(jagger) it's where my demons hide.

we are products of our past but we
don't have to be prisoners of it

La mer lui semble fade lorsqu'il la voit s'échouer sur ce paysage nuancé de gris. L'hiver et sa grisaille commencent à devenir de moins en moins supportables. Il avait prévu de passer une bonne journée sur les galets malgré le froid. Il lui a promis de bien la couvrir mais ce n'était pas suffisant. Rien n'est jamais suffisant lorsqu'il s'agit de leur enfant.
Le regard de son épouse plane encore au dessus de lui d'un manteau diaphane. Il a la sensation d'être tombé dans du pétrole depuis qu'Alabama lui a insidieusement interdit de conduire sa fille sur les longues plages de Hill Head. Le vent est frais mais pour la saison, la journée est belle. De ce genre à mettre le nez dehors et profiter un peu du soleil ; surtout pour une gosse.
Et pourtant, le voilà, errant, seul, une cigarette entre les lèvres et les bras aussi vides que son cœur. Ce qui ne se purge jamais par contre, c'est sa tête, continuellement pleine des affaires, de sa famille et de ses fantômes. Hier il a croisé Keanu et le regard stérile que lui a offert le flic lui a donné l'impression d'être emballé sous vide. Depuis il fait avec. La sensation est étrange. Elle est entêtante, comme une musique que l'on déteste mais qui ne s'arrête jamais de tourner.

Il pensait que la mer serait capable de le calmer. Petit, le déchaînement des vagues l'aidait à jeter à l'eau tout ce dont il n'avait plus besoin. Maintenant qu'il est adulte, ses instincts de survie sont si développés qu'ils ne laissent plus rien s'échapper. Son âme est devenue possessive avec ses démons, ne leur accorde plus le droit de partir et de revenir à leur guise ; tous sont enchaînés dans un coin de sa tête, leur sanctuaire.

Sa silhouette continue sa lancée le long du bord de plage. De temps à autre, il lui faut reculer machinalement pour ne pas se recevoir des gouttes d'eau sur les chevilles. Certaines sont plus malines que d'autres et parviennent à mouiller son jean. En flanquant sa main dans sa poche pour sortir une autre clope avant que celle qu'il a dans la gueule soit terminée, Richie remarque qu'il est plus saoul qu'il ne le croyait. Il s'est arrêté à un bar avant de venir. Il s'est dit qu'un verre ferait l'affaire pour supporter le reste de la journée mais s'est laissé surprendre par d'autres. Sa rancœur lui souffle machinalement que ce n'est pas de sa faute, qu'Alabama fait juste mal son job mais un coup d’œil sur l'horizon et cette pensée se délite.
Il a en horreur de tenir les autres responsables de sa propre solitude. Lui est le seul responsable, à ne pas savoir parler, s'adresser correctement à celle qui partage sa vie pour tenter une entreprise de sauvetage.

Son regard balaye grossièrement les environs avant de se laisser tomber dans le sable humide. Son pantalon s'imbibe vite mais qui le remarquera ? Il a pris soin de venir ici pour être certain de décuver seul.
L'isolement est un cercle vicieux, il ne laisse personne approcher ses proies car tout contact est potentiellement dangereux. C'est pour lui qu'elles perdent leurs repères et refusent d'en trouver de nouveaux.
Pour lui que d'autres se retrouvent en état d'ébriété à dix-sept heures de l'après-midi sur une plage déserte et glacée.
Richie est l'une de ses victimes.
Pathétique.

Gamine qui rigole avec ses amis cachant son mal être, gamine qui croit encore que l'avenir lui réserve des bonnes surprises. Gamine qui rigole plus, qui est dans ses pensées, qui repense à l'accident. Jagger elle parle même plus les yeux plongée dans le ciel qui s'éparpille dans des millions de bleus. Ils remarquent son absence, alors il lui donne des coups dans le ventre pour la faire sortir de sa torpeur. Jagger elle sursaute puis rigole cachant à travers un sourire les larmes qui doucement perlent sur ses joues comme des millions de goutes d'eau. Ils remarquent pas les larmes trop occupés à parler du dernier téléphone à la mode ou du dernier jeans que Kim Kardashian à porter lors de sa venue en France. Jag' elle attrape son sac et saute du banc sans se retourner, elle part vers un autre horizon moins sombre enfin si cela existe.

Jagger elle marche écouteurs dans les oreilles, elle marche sans trop savoir où elle va par contre, la môme elle sait où elle ne veut pas aller. Elle refuse de rentrer chez elle, de voir sa mère, refuse les discussion qu'elle lui impose, refuse de sourire à cette génétrice à qui elle en veut. La vie est mal faite, elle aurait voulu naître ailleurs, dans un autre monde ou tout simplement ne pas naître pour ne pas subir des conneries.

la plage quel endroit merveilleux, ce sable fin, les vagues qui cognent contre les rochers et cette vue qui s'étend. Doucement la môme elle retire ses chaussures et ses chaussettes pour profiter de la chaleur du sable, elle marche toujours écouteurs dans les oreilles sans faire attention aux gens autour, s'approchant de l'eau pour mieux sombrer. Elle met les pieds dans l'eau quand son regard s'attarde sur un homme allongé sur le sable, la môme elle s'inquiète rapidement c'est dans son sang de faire attention aux autres. DOucement elle s'approche de lui avant de soupirer encore un alcoolique pense t'elle. Elle prend place pas loin de cet homme mais assez pour avoir courir si c'était un fou. Ses yeux se posent sur l'horizon "Tout va bien monsieur ? Je veux dire il est tôt pour être dans un état pareil". Sourire en coin, cet homme allait prendre dans sa face, la mauvaise humeur qu'elle avait engrangéé en elle. Ses yeux se posérent à l'endroit où le pantalon était inbibé, sourire moqueur sur le visage. La bienfaitrice ne l'ai plus, elle est devenu un démon en quette d'une proie pour la faire souffrir, cette proie c'était lui! Si seulement la gamine savait que cet homme n'était pas comme tous les autres. Montrant du doigt la tache sans savoir ce que c'était elle rigola "A votre âge ? Vous savez il existe des couches". Jagger elle cherche de l'attention, elle cheche quelqu'un qui pourrait la guider dans ce monde. Jagger c'est une gamine perdue dans un monde d'adultes, un monde qu'elle ne comprend plus alors il va prendre. Oui il va prendre ses moqueries, ses insultes mais aussi ses peines, ses larmes et ses cris. Pauvre Richie il aurait jamais du prendre place sur cette place. Jagger elle chercha dans son sac une clope qu'elle alluma avant de reposer ses yeux sur les vagues, elle voudrait se perdre dans les vagues pour ne jamais revenir

@Richie Mercury

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La chape de plomb qui s'est posée au dessus de la mer se soulève lorsqu'une gamine casse l'horizon de sa silhouette. Richie fronce les sourcils, se fait petit sans le vouloir. Il se dit que s'il bouge pas, que s'il respire à peine, cette môme partira aussi vite qu'elle est venue.
Sa tête se tourne légèrement pour être certain que personne ne l'accompagne. Manquerait plus qu'une armée de gamins viennent courir autour de lui et l'emmerder dans sa gueule de bois.
Les gosses, il n'aime que la sienne. Les autres le mettent mal à l'aise, le fatiguent vite, comme s'ils lui pompaient toute l'énergie. Contrairement à l'univers qui l'entoure, il a décidé lui-même de vouloir supporter les cris de son enfant. Jolie, sa douceur de trois ans ; seule capable de calmer ses nerfs lorsqu'il ne se sent plus apte d'assurer sur tous les points de sa vie. Un soupir quitte ses lèvres mais le vent l'aspire, masque le bruit que son agacement peut faire dans la fraîcheur de la plage. La gosse vient s'asseoir à quelques mètres. Il a envie de l'envoyer chier, de sortir son arme calée sous sa veste pour lui montrer de quoi il est capable.
Ce que l'alcool peut te rendre con Richie ...
Il ressemble à son père, sans patience, plein d'histoires et de mauvaises ondes. Son regard noir se tourne vers la môme. Les traits de son visage ont quelque chose. La faute à la mer grise qui reflète sur toute la plage sa mélancolie. Est-ce qu'il est le seul dans cet état ? A moins que toute la ville soit soudainement tombée dans cette transe. Les jours avec et les mois sans. Il commence à les connaître, après les avoir accumulés dans un coin de sa tête. Il entend encore les cris d'Alabama le secouer lorsque l'adolescent se fout de lui, de son pantalon humide, de sa gueule de déterrée.

Elle lui rappelle qu'il est tôt. Qu'il a une sale gueule. Il doit faire pitié pour qu'elle s'attarde sur lui et se sent piqué au vif. Son ego se débat, cet espèce de connard pas capable de supporter la critique ou qu'on lui pointe du doigt ses erreurs. Richie pourrait même pas te dire que c'est faux, il pue l'alcool. Il a aussi le teint des types qui en ont gros sur la patate. Tu peux en faire des frites de son ras-le-bol tellement qu'il est incrusté en lui. Même respirer lui fait penser qu'encore une fois, il n'aura pas le droit de border sa petite Jolie, farouchement protégée par une Alabama prête à en découdre. Si elle accepte de le laisser la souiller, elle ne lui autorise pas d'entacher son rôle de mère.

Richie voudrait se redresser, se tirer de là mais n'est même pas certain que ses jambes suivront. Alors, comme toujours, il se dit que rien n'est là par hasard. A mon âge ? Je fais si vieux que ça ? Sa voix est froide, presque accusatrice. L'animal n'aime pas qu'on le prenne de court. Il la regarde s'agiter, se sortir une clope en fixant la mer de ce regard qu'il connaît trop bien pour ne pas le remarquer. Ce sont les pupilles qui te donnent une vue plongeante sur toutes tes failles, tes échecs et tes regrets. Est-ce qu'elle est comme lui, à venir déverser ce dont elle ne veut plus dans l'eau glacée ?
Sa voix brise à nouveau le vent.
Tu m'en files une ?
Sa façon à lui de dire qu'il accepte sa présence, qu'il va arrêter d'être désagréable.