Un lieu magique, selon toi. Quand ta tête est trop pleine. Quand tu as besoin de te vider l'esprit. Alors, c'est les doigts tremblants que tu viens rouler ton joint. Habituellement, une bouteille de vodka t'accompagne. Pas aujourd'hui. Parce que tu ne peux pas. Une habitude que tu n'as pas encore prise. Elle était déjà dans ton sac lorsque tu as claqué la porte de ta chambre. Un demi-tour, quelques pas en arrière après être revenue à la raison.

Tu ne t'attendais pas à ça, Monroe. A ces bruits de pas qui viennent s'immiscer dans ta tranquillité. A cette voix qui te fait trembler. Quelques secondes avant que tu ne réalises. Avant que tu te rendes compte qu'il ne s'agit pas du fruit de ton imagination. Raphaël. Le coeur qui manque un battement alors que tes iris viennent finalement se poser sur lui. Dix années. Dix longues années sans avoir de ses nouvelles. Dix années à rêver de lui, à supplier qu'il te revienne. A prier un Dieu qui n'existe pas. A espérer l'impossible. Qu'est-ce que tu fiches ici ? Le corps tendu, le regard noir. Être sur la défensive plutôt que de céder à tes émotions. Être forte et froide. Il a disparu, Rafe. Du jour au lendemain. La trace de ses doigts sur ta joue encore chaude. Encore présente. Tu aurais pu lui pardonner, ouais. S'il ne t'avait pas laissé. Tu n'as rien à faire là. Tu siffles. En ce lieu. Sur cette plage. C'était à vous. C'était votre endroit. Et il est simplement devenu le tien. Parce que Rafe s'est écarté du paysage. Parce qu'il a décidé de s'en aller. Une bouffée que tu viens tirer sur le joint. Pas d'alcool, mais tu t'autorises un peu d'herbe. C'est comme ça. Tu ne peux pas oublier tout tes vices. Ils sont ancrés en toi depuis bien trop longtemps.

la solitude n'est pas longue, puisqu'il y a bientôt cette silhouette que tu repères au loin, que tu n'avais pas vue avant. fantôme du passé, souvenirs d'une relation pour laquelle tu aurais tout donner, malgré tout ce qu'elle engageait.
malgré cette différence d'âge.
malgré ton statut de professeur, le sien d'élève.
t'en savais rien à foutre de tout ça.
c'était beau, agréable. et t'es conscient que c'est toi qui as foutu le truc en l'air, en t'énervant, en laissant tes doigts rencontrer sa joue. cette peur de devenir un mec mauvais pour la belle brune.

qu'est-ce que tu fiches ici ? tu hausses les épaules, enfonces tes doigts au fond de tes poches. tu n'en sais rien. je me perds, sans doute. tu réponds en relevant un peu la tête en direction de monroe. douce monre, qui te manque terriblement, quand tu y penses.
et tu t'en es voulu plus d'une fois, quand en france, aux côtés de la mère de ton fils, c'est parfois à cette vie que tu pensais, quand tout le monde était paisiblement endormis, que tu la serrais dans tes bras. tu l'es p'être devenu, ce connard que tu fuyais, t'en sais rien. tu n'as rien à faire là. sans doute qu'elle à raison. sans doute que tu n'as pas le droit de revenir ici. c'était votre coin, ouais. tu observes la brune, un joint entre les lèvres.

qu'est-ce que tu veux que je te dise ? tu réponds à la jeune femme. un soupir t'échappe, tu hausses les épaules. tu savais que tu allais la revoir, en revenant. tu t'en doutais. elle n'allait pas quitter hill head, elle n'allait pas quitter sa famille. tu te mords l'intérieur de la joue. j'pourrais m'excuser, mais est-ce que ça servirait à quelque chose, monroe ? on sait tous les deux que non. tu ajoutes. mais je suis désolé. d'avoir pris les voiles comme ça. d'avoir été lâche, d'avoir pris peur. tu n'en sais trop rien, au fond. un soupir t'échappe.
tu voulais simplement la protéger.
mais sans doute que tu t'es contenté de tout empirer.

tes doigts glissent dans tes cheveux, et s'échouent dans ta nuque. tu ne sais pas franchement quoi lui dire, bordel. elle t'as toujours fait ça, monroe. te faire te sentir tout petit face à une femme avec un tel caractère. et bordel, elle t'a manquée, tellement manquée, ces dix dernières années.

Tu aurais tout donné pour lui. Pour Raphaël. De toute façon, il a tout eu. Ton coeur. Ton corps. Ta pudeur et ton innocence. Dans ses bras, tu es devenue une femme. Malgré les interdits. Malgré cet amour que tu n'aurais jamais dû lui porter. C'était plus fort que toi. Plus fort que tout. Parce que lorsque tu étais dans ses bras, plus rien ne comptait.
Et à l'heure actuelle, plus rien ne compte.
Le monde pourrait s'écrouler.

Mais tu es sur la défensive. Parce que c'est dans ton caractère. Parce que tu as besoin de te protéger. De cette manière là, peut-être pas la meilleure. Tu as tenté de l'oublier, Raphaël. A de nombreuses reprises. Dans les bras d'autres hommes, la plupart du temps. Mais tu as échoué. Bien trop souvent. Même dix ans après. Même après l'avoir détesté autant que tu l'as aimé. Il t'arrive encore de penser à lui. Il t'arrive encore de rêvasser à ce qu'aurait pu être votre avenir. Quelque chose de mieux. Bien plus beau que celui qui te tend les bras à présent. T'as besoin d'une boussole ? D'une carte ou d'un GPS ? Tu l'assailles. Tu ne veux pas de lui ici. Tu ne veux pas de lui dans ce lieu. Ni même dans ta vie. C'est bien suffisamment compliqué comme ça. Ça fait bien assez mal sans qu'il en rajoute une couche.

J'en veux pas, de tes excuses. Il ne les pense même pas. Tu en es persuadée. Une dernière latte puis tu viens écraser le joint dans l'herbe. Ton regard qui le fuit. Ton regard qui n'ose se poser à nouveau sur lui. Qu'est-ce que tu es devenu, Rafe ? Pourquoi tu m'as fais ça ? Un soupire vient franchir tes lippes. Tes iris rivés sur les vagues qui s'écrasent contre les rochers. T'es qu'un lâche. Tu balances. Presque naturellement. Comme un compliment qui aurait pu franchir tes lippes. Comme un tu m'as tellement manqué qui traduirait tes pensées. Tu crois quoi ? Que des excuses peuvent suffirent ? Que ça va effacer le fait que tu m'as abandonné comme une merde ? Sans aucune explication, sans un au revoir. Tu craches presque. Ton visage qui se tourne finalement vers lui. La colère traduite par les traits de ton visage. Tu penses que j'vais oublier toutes ces nuits où je t'ai pleuré ? Il doit le savoir, Rafe. Que tu as versé un flot de larmes pour lui. Que tu as hurlé son nom sur cette plage. Que tu as détesté tout ceux qui t'entouraient pour son départ. Il te connait assez pour savoir quelle réaction tu as pu avoir. Le coeur déchiré. En miettes. Piétiné. T'es qu'un con.

Pourquoi, Rafe ? Pourquoi tu m'as fais ça ? Ne m'aimais-tu pas autant que je le pensais ?

tu aimerais la prendre dans tes bras, lui dire combien tu es désolé, combien tu as douté, combien tu as voulu revenir. mais tu ne pouvais pas, tu ne voulais pas lui faire plus mal encore, blessure qui aurait du s'estomper avec les années, se refermer petit à petit.
mais t'as bien merdé, quand on y pense.

t'as besoin d'une boussole ? d'une carte ou d'un GPS ? tu te pinces les lèvres, soupirant longuement, haussant un peu les épaules face à la jeune femme. tu l'as bien mérité. ouais. tu mérites de subir son comportement. j'en veux pas, de tes excuses. tu secoues la tête de gauche à droite, enfonçant tes mains dans tes poches, soupirant un peu et haussant les épaules. tu soupires un peu, ne sais pas quoi ajouter, quoi dire. quoi lui dire, surtout. t'es qu'un lâche. tu soupires un peu. sans doute, oui. tu réponds simplement, sans te voiler la face. tu ne pensais pas croiser la jeune femme ce soir. pas du tout. tu te mords l'intérieur de la joue.

tu crois quoi ? que des excuses peuvent suffirent ? que ça va effacer le fait que tu m'as abandonné comme une merde ? sans aucune explication, sans un au revoir. tu penses que j'vais oublier toutes ces nuits où je t'ai pleuré ? tu te pinces les lèvres un instant. tu le sais. sans le savoir, tu le sais. parce que tu la connais monroe, tu la connais trop, trop bien. tu soupires un peu. je ne te demande pas de les oublier. tu te contentes de souffler. t'es qu'un con.

elle a raison. encore une fois. tu soupires un peu en t'avances de quelques pas, haussant un peu les épaules et te mordant l'intérieur de la joue. qu'est-ce que tu veux que j'te dise, monroe ? que j'ai flippé ? que c'était la première fois d'ma vie que je levais la main sur quelqu'un et que j'ai eu peur de recommencer ? de plus supporter de voir quelqu'un t'approcher ? tu soupires longuement. tu sais bien qu'elle doit s'en foutre de tout ça, de toutes les excuses du monde. ne pense pas que ça ne m'a pas affecté, monroe. pense ce que tu veux, mais pas ça. tu souffles face à la jeune femme, glissant une main dans tes cheveux.
tu ferais mieux de partir.
de la laisser tranquille.
une bonne fois pour toute.

Tu n'étais pas prête à ça, Monroe. A le revoir un jour. A pouvoir être si proche de lui. Mais tellement éloignée à la fois. Parce que dix années se sont écoulées. Parce qu'une décennie vous sépare, à présent. Il a changé, Raphaël. Peut-être a-t-il les traits plus tirés qu'à l'époque. Le visage fatigué. Le coeur marqué. Et toi, tu n'es plus cette gamine qu'il a quitté. L'enfant au grand coeur. Celle qui se serait jetée à ses pieds.
Pourtant.
Pourtant.
Tu en es encore capable.

Mais le ton est dur. Les retrouvailles, beaucoup moins douces que celles que tu avais imaginé. Celle que tu avais espéré. Parce que tu as espéré, Monroe. Pendant de nombreux mois, de nombreuses années. Il revenait, Rafe. Et toutes ces merdes auraient été oubliées. Pourtant, le temps n'a rien effacé. Cette souffrance qui s'est immiscée. Le coeur brisé, impossible à recoller. La cicatrice encore fragile. Prête à s'ouvrir. Prête à craquer. Les poings serrés. L'insulter, le dénigrer. Faire comme s'il ne te méritait pas. Faire comme si tu ne l'avais jamais aimé.

Tu n'es qu'un égoïste. Tu craches, détournant tes yeux de lui. C'est donc pour ça. Pour ces raisons là qu'il est partit. Pour toi ? Pour te protéger ? Ça te donne envie de rire. Non, pire. Ça te donne envie de vomir. Où est-ce le petit être en toi qui ne supporte pas cet ascenseur émotionnel ? Est-ce que tu t'es juste une fois demandé ce que moi j'voulais ? Tu te retournes. Furieuse. Tu viens te lever pour finalement lui faire face. La distance se creuse encore un peu plus. Vos corps se rapprochent et tu peux sentir son odeur. Ce parfum resté le même. Celui que tu as gardé à l'esprit pendant toutes ces années. Les poings serrés, la colère fait toujours rage en toi. Tempête dévastatrice. Une bombe qui menace d'imploser. J'aurai pu accepté tout ça, Rafe. Les coups, les crises de jalousie. Oui, tu aurais pu encaisser tout ça.

Tu le fais bien assez aujourd'hui. Pour d'autres qui comptent moins que lui.

Tu as décidé à ma place. Tu as préféré fuir plutôt que d'affronter une difficulté. J'pensais qu'on était plus fort que ça, Rafe. Le ton ne s'adoucit pas. La rancoeur est toujours là. J'te déteste. Pour ça, pour tout. Pour cette vie que tu mènes. Il était ton rayon de soleil. Celui qui allait te sortir de toute cette merde. Au lieu de ça, inconsciemment, il t'a enfoncée. Encore un peu plus.
Mais tu l'aimes encore, Monroe.
Autant que tu le hais.
Tu l'aimes.

tu n'aurais sans doute pas dû partir, c'est vrai. mais à l'époque, t'étais un peu moins réfléchis que maintenant, elle te rendait plus jeune monroe, malgré la trentaine fêtée et froissée dans vos draps. t'avais pas l'impression que les années étaient passées comme ça. et t'as pris peur. comme un gosse, un gamin qui aime pour la première fois.
sans doute qu'ouais, monroe, ça a été la première relation,
celle qui a vraiment compté.

et t'as rien trouvé de mieux que de tout foutre en l'air.

tu n'es qu'un égoïste. tu te pinces brièvement les lèvres. elle a sans doute raison, monroe. c'est même certain, t'as été égoïste, sur ce coup. et tu l'as été encore plus dans ta nouvelle relation. (celle ou tu n'as jamais réellement cessé de penser à monroe.) est-ce que tu t'es juste une fois demandé ce que moi j'voulais ? j'aurais pu accepté tout ça, rafe. tu secoues la tête de gauche à droite, lentement, longuement. tu n'en sais rien. pas moi. tu te contentes de répondre. t'aurais pas supporter de devenir ce genre de mec. et la brune, tu l'aimais si fort, que t'aurais pas pu agir autrement, ne pas vouloir l'avoir pour toi tout seul. c'était impensable.

tu as décidé à ma place. tu as préféré fuir plutôt que d'affronter une difficulté. j'te déteste. si tu savais à quel point je me suis détesté aussi. tu fermes les yeux un court instant, les mains au fond de tes poches, secouant un peu la tête. tu dis ça comme si ça avait été une décision facile à prendre. tu souffles en l'observant. comment t'aurais réagit en te rendant compte que tu devenais toxique pour quelqu'un ? tu te contentes de demander, n'attendant pas pour autant de réponses. un soupir t'échappe et tu hausses un peu les épaules, las de cette situation. tu aurais sans doute mieux fait de rester à la maison.
cette discussion est stérile. parce qu'elle ne veut sans doute plus te voir, qu'elle se fiche sans doute de ce que tu as à dire, de ce que tu penses. de l'amour que tu lui portes encore, malgré toutes ces années.

Raphaël, il est le seul à avoir éveiller tes sens de cette manière. Le seul qui a autant fait battre ton coeur. Ce coeur meurtri. Brisé par les années. Piétiné par ceux que tu as voulu aimer. Tout ceux qui se sont succédés après Rafe. Dans ces bras où tu as souhaité l'oublier. Tourner la page, ça t'est toujours paru impossible. Irréalisable. Comme si Raphaël t'avait marqué. A vie. Pour toujours. Alors, c'est sûrement pour cette raison là que tu le mitrailles de reproches. Pour ne pas montrer cette faiblesse qui t'habite. Pour ne pas lui montrer à quel point il t'a détruit. Cette putain de fierté. Ce besoin de faire croire que tu es forte. Bien plus que tu ne l'es.

A sa réponse, tu secoues doucement la tête. Il ne comprend pas. Il ne t'écoute pas. Ça a toujours été le cas. Ça n'a pas changé avec les années. Sa jalousie, sa possessivité. Tu aurais pu vivre avec ça, Monroe. Tu aurais pu encaisser les disputes, les coups et les bruits des verres brisés. Rien ne t'important plus que Rafe. Pas même une vie désordonnée. Pas même cette toxicité qui s'était installée. Est-ce que ça avait été facile pour lui ? Probablement pas. Mais il l'avait fait. Et pour toi, ses excuses ne valent rien. Alors, un rire vient franchir tes lippes. T'es sérieux ? Ça n'a rien de drôle. Ça n'a rien d'amusant. Cette conversation. Ces retrouvailles amers. Notre relation est devenue toxique au moment même où nos regards se sont croisés. Et c'est peu dire. Le professeur et l'élève. Cette relation interdite. Vouée à l'échec. Je t'es été toxique dès lors que tu as commencé à t'attacher à moi. Tu n'étais qu'une enfant. Encore mineure. Bien plus jeune qu'à l'époque. Le poids de la vie que tu portais sur tes épaules. Une gamine sur le papier. Déjà une femme, en réalité. On connaissait les risques. On savait qu'il y allait avoir ce fossé entre nous. L'âge, nos conditions de vie, nos caractères. Ta voix reste forte. Dure. Impardonnable. Et pourtant, je ne t'ai pas quitté. Est-ce que ça faisait de toi une égoïste ? Prête à mettre sa carrière en péril pour l'amour qu'il te portait ? Prête à le voir se faire mettre en prison pour cette relation qui n'était pas anodine. Peut-être.

tu aurais dû partir quand tu as remarqué la silhouette de la brune.
tu aurais dû lui foutre la paix, même ne jamais revenir, en réalité.
un petit soupir t'échappe, et tu glisses tes doigts dans tes cheveux.
elle a toujours mérité mieux que toi, monroe. un mec de son âge, capable de l'aimer sans péter un câble. parce que t'étais en train de le faire. tu l'aimais trop, monroe. tu l'aimes trop, ça te reviens à la gueule de l'avoir en face de toi. tu te mords l'intérieur de la joue un court instant.

t'es sérieux ? notre relation est devenue toxique au moment même ou nos regards se sont croisés. tu l'observes de longues secondes. silencieux. je t'es été toxique dés lors que tu as commencé à t'attacher à moi. oui, ça, c'est certain. parce qu'elle était encore une enfant et que t'étais un adulte. responsable. t'étais son professeur, à l'époque. et ça, c'est sans doute le pire de tous. tu te pinces les lèvres. alors quoi ? on aurait mieux fait de jamais s'approcher ? remonte pas aussi loin, monroe, c'est ridicule. tu souffles dans un soupir, secouant la tête. on connaissait les risques. on savait qu'il y allait avoir ce fossé entre nous. l'âge, nos conditions de vie, nos caractères. et pourtant, je ne t'ai pas quitté. tu secoues la tête de gauche à droite.
tu t'éloignes un peu, te tournant vers l'océan, restant silencieux de longues secondes. et un soupir t'échappes finalement. ouais, y'avait un fossé entre nous. mais ça, on le savait très bien, monroe. j'étais conscient que j'pouvais terminer en taule. tu soupires un peu. mais si j'avais su que j'allais me sentir capable de vouloir frapper chaque mec te regardant et vouloir t'enfermer à la maison, alors je t'aurais jamais approché, monroe. tu ajoutes en te mordant l'intérieur de la joue, soupirant un peu et glissant une main dans tes cheveux. cette discussion ne sert à rien.

tu soupires une nouvelle fois, te tournant vers la brune.
et tu l'observes, de longues secondes.
qu'est-ce qu'elle est belle, monroe. tu l'as laissée t'échapper,
à tout jamais, en partant.
je ferais mieux de te laisser tranquille. tu souffles finalement.

Tu ne veux pas entendre tout ça, Monroe. Ses excuses. Ses raisons. Ce qu'il a à te dire. Tu n'as pas besoin de ça. C'est bien trop dur. Ça remonte bien trop de souvenirs. Ceux que tu tentes d'oublier depuis tellement d'années. Ce couple instable. Ce couple heureux que vous étiez. Tu aurais voulu tout lui donner, à Raphaël. Tu aurais voulu que cette relation ne s'arrête jamais. Ton premier amour. Ton seul et unique amour.

Peut-être, ouais. Peut-être qu'on aurait mieux fait de ne jamais se rencontrer. Ça vous aurait évité tout ce drame. Toutes ces larmes. Toutes ces engueulades. Ça aurait empêché cet amour de naître entre vous. Cette relation irraisonnable, invraisemblable de se tisser. Tu n'aurais pas tant souffert. Et lui non plus. Pourtant, tu n'arrives pas à croire à tes paroles. Ces années de bonheur que tu as vécu à ses côtés. Ces années d'amour qu'il t'a offert. Au fond, tu ne les regrettes pas. Bien au contraire. Son souvenir te garde vivante. Son souvenir t'aide à traverser les épreuves qui te tombent sur le coin du nez. Tu n'as aucun regret. Aucune envie d'oublier ces instants passés.

S'il savait, Rafe. Ce que tu es devenue depuis son départ. S'il savait comme tu as changé. Le nombre d'hommes qui t'ont épuisée. Tu soupires simplement. Finalement, tu commences à comprendre. Finalement, peut-être que tu aurais fais la même chose. A sa place. Pourtant, tu es encore incapable de lui pardonner. Ouais. C'est ce que tu fais de mieux, de toute façon. Partir. Et sans le regarder, tu viens retrouver ta place. L'herbe, le sac où tu cherches de quoi te rouler un autre joint. Tes iris qui l'évitent. Tu serais capable de le retenir si tes yeux venaient à se poser sur lui.
Adieu, Rafe.