( sous mon sein la grenade )

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romy wilson

Suis-moi dans la ville blafarde

nom, prénom(s) ◇ les femmes wilson. connues en ville, depuis plusieurs générations. des gênes qui respirent l’indépendance, le féminisme et les oestrogènes. une honte qu’elle portait plus jeune car elle ne se reconnaissait pas dans cet héritage puis maintenant elle aborde ce nom avec fierté, la tête haute. romy, prénom hommage à son arrière arrière grand mère. pionnière à hill head. âge, lieu de naissance ◇ la vingtaine dépassée. la trentaine qui s’approche à grands pas. l’angoisse de souffler ces bougies supplémentaires. l’incertitude de cet avenir qui se profile. vingt sept ans aujourd’hui qu’elle est née à l’hôpital de hill head. elle est une fille du pays. origines, nationalité ◇ pas d’ambiguïté. pas de question à se poser. elle est anglaise, une pure souche. statut civil, orientation ◇ presque en couple, pas très loin de l’être mais en même temps pas vraiment. c’est flou dans sa tête. mais elle ne cherche pas à répondre aux questions trop sérieuses. elle est bisexuelle, romy mais elle n’a que des relations plus ou moins sérieuses avec des hommes. les corps féminins sont davantage pour le plaisir d’une nuit. occupation ◇ elle travaille de chez elle, romy. elle est graphiste à son compte, elle bosse sur son ordinateur la journée et le soir, elle bascule chez les kelev en tant que trésorière. une femme dans ce monde de brutes. une femme pour les amadouer, une femme pour aller chercher les nouveaux clients, une femme pour cacher facilement tout le bordel qui se cache derrière ce nom. en ville depuis ◇ toujours. comme toutes les femmes wilson. naissance, premier baiser, première relation, première colère. tout s’est passé à hill head. traits de caractères ◇ intelligente, froide, indépendante, jalouse, revancharde, sportive, colérique, curieuse, solitaire, casse-cou, créative, mystérieuse. groupe ◇ fighting. avatar, crédits ◇ suki waterhouse.

un. rouge sang, le rouge à lèvres. toujours. prendre le temps de bien l'appliquer. un geste quotidien. patience, délicatesse et juste mesure. il est l'élément qui fait de romy une wilson. une vraie. certains apprennent l'histoire de leur famille ou même d'où vient leur nom. chez les wilson, on apprend de mère en fille à choisir le rouge à lèvres qui arrivera à vous mettre en valeur dans n'importe quelle situation. que ce soit pour séduire, tricher, mentir ou juste pour aller faire ses courses. l'élégance et la réputation se font sur la marque et la couleur du rouge à lèvres. chanel rouge allure 99 pirate. c'est la signature de romy. depuis ses treize ans jusqu'à sa mort. deux. romy, elle n'a jamais été très famille. petite, elle ne comprenait pas pourquoi le mot amour était banni de la maison. elle a toujours eu un côté romantique et fleur bleue. probablement à cause des livres et des films dont elle se gavait. une honte pour sa mère. alors romy, elle n'a rien dit. elle a toujours acquiescé quand elle entendait ses soeurs dire qu'elles ne voulaient jamais se marier. c'était ce qu'il fallait dire pour être une wilson. alors romy, elle a joué le jeu. jusqu'à ce que ses rêves de petite fille aient une chance de voir le jour. trois. romy, elle dessine pour s'évader. elle a commencé à l'âge de trois ans. un crayon à papier et une feuille blanche. échappatoire indispensable à cette pression familiale. trop d'attentes sur la petite dernière de la famille. trop de valeurs inculquées. indépendance, féminisme, revendications. romy, elle voulait juste dessiner. imaginer un autre monde. un de ceux où elle aurait une maman et un papa comme olivia, sa copine. un où elle pourrait faire un bisou sur la joue de ronald parce-qu'il l'a fait rire quand il fait des drôles de bruit avec sa bouche. un monde bien loin du sien. là où sa maman pourrait lui faire des câlins en lui caressant les cheveux. sauf que romy, elle a eu une maman qui passait ses samedi dehors avec une pancarte à la main et de la peinture sur les joues. "c'est pour toi que je fais ça romy. pour ton futur" qu'elle disait. mais romy, elle voulait juste une maman plus présente. pas qu'elle aille défendre son futur. alors romy elle a fait du dessin un bout de sa carrière. elle est graphiste la journée. elle répond à des petites annonces sur internet et elle créé. des logos, des plaquettes, des affiches. sur les bienfaits du nouveau lubrifiant de la marque durex, sur les valeurs nutritionnelles d'un plat surgelé ou les règles d'utilisation d'une trottinette à trois roues. tout y passe. et elle adore cette facette de sa vie. créative, calme et contrôlable. quatre. il y a un avant et un après le mariage avorté. avant, romy était douce, réveuse et prête à se lancer dans cette nouvelle vie purement traditionnelle. elle voulait le pack complet. le mari, les deux gosses et demi, le chien et la maison avec jardin. elle voulait de l'ordinaire. elle voulait tout ce que les femmes wilson rejettent. et elle s'est mise à dos tout le monde. plus aucune wilson ne lui a adressé la parole à partir du moment où romy a crié qu'elle allait se marier, qu'elles le veuillent ou non. alors romy elle était seule à la mairie. la seule wilson présente. seule au moment où elle a dû retirer sa bague de fiançailles de son doigt. seule pour lui balancer à la gueule. seule pour se rendre compte qu'elle avait été bien conne de croire à son conte de fées. seule dans sa désillusion. alors après, romy elle est devenue celle qu'elle devait être. elle a compris pourquoi toutes les femmes de sa famille agissaient comme elles le faisaient. pourquoi elles traitaient les hommes de cette façon. parce-qu'ils ne méritent que ça. romy, elle est devenue complètement indépendante. elle a refusé de retomber amoureuse. elle a fermé son coeur pour toujours. et maintenant, elle est une femme qui sait ce qu'elle veut. plus d'homme, plus de faiblesse. cinq. romy, elle n'a pas parlé à sa mère depuis presque dix ans. l'annonce du mariage qui a été une cassure entre elles deux. deux visions différentes de la vie. une mère qui a renié sa fille car bien trop différente. romy n'était pas celle qu'elle aurait dû être. elle n'était pas digne d'être une wilson. six. romy, elle fume mais pas de façon grossière. elle tient sa cigarette du bout des lèvres avec le petit doigt légèrement relevé. gestes lents et envoûtants. imitation des françaises des années cinquante. toujours avec élégance et grâce. il ne peut en être autrement. sept. romy, elle a dû trouver un deuxième boulot. un qui paye bien, un qui paye plus régulièrement que du one shot pour faire un logo ou une affiche. elle a atterri au red lion. valeur sûre de la ville. un boulot stable pour payer son loyer et ses factures. puis une proposition pour gagner plus. alors romy, elle a signé. elle a joué le jeu. elle a mis une deuxième couche de rouge à lèvres, elle a enfilé des collants résilles et elle est partie à la conquête de ce nouveau monde. plus sombre, plus excitant, plus dangereux. romy a joué les escortes. une main sur la cuisse. des lèvres sur la mâchoire. des mots susurrés. c'était facile. huit. romy, la vipère. elle siffle beaucoup. elle ne crie que très peu. elle n'aime pas se donner en spectacle. la blonde maitrise les mots. elle sait lesquels accentuer pour faire mal. parfois un simple murmure peut blesser un égo surdimensionné. elle se renseigne, elle analyse et elle attaque avec finesse. neuf. romy, elle a toujours été un peu un garçon manqué plus jeune. sans doute dans l'unique but de s'affranchir de ces codes familiaux bien trop stricts. elle préférait jouer avec les voitures plutôt que les poupées. elle préférait monter aux arbres plutôt que parler pendant des heures des yeux de nicolas. les notions de bienséance et d'élégance ne sont arrivées que plus tard. romy, elle a été casse-cou. elle est montée sur des toits, elle a brûlé des poubelles et elle a coupé les cheveux de janine quand elle était derrière elle en classe. sans la prévenir. parce-que cette pimbêche lui avait dit qu'elle était pas normale. en grandissant, romy s'est habillée plus femme. toujours le rouge aux lèvres plaqué sur le visage. mais elle a toujours aimé l'adrénaline. alors elle regardait les courses de voitures au loin. avec envie, passion et excitation. sans jamais trop s'approcher. parce-qu'elle était trop jeune, parce-qu'elle avait l'impression de ne pas faire partie de ce monde. dix. maintenant, romy elle est une kelev. jusqu'au bout. elle ne regarde plus de loin. elle y assiste. parfois au premier rang à côté du boss, saul. mais en général, elle est dans l'ombre. ses doigts manucurés qui comptent. le fric. parfois tâché de sang. ça arrive. elle s'assure que la fortune du circuit ne faiblit pas. elle s'assure que les comptes sont bons. et quand il y a un déséquilibre, elle grince des dents. alors elle sort le petit carnet noir. indispensable, secret, mystérieux. très peu de personnes connaissent son existence. trop sacré. trop important pour le laisser trainer. les lettres qui s'enchainent. l'écriture féline de romy qui s'amuse à remplir les pages blanches. une fois votre nom inscrit, kelev vous chassera jusqu'à ce que votre dette soit payée. et tant mieux si vous y laissez votre peau.

FEVRIER 1992. naissance de romy à l'hôpital d'hill head. troisième fille de la fratrie. toujours pas de père à l'horizon. que des femmes dans la chambre. grand-mère, tante, mère et ses deux grandes soeurs. les wilson ne s'entourent pas d'hommes. jamais. enfin si, seulement pour procréer. et après, plus rien. aucun contact, aucun visage, aucun nom n'est retenu du père. il pourrait être boucher, serial killer, sans emploi. aucune information n'est divulguée. les wilson restent entre femmes.
JUIN 1997. romy rentre de l'école avec de grandes questions pour sa mère. pourquoi elle n'a pas de père ? pourquoi on ne lui en parle jamais
? pourquoi à l'école on se moque d'elle ? pourquoi aucune fille de la famille n'est mariée ? pourquoi ? pourquoi ? elle n'aura pas de réponse. enfin si. toujours la même. "on n'a pas besoin d'homme pour être heureuse, romy. tu es la seule maitresse de ton bonheur. ne laisse personne te dire le contraire." romy, elle ne comprend pas vraiment ce que ça veut dire. mais à cinq ans, elle ne cherche pas plus loin.
SEPTEMBRE 2005. choix crucial qu'est celui de choisir son rouge à lèvres. c'est une tradition familiale à laquelle romy ne déroge pas. elle est excitée. elle a envie de faire partie du club des grandes. elle jalouse ses soeurs depuis quelques années déjà. alors maintenant c'est son tour. les prunelles grandes ouvertes. les tubes s'enchainent. les essais aussi. ses lèvres s'assèchent. pas grave. elle ne partira pas sans. la vendeuse s'agace. et romy a envie de lui arracher les yeux. la pimbêche ne comprend pas l'enjeu de cet achat. mais aujourd'hui, romy elle choisit sa signature. le rouge à lèvres qu'elle portera pour toujours. c'est important. essentiel pour son futur. elle ne peut pas en choisir au hasard. ça doit être réfléchi. et une fois qu'elle le glisse sur ses lippes, elle sait. elle sait que c'est le bon. ce sera lui. à jamais.
JUILLET 2007. premier bécotage sérieux pour romy. sur la plage. avec un gars de sa classe. pas de papillons dans le ventre. juste cette curiosité de savoir ce que ça fait d'embrasser, de caresser, de toucher. même si les paroles de sa mère résonnent pas loin. "une wilson choisit quand, avec qui, comment et combien de temps. tu dois toujours être celle qui contrôle, romy. pas lui. jamais. "
OCTOBRE 2009. romy, elle tombe amoureuse. littéralement. elle tombe dans un café. elle glisse et elle se retrouve dans les bras d'un beau brun. plus vieux. probablement étudiant. et bordel qu'il est beau. à ce moment-là, elle oublie tout. être une wilson, être une femme indépendante, être celle qui contrôle, ne pas tomber amoureuse, ne pas être faible. elle le regarde et elle veut juste lui faire des gosses.
JANVIER 2010. son conte de fées elle le voulait, elle l'a. sous la forme d'une bague de fiançailles. une demande simpliste faite au nouvel an. un baiser, une longue nuit d'amour pour sceller cette décision qui a été sans doute la plus facile qu'elle ait eu à prendre jusque là. parce-que romy sait qu'il est le bon. il est l'homme de sa vie. le futur père de ses enfants. il est celui qui rompra la malédiction des wilson. romy pourra donner tort à sa mère. avec joie.
JUIN 2010. la vérité qui éclate. le coeur de romy qui s'émiette. il n'en reste plus rien. aucun souffle. aucun battement. la haine qui brûle. l'ensemble de son corps qui s'embrase. elle va en faire des morts, romy. lui. le premier. elle relève la tête. visage impassible. le tube de rouge à lèvres dans les mains. ce geste. toujours si rassurant. une nouvelle couche sur les lippes. pour se donner de la force. pour se donner plus d'assurance. elle avance dans la mairie. lui, à quelques mètres. joueur de poker. cause de son malêtre. romy, elle ne montre rien. elle s'avance. elle se tourne vers lui. elle enlève sa bague de fiancailles et lui jette au visage. "connard" qu'elle siffle violemment. et elle tourne les talons. aucune larme ne glissera sur son visage. mais une envie folle d'avoir sa mère auprès d'elle. elle aurait été prête à entendre un "je te l'avais dit". juste pour quelques minutes de réconfort.
JUIN 2013. enfin diplômée. tous ces allers-retours et ces nuits blanches pour tenir le saint graal qui consiste à une simple feuille de papier. tout cet argent dépensé pour une feuille. la tristesse. mais romy s'en fiche. elle prévoit bien de devenir une grande graphiste. peut-être même la plus grande de tous les temps. elle en fera définitivement sa carrière.
AOUT 2015. les factures s'accumulent. les dettes s'enchainent. le gouffre se rapproche. et romy, elle sait plus comment faire. alors elle cède. elle admet l'impensable. le graphisme c'est sympa mais ça paye pas des masses. adieu longue et florissante carrière. romy doit se rendre à l'évidence, elle a besoin de fric. alors elle franchit la porte du red lion, elle devient serveuse. et elle rencontre arthur. début des emmerdes.
JANVIER 2016. c'était juste pour une nuit. romy, elle n'a pas vraiment compris ce qu'il s'est passé. il était tard. cinq, six heures du matin. le club était presque vide. il était temps de tout ranger. deux grosses pattes lui ont attrapé les hanches. les billets face à elle. des yeux désireux. de plus. plus qu'une simple serveuse. plus que du lèche vitrine. alors elle a joué. romy, elle a allumé la brèche. juste pour s'amuser. parce-qu'il était éméché. parce-qu'il y avait un beau pactole à la clé. parce-qu'elle contrôlait. elle n'avait pas grand chose à perdre. alors elle l'a fait. elle a passé la nuit avec lui. en échange d'une grosse avance sur salaire. et arthur a vu rouge. probablement qu'il avait envie de laisser sa colère s'exprimer. l'ego a parlé. un nouveau business est né. les escortes ont vu le jour au red lion. romy a été pionnière. ça l'a mené à sa perte.
SEPTEMBRE 2017. l'angoisse de se retrouver seule. la peur de ne rien pouvoir faire. la pensée que c'est la fin. fin de tout. de romy surtout. une soirée qui tourne mal. un client bien trop violent, bien trop alcoolisé, bien trop possessif. il veut la voir morte. il veut l'admirer étendue sur le sol. alors romy pense qu'elle mourra dans cette salle. à moitié nue. avec son propre sang qui coule sur ses jambes et ses avant bras. le couteau qu'il tient dans sa poigne de fer. il la menace de la couper de nouveau. ce sera la neuvième fois que la lame la touche et la fait saigner. elle panique, elle suffoque. elle veut fuir. elle veut retrouver cet air qui manque dans ses poumons. elle veut retrouver le contrôle. mais c'est impossible. elle est dans un coin. les bras autour des jambes. et la grande romy wilson, la vipère, la teigneuse, est pétrifiée.
DECEMBRE 2017. romy, elle traine tous les soirs sur le circuit. elle envie les coureurs. elle parie dans sa tête. elle admire les gros bras. puis elle rejoint vite le clan. une femme parmi les hommes. du rouge à lèvres parmi les balaphres. elle reprend le dessus. elle reprend le contrôle romy. elle est la caissière, la trésorière, la picsou des kelev. celle qui s'assure que le bon nombre de billets rentre dans la fortune du clan. romy, c'est elle qui note les têtes mises à prix. son petit carnet noir, trésor sacré du circuit. les noms inscrits donnent lieu à des recherches fastidieuses et parfois à des mises à mort. parce-qu'on ne s'amuse pas avec les dettes. elles finissent toujours par être payées. et seule romy a le pouvoir de rayer votre nom de la liste. (et les quatre big boss aussi. un peu.)
DECEMBRE 2018. ça devait être une visible de routine. rien d'alarmant. la sentence est tombée. stérile. aussi simple que ça. et peut-être que maintenant qu'elle sait ça, romy aurait voulu avoir le choix. décider d'avoir des enfants ou non. pouvoir contrôler. pas subir.

☾ LES SUJETS EN COURS.
-- titre avec prénom.

☾ LES SUJETS TERMINES.
-- titre avec prénom.

☾ LES SUJETS ABANDONNES.
-- titre avec prénom.