just give me a reason. (irja)

Elle te hante. Jour et nuit. Tes pensées vont vers elle. Bien trop souvent. Plus que tu ne le voudrais. Son prénom comme banni des conversations. L'énoncé en est presque devenu interdit. Une loi silencieuse, jamais prononcée. Par respect pour chacun. Par respect pour ne pas remuer les souvenirs. La plaie n'est pas refermée. Elle ne le sera sans doute jamais. L'abandon, ta peur, ton angoisse. Être sans elle. Ce trou qu'elle a laissé dans ta vie. Dans ton coeur. Ta meilleure amie, ton unique amie. Elle a disparu. Du jour au lendemain. Sans jamais donner un signe de vie. Comme si rien n'avait compté. Ça n'a jamais eu d'importance. Et toi, tu t'efforces de l'oublier. L'effacer de ta vie. Tourner la page. C'est sans compter sur ton subconscient. Elle hante certaines de tes nuits. Elle te manque. Mais tu es bien trop fière pour l'avouer.

Le corps encore endormi. Ton réveil sonne, te tire de ce rêve qui te paraissait tellement réel. Ils était mariés. Heureux. Toi et Chris comme témoins. Épanouis dans cette relation malsaine installée depuis tant d'années. Il est déjà treize heures et tu as l'impression de ne pas avoir dormi. Un rythme inversé. Dormir le jour et vivre la nuit. C'est la vie que tu as choisi de mené. Quelques minutes sur ton téléphone avant de finalement te lever. Tu as encore quelques heures devant toi avant de te rendre au Red Lion. Une routine quotidienne. Pimentée par certaines intrigues, parfois. Une vie que tu peux qualifier de banale, à présent. Bien plus calme mais agrémentée de surprise. La cuisine, le café qui s'écoule dans la tasse et la sonnette qui vient te troubler. Tu n'attends personne. Et tout le monde sait qu'il n'est pas bon de s'inviter chez toi. Un soupire, et tu te diriges lourdement vers la porte.

Iris ? Tu couines presque. Le prénom s'échappe. Celui qu'il ne faut pas prononcer. Il n'y a pas d'hésitation. Aucune. Elle est maigre. Bien plus que la dernière fois. Mais ses yeux, son odeur, tu ne peux les oublier. Ton coeur manque un battement. L'hésitation prend deux secondes. L'enlacer, lui dire à quel point elle t'a manqué. Ou lui coller ta main sur ta joue. Laisser des traces sur sa peau. De la même manière qu'elle a marqué ton coeur en t'abandonnant. Elle sait, Iris. Elle sait que tu tolères mal d'être seule. D'être sans elle. Et pourtant, elle t'a laissée. Comme une merde. Comme tout les autres. J'vois que t'as retrouvé le chemin de la maison. T'étais où, Iris ? Pourquoi tu nous as laissé ? Tu te pousses de l'entrée, la laisse pénétrer dans le loft. Tu lui en veux. Oh ça oui. Mais finalement, elle est ta soeur. Qu'est-ce que tu m'veux ? Tu t'éloignes, restes froide et viens finalement récupérer ta tasse dans la cuisine.